La presse turque est unanime: Erdogan a non seulement plongé le pays dans un bourbier et donc le rêve d’un leadership régional s’est envolé , mais en plus c’est le parti au pouvoir qui est menacé de dissolution!
« Peut-on dire que le président Assad est un musulman ? » ! Des propos qui se veulent provocateurs de la part du premier ministre turc Erdogan, surtout que ce dernier les a exprimés au cours d’une cérémonie d’Iftar il y a deux jours !
Une occasion à travers laquelle il a vilipendé tant la Syrie, les Kurdes que l’Iran allant jusqu’à demander à cette dernière « de s’auto-juger avant de juger les autres » !
Ce nouvel endurcissement dans la position turque officielle n’est qu’une façade qui cache en fait son enlisement dans le bourbier syrien selon la presse turque.
Ainsi selon le quotidien turc , Hurriyet, l’expert Genkis Tchandar vilipende la politique kurde du parti au pouvoir, le parti pour la justice et le développement, soulignant que la chute libre d’Erdogan et de son parti a commencé, voire « on ne sait pas si son atterrissage sera doux ou pas ».
«Il est clair que ce qui se passe se résume en deux points : le premier c’est que le leadership de la Turquie dans la région ne peut se réaliser avec la politique kurde menée par le gouvernement aujourd'hui. Le second est que la Turquie ne peut pas ignorer l'émergence d'une nouvelle scène dans la région liée aux Kurdes-Syriens et qui aura des conséquences sur la Turquie » écrit l’expert turc.
Et de poursuivre : «Nous avons toujours averti la Turquie sur la nécessité de modifier sa politique kurde et sa politique proche-orientale. Franchement pour la première fois tout espoir à ce que le gouvernement fasse des changements a été épuisé. La nouvelle réalité ne changera pas le fait que la Turquie est confrontée à un dilemme et qu’elle est plongée dans un bourbier, qui ne lui permettra pas de réaliser un leadership régional ».
Tchandar a souligné que « cette politique ne peut pas résoudre le problème kurde, toutefois une autre conséquence risque d’avoir lieu: la dissolution progressive du parti de la justice et du développement».
Par ailleurs, le quotidien turc Melliyat a, de son côté, critiqué la politique de la Turquie envers la Syrie : « une politique communautaire » selon ses termes.
Selon le quotidien, « le gouvernement cherche à accumuler des points auprès de la communauté sunnite en adoptant une politique, à la fois, scommunautaire et antisémite. Or, nous avons commencé à en payer le prix. Peu de temps après le début des événements en Syrie, la Turquie s’est retournée contre Assad, faisant de lui son ennemi numéro un. La Turquie a commencé avec le Qatar et l'Arabie saoudite, à soutenir les adversaires de la Syrie en leur offrant matériel militaire et argent. La Turquie a tout fait pour provoquer la chute d’Assad. Elle a même tenté de persuader Washington à une intervention militaire contre la Syrie semblable à la Libye. Or, se poser en ennemi contre Assad n'est pas dans l'intérêt de la Turquie. Au contraire. La Syrie, comme la Turquie, sont des sociétés multiconfessionnelles. Il ya des Arabes, des Kurdes, des chrétiens, des alaouites et des sunnites. Malgré le régime autoritaire d'alAssad et de son père l'unité du pays était maintenue ».
Et d’ajouter : «Aujourd'hui, la Syrie est divisée. Ce qui est en soi représente un grand danger pour la Turquie. D’ailleurs, Assad a commencé à utiliser le PKK contre la Turquie. Il a fourni aux Kurdes du nord des armes lourdes. Les combattants sont venus des montagnes de Qandil vers la Syrie. Et du coup, Assad a transformé la région qui s’étend de la frontière avec l'Iran à la mer Méditerranée en une zone conflictuelle».
« Nous avons provoqué une inimitié avec Assad et pourquoi ? Il nous frappe là où cela fait mal : la question kurde. Pourquoi aider les ennemis d'al-Assad quand cela nuit à nos intérêts ? Ne me dites pas pour empêcher l'effusion du sang des Syriens car il faut en premier travailler à prévenir l'effusion de sang de notre peuple. Comme dit le dicton anglais: « Si vous cherchez à faire du bien. Commencez par votre maison ».