09-11-2024 04:38 AM Jerusalem Timing

Défections et guerre d’usure, armes de la rébellion syrienne

Défections et guerre d’usure, armes de la rébellion syrienne

L’Arabie Saoudite, le Koweït et le Qatar ont mis en place en mai un fonds de 15 milliards de dollars pour encourager des personnalités du régime à partir.

Syrie/Des insurgésLa stratégie de l'opposition syrienne consiste à encourager les désertions des membres du régime du président Bachar al-Assad et intensifier la guerre d'usure pour obtenir la chute du pouvoir, estiment des experts interrogés par l'AFP.

"L'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) a établi une stratégie consistant à priver l'ennemi de ses cadres par la défection et à l'affaiblir sur le plan militaire par une guérilla", explique l'expert Riad Kahwaji du Centre d'études militaires Inegma, basé à Dubaï.

Quelques jours après le ralliement à l'opposition du Premier ministre Riad Hijab, un porte-parole de l'ASL, Qassem Saadeddine a confirmé que "l'un des principaux axes de l'opposition pour déstabiliser le régime est d'encourager les défections".

"Après celle du Premier ministre, nous avons reçu de nombreux appels d'officiers supérieurs et de hauts responsables nous demandant de les aider à fuir", confie-t-il à l'AFP.

Plus haut responsable à rompre avec le régime en près de 17 mois de conflit, le Premier ministre Riad Hijab a annoncé sa fuite le 5 août, mais n'est arrivé que deux jours plus tard en Jordanie, selon Amman.

Une vidéo mise en ligne le 6 août le montre assis sur le sol, entouré de membres de sa famille et de militants, confirmant ainsi qu'il a bien été sous la protection de l'ASL.

"L'ASL l'a aidé à franchir la frontière", a précisé Qassem Saadeddine, refusant de donner des détails sur l'opération.

Le chef du Conseil national syrien (CNS), plus importante coalition de l'opposition, Abdel Basset Sayda, a estimé après cette défection que "le régime se désagrégeait". Et Washington y voit une "nouvelle indication de la perte de contrôle par Assad".

Pour Jeffrey White, expert des questions militaires au sein du Washington Institute for Near East Policy, organiser des défections "nécessite un large réseau d'informateurs et d'exécutants, en plus de moyens de communication fiables et secrets".

"La fuite des familles surtout est une affaire très complexe", souligne-t-il.

Des responsables du CNS incitent sans cesse les cadres du régime - officiers de l'armée, membres des services de renseignement, diplomates - à faire dissidence, et affirment être en contact avec plusieurs d'entre eux.

"Nous nous attendons à une accélération du mouvement", a assuré l'un d'eux à l'AFP.

L'Arabie Saoudite, le Koweït et le Qatar ont mis en place en mai un fonds de 15 milliards de dollars pour encourager des personnalités du régime à partir, en vue d'une chute du régime avant fin 2012, a confié à l'AFP un diplomate arabe ayant requis l'anonymat.

Sur le terrain, les rebelles cherchent à disperser au maximum les forces armées du régime en multipliant l'ouverture des fronts.

"Il s'agit d'une guerre entre une milice qui essaie d'étendre ses opérations sur tout l'ensemble du territoire et une armée régulière très forte. C'est une guérilla, et toute guérilla est une guerre d'usure", juge M. Kahwaji.

"L'initiative dans la bataille revient actuellement à la rébellion qui fixe le lieu de la bataille et le moment de la déclencher", selon lui.

C'est l'ASL qui a lancé la "bataille pour la libération de Damas" avant de se retirer de la capitale après trois semaines de combats. Elle a ensuite engagé la "bataille d'Alep", deuxième ville du pays où les combats font rage.

Dans le même temps, des opérations sont menées dans les provinces d'Idleb (nord-ouest), Deraa (sud) Deir Ezzor (est), prenant pour cibles des convois de l'armée et des barrages tenus par les forces de sécurité.

Dans une région turque frontalière de la Syrie, un journaliste de l'AFP a constaté que des convois de dizaines de véhicules s'approchaient en pleine nuit de la frontière. "Des armes sont convoyées en Syrie depuis la Turquie", explique un opposant syrien.

L'opposition affirme que le Qatar, l'Arabie saoudite et la Libye en fournissent aux rebelles. Mais "si on avait des armes de qualité, nous aurions déjà libéré le pays", assure Qassem Saadeddine.