L’intensité des bombardements a provoqué de vives réactions.
Les bombardements de la coalition internationale contre le régime du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi ont touché le coeur de Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi, et tentaient lundi de couper les lignes de ravitaillement de ses forces.
Après le succès annoncé d'une première vague de frappes samedi et dimanche contre les défenses antiaériennes et des blindés près des lignes des insurgés, la prochaine étape consistera à attaquer ces lignes de ravitaillement pour limiter la capacité d'action des forces gouvernementales.
"Ses forces sont plutôt éparpillées entre Tripoli et Benghazi (à 1.000 km à l'est) et nous allons essayer de couper le soutien logistique", avait expliqué
dimanche le plus haut gradé américain, l'amiral Michael Mullen, après avoir assuré que la zone d'exclusion aérienne était instaurée.
La coalition, avec à sa tête les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne, est entrée en action samedi en bombardant par air et par mer des objectifs militaires.
Dans la nuit, des missiles ont détruit un bâtiment administratif à l'intérieur du complexe résidentiel de Kadhafi dans le sud de Tripoli, où les habitants ont entendu de fortes explosions. Selon la coalition, il abritait un centre "de commandement et de contrôle" des forces gouvernementales.
Plusieurs hauts responsables ont déclaré que la coalition ne cherchait pas à viser directement le colonel Kadhafi. Mais le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, a laissé entendre lundi que cela pourrait arriver.
Dans l'Est, les forces gouvernementales, qui avaient attaqué Benghazi samedi matin, ont reculé jusqu'à Ajdabiya, à 160 km au sud, selon des journalistes, qui ont vu des dizaines de chars détruits par des frappes aériennes le long de la route entre les deux villes.
Des centaines de rebelles se rassemblaient dans la matinée à quelques kilomètres d'Ajdabiya, où toutes les communications ainsi que l'alimentation en eau étaient coupées. Une épaisse fumée noire s'élevait au-dessus d'un bâtiment de la ville.
L'intervention militaire a débuté par une frappe aérienne française samedi à 16H45 GMT. L'Italie, la Belgique et l'Espagne ont annoncé dimanche leur participation aux opérations, tout comme le
Qatar et les Emirats.
Mais l'Italie a fait part lundi matin de son scepticisme, refusant toute "guerre" contre la Libye et réclamant des assurances sur la conformité des premières frappes avec la résolution de l'ONU.
L'intensité des bombardements a en effet provoqué de vives réactions. Le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui avait soutenu l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne, a estimé que les bombardements s'écartaient de leur but.
L'Allemagne s'est cependant dite confortée dans ses fortes réserves à l'égard de l'opération militaire, et la Russie a jugé "inadmissible" d'utiliser le mandat de l'ONU "pour mener à bien des objectifs qui vont clairement au-delà de ses dispositions".
Le président tchétchène, Ramzan Kadyrov, a estimé lundi que la "machine de guerre" américaine était lancée et qu'elle ne s'arrêterait pas, comme en Afghanistan et en Irak.
Le Pentagone a rapporté dimanche soir qu'il n'y avait "pas d'indication" de victimes civiles dans les zones touchées par la coalition.
Le régime libyen a annoncé que 48 personnes avaient péri samedi soir, même si des journalistes
invités à assister à des funérailles de victimes n'ont vu aucun corps.
La résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU exige l'arrêt complet des attaques contre les civils, impose une zone d'exclusion aérienne en Libye et permet des frappes pour protéger les civiles des frappes de Kadhafi.