Des fondamentalistes religieux ont affronté des habitants du quartier, sans que la police n’intervienne.
Des centaines de militants salafistes fanatiques présumés ont attaqué un quartier de Sidi Bouzid, dans le centre de la Tunisie, faisant au moins sept blessés,selon des de témoins et la police tunisienne.
L’une des victimes, un homme blessé à la jambe et à la tête par une arme blanche, a raconté que plusieurs centaines d’assaillants venus en voiture ont pénétré dans la cité Aouled Belhedi de Sidi Bouzid en pleine nuit, attaquant une quinzaine de maisons de ce quartier populaire.
Des affrontements entre habitants et militants fondamentalistes religieux s’en sont suivis et ont duré plusieurs heures, jusqu'à l’aube, sans que la police n’intervienne.
Une source au sein des forces de l’ordre de la ville a confirmé ces faits sous couvert de l’anonymat, évoquant un «grand nombre» de salafistes. La police n’est pas intervenue pour «ne pas aggraver la situation», a encore confié cette source . Le ministère de l’Intérieur était injoignable jeudi après-midi pour commenter ces informations.
Selon les habitants de la cité, le conflit avec les salafistes a débuté lundi soir lorsque ces derniers auraient tenté d’enlever un homme ivre afin de le punir selon les règles de la charia.
En réaction, des jeunes de la cité ont passé à tabac mercredi trois partisans de cette mouvance religieuse sunnite fondamentaliste, qui aurait alors réuni des centaines de ses partisans pour attaquer le quartier jeudi à l’aube.
Environ 10 000 militants salafistes en Tunisie
La région de Sidi Bouzid, berceau de la révolution de 2011, est un bastion de la mouvance salafiste, qui compterait, selon des experts, une dizaine de milliers de militants dans toute la Tunisie.
Ces derniers ont multiplié les coups d'éclat depuis une semaine, attaquant plusieurs spectacles, notamment le 16 août à Bizerte (nord), où 200 hommes armés de sabres et de bâtons ont assailli, blessant cinq personnes, une manifestation culturelle dans le cadre de la Journée Al-Aqsa.
L’opposition et des représentants de la société civile accusent le gouvernement dominé par le parti islamiste Ennahda de manquer de fermeté voire de complaisance envers les salafistes.
"Guignols" tunisiens interdits
La chaîne tunisienne Ettounsiya TV a par ailleurs cessé la diffusion d'une émission satirique politique après des pressions du pouvoir, a accusé jeudi le secrétaire général du syndicat national des journalistes tunisiens. L'émission s'en prenait notamment au parti islamiste Ennahda.
"J'ai appris auprès de sources au sein de la chaîne que la programmation des guignols a été arrêtée à la suite de pressions indirectes des autorités", a-t-il expliqué. "Les autorités n'ont pas apprécié la forme et le contenu du programme", a-t-il encore affirmé.