Brahimi, "bientôt" en Syrie. Pour Damas le nouveau émissaire devra "nous écouter".
Le ministère syrien des Affaires étrangères a critiqué dimanche le président égyptien Mohamed Morsi, après son discours contre le "régime oppressif syrien", en estimant qu'il n'avait pas encore la stature d'un chef d'Etat.
"Nous avons entendu les mots du président Morsi. Si je puis dire, cela a été une déception", a affirmé le porte-parole du ministère, Jihad Makdissi, sur la chaîne libanaise NBN.
"Nous savons tous qu'il a un passé avec les Frères musulmans. Mais il est maintenant le président d'un pays arabe majeur, l'Egypte", a-t-il dit.
"Je pense que le nouveau président égyptien n'est pas encore assez mûr (pour cette fonction). Selon moi, sa dose de réalisme va s'accroître avec le temps. Nous espérons qu'il sera capable de comprendre la vérité de ce qui se passe en Syrie et de prendre une position à ce niveau", a-t-il ajouté.
"La Syrie espère que l'Egypte va retrouver son rôle naturel dans le monde arabe", a encore martelé M. Makdissi.
Jeudi, à l'ouverture du sommet des pays Non-Alignés à Téhéran, M. Morsi avait dénoncé le "régime oppressif syrien qui a perdu sa légitimité", conduisant la délégation syrienne à quitter la salle.
A la mi-août, Morsi avait proposé la création d'un comité régional quadripartite pour tenter de trouver une solution à la crise syrienne, comprenant l'Egypte, l'Iran, fidèle allié de Damas, et l'Arabie saoudite et la Turquie, critiques envers le régime du président Bachar al-Assad.
"Quand vous lancez une initiative, elle devrait être (...) non-biaisée", a déclaré à ce propos M. Makdissi.
L'émissaire Brahimi devra "nous écouter"
Par ailleurs, Makdissi a annoncé que le nouveau médiateur international en Syrie, Lakhdar Brahimi, sera "bientôt" à Damas.
"Nous allons l'écouter et il va lui aussi nous écouter", a souligné Makdissi sur la chaîne libanaise NBN, attribuant à la communauté internationale "la responsabilité" de la poursuite des violences en Syrie.
Makdissi accuse le puissants membres du conseil de sécurité
"La question n'est pas personnelle et n'a rien à avoir avec l'émissaire", a-t-il dit, ajoutant: "toutes les raisons qui ont conduit à l'échec de la mission (de l'ancien médiateur international Kofi Annan) ne sont pas liées à la Syrie. La raison essentielle était l'absence de consensus au sein de la communauté internationale".
M. Makdissi a en même temps accusé "les puissants membres du Conseil de sécurité de l'ONU de vouloir décourager le dialogue" avec l'opposition en Syrie.
M. Brahimi a remplacé Kofi Annan, qui a démissionné le 2 août après l'échec de ses efforts pour un règlement du conflit en Syrie en invoquant notamment un manque de soutien des grandes puissances.
Dans une interview samedi à la chaîne Al-Arabiya, il a appelé toutes les parties à cesser la violence.
M. Brahimi a aussi estimé qu'il était "trop tôt pour évoquer l'envoi de troupes arabes ou internationales en Syrie" car "une intervention militaire signifierait l'échec du processus politique".
Pour lui, il ne faut pas "avoir d'idées préconçues" pour une solution en Syrie.