La cour d’appel de Bahreïn a confirmé mardi de lourdes peines pour 13 opposants.
Le quotidien britannique Guardian a révélé que la correspondante de la chaine américaine CNN, Amber Lyon, a été expulsée de son travail à la suite d’un documentaire sur la situation à Bahreïn. Ayant refusé d’obtempérer aux pressions de la chaine et du gouvernement bahreïni pour changer certains passages et ajouter d’autres mensongers dans son reportage d’une heure et demi, Lyon s’est vue licencier de son boulot.
Sur son compte Twitter, ladite journaliste a dénoncé les pressions exercées par la direction de la chaine pour changer le contenu de son documentaire. Elle a entre autre indiqué que la plupart des activistes qu’elle a interviewés ont été détenus par les autorités, dont