23-11-2024 04:20 PM Jerusalem Timing

Bahreïn : la contestation se poursuit, le consulat saoudien attaqué en Iran

Bahreïn : la contestation se poursuit, le consulat saoudien attaqué en Iran

En soutien au peuple bahreïni, ont eu lieu des manifestations en Iran, en Iak, en Arabie saoudite et en Turquie.


L’opposition bahreïnie s’obstine dans la poursuite de son action de contestation pacifique jusqu’à la réalisation de ses objectifs. Et ce malgré l’état d’urgence déclarée par les autorités et son recours à la répression sanglante qui s’est soldée par la mort de 17 bahreïnis et des centaines de blessés.

Vendredi, des dizaines de milliers de bahreïnis ont bravé l’état d’urgence pour participer au rendez-vous des obsèques de l’un des manifestants dans l’île de Sitra, au sud de l’archipel, scandant entre autre des slogans contre l’ingérence des forces saoudiennes et émiraties : dont «  non à l’occupation », « à mort les Saoud » ( en allusion à la dynastie saoudienne), «  l’occupation dehors ».
 
Dans la soirée et dans un acte inattendu, les autorités bahreïnies ont décidé de raser le monument de la perle, lieu de sit-in des mouvements de l’opposition qui revendiquent des réformes politiques, en l’occurrence une participation plus active de la population dans cette monarchie gouvernée par la dynastie des Khalifa depuis plus de 200 ans. Formé de six piliers, il avait été érigé au début des années 80, à l’occasion de la fondation du Conseil de coopération du Golfe (CCG) comprenant ses six pays : l’Arabie saoudite, le Koweït, les émirats, le Qatar, Oman en plus du Bahreïn.
 
« La violence recourue par les autorités a engendré une faille sans précédent entre le gouvernement et le peuple » a déclaré l’ayatollah Issa Kassem, le prêcheur de vendredi à Bahreïn. Et d’ajouter : «  le peuple campera sur ses positions. Nous ne serons point humiliés », en allusion au slogan lancé par l’Imam Hussein, petit-fils du prophète de l’Islam et figure emblématique de l’Islam duodécimain.

Une position similaire a émané de la part du secrétaire général du mouvement de la réconciliation nationale, cheikh Ali Sleïmane : «  nous ne nous soumettrons point à l’armée, nous poursuivrons notre mouvement pacifique, tout en prenant garde de préserver les biens publics et privés », a-t-il déclaré vendredi, lors d’une conférence commune à Manama des six  forces de l’opposition bahreïnie.

Assurant que les manifestants ne rentreront pas en conflit avec les forces de l’ordre bahreïnies et étrangères, cheikh Sleïmane a souligné que le Bahreïn a besoin d’une solution politique, et appelé à cesser la militarisation de ce pays, au retour des forces saoudiennes et émiraties chez elles, et au retour des unités l’armée bahreïnie vers ses casernes.

Durant la conférence, les mouvements de l’opposition ont exigé la libération des détenus de l’opposition arrêtés depuis mercredi, estimés à 60 dont six personnalités politiques, dont le dirigeant du mouvement Waad, en principe reconnu par le gouvernement et le médecin éminent Ali AlEkri. Ce dernier a été arrêté sur son lieu de travail, l’hôpital public de Manama, après avoir été accusé à la télévision d'Etat de répandre des "mensonges" sur l'état de l'hôpital.

Ce samedi, les États-Unis qui maintiennent le commandement de leur Vème flotte se sont contentés d’exprimer «  une profonde inquiétude » à l’encontre de ces arrestations, sans exiger de libération des détenus 


Alors que les forces armées bahreïnies ont annoncé avoir imposé un blocus maritime de nuit au nord et à l'est de l'archipel. Selon un communiqué diffusé par l'agence officielle Bna, le blocus concerne les mouvements de bateaux commerciaux, de pêche et de plaisance et est applicable dans les eaux territoriales du nord et de l'est de l'archipel, qui font face à l'Iran.



