"Ce sont des pratiques qui nous rappellent l’ère révolue" du président déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, a-t-il dit, dénonçant "des nominations de partisans (d’Ennahda à des postes clés), qu’ils soient compétents ou non".
Le président tunisien Moncef Marzouki a critiqué avec virulence ses alliés islamistes du mouvement Ennahda, les accusant de chercher à s'accaparer tout le pouvoir, dans une lettre à l'ouverture du congrès de son parti, le Congrès pour la République (CPR).
"Ce qui complique la situation, c'est le sentiment grandissant que nos frères d'Ennahda s'emploient à contrôler les rouages administratifs et politiques de l'Etat", a écrit le président dans cette déclaration lue par l'un de ses conseillers à l'ouverture du congrès.
"Ce sont des pratiques qui nous rappellent l'ère révolue" du président déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, a-t-il dit, dénonçant "des nominations de partisans (d'Ennahda à des postes clés), qu'ils soient compétents ou non".
En signe de protestation, plusieurs membres du gouvernement appartenant au parti islamiste ont quitté la salle, dont le ministre des Droits de l'Homme, Samir Dilou, et celui de l'Intérieur, Ali Larayedh.
"Nous considérons que les opinions de M. Marzouki n'engagent pas le CPR", a réagi Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste, présent au congrès, semblant signifier que le gouvernement de coalition n'était pas menacé.
Ennahda, le CPR et un autre parti de centre-gauche, Ettakatol, ont formé après les élections en octobre 2011 de l'Assemblée nationale constituante (ANC) une coalition pour diriger le pays.
Les islamistes dominent largement cette alliance et de nombreux représentants de la société civile et de l'opposition reprochent au président Marzouki, un dissident historique sous Ben Ali, de ne pas résister à la dérive autoritaire d'Ennahda.
Les islamistes sont très critiqués pour avoir nommé leurs partisans à la tête de médias publics, pour un projet de loi prévoyant des peines de prison pour les "atteintes au sacré" et pour une proposition d'article constitutionnel
évoquant la complémentarité plutôt que l'égalité entre hommes et femmes.
L'offensive de M. Marzouki intervient deux mois après une crise qui avait failli entraîner la chute de la coalition.