Iran : mise en garde officielle, consulat saoudien attaqué


En Iran le chef du parlement Ali Larijani a lancé une nouvelle mise en garde contre la répression sanglante de la population et à l’ingérence des forces saoudiennes et émiraties. Selon lui, «  la politique de son pays est de soutenir les peuples révoltés de la région et le refus de toute ingérence étrangère dans les affaires du Bahreïn » au motif que celle-ci porte atteinte à la stabilité régionale, assurant qu’il est du droit du peuple bahreïni d’exiger des réformes.  

Vendredi soir, dans la ville sainte de Machhad située au nord-ouest de l’Iran, des centaines de manifestants ont attaqué à coups de pierre le consulat de l'Arabie Saoudite pour protester contre l'envoi de troupes saoudiennes à Bahreïn et la répression sanglante de la contestation dans ce pays, a rapporté le site d'un quotidien.

"Les manifestants voulaient protester contre le massacre des musulmans à Bahreïn par les militaires saoudiens et émiratis", affirme le site du journal local Khorassan .Ils ont demandé l'expulsion du consul.
  
La police est intervenue violemment, lançant à deux reprises des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants en colère, qui ont réussi à "arracher la plaque du consulat et hisser le drapeau bahreïni sur la porte d'entrée", ajoute le site.
  

Dans la journée, des milliers de personnes ont manifesté à Téhéran après la prière collective à l'appel du pouvoir pour soutenir les mouvements de révolte à Bahreïn, en Libye et au Yémen, a rapporté la télévision d'Etat.
   "Mort à l'Amérique", "mort à Israël" ou encore "les Saoudiens commettent des crimes, les Etats-Unis les soutiennent", avaient scandé les manifestants.
   Téhéran a rappelé son ambassadeur à Bahreïn pour protester contre la répression par les autorités de ce petit Emirat de la contestation


Des manifestations de soutien en Irak, en Arabie et en Turquie



En Irak, la prestigieuse école religieuse de Najaf a observé ce samedi un arrêt des cours, à la demande de la grande référence religieuse le grand ayatollah Ali Sistani, qui selon son porte-parole a exprimé son inquiétude face à la violence exercée contre les Bahreïnis durant ces derniers jours et face à l’ingérence de troupes étrangères.


Ce samedi matin plusieurs milliers de personnes ont de nouveau manifesté à l'appel de partis religieux pour condamner la répression du mouvement de contestation à Bahreïn. 
  

A Bassora, la troisième ville du pays, environ 7.000 personnes, dont de nombreuses femmes ont défilé en direction du siège du gouvernorat, demandant "la fin des violences contre les Bahreïnis désarmés", selon un journaliste de l'AFP.
   "Nous manifestons pour soutenir les Bahreïnis qui ont le droit de vivre en paix", a déclaré Mohamed Hassan, 35 ans.
   "Nous condamnons les ingérences étrangères", a-t-il ajouté en référence à l'aide policière et militaire apportée à la dynastie bahreïnie au pouvoir par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis pour mater le mouvement de contestation pacifique.
   Dans le cortège, des manifestants ont promené une effigie du roi de Bahreïn, cheikh Hamad Ben Issa Al-Khalifa, et une autre du roi Abdallah d'Arabie saoudite avec des paires de sandales accrochées autour du cou.
   "Les dirigeants du Golfe sont les esclaves de l'Amérique", "Les mains des dirigeants bahreïnis sont tachées du sang des innocents", pouvait-on lire sur des pancartes.
  

Cette manifestation a été organisée à l'appel de plusieurs partis religieux, tels le Dawa du Premier ministre Nouri Al-Maliki, le Conseil suprême islamique en Irak (CSII) ou Fadhila, qui tous participent au gouvernement irakien.
  

Vendredi, plus de 20.000 partisans du jeune chef  Moqtada Sadr étaient descendus dans les rues pour soutenir l'opposition bahreïnie et mettre en garde les gouvernements arabes aidant la répression.

Des manifestations de soutien à l’opposition bahreïni ont aussi eu lieu en Arabie saoudite, et en particulier dans les régions de Katif, d’AlIhça et de Charkiyya, et au cours desquelles des dizaines de manifestants ont été blessés.

D’autres manifestations de soutien au peuple bahreïni ont également eu lieu en Turquie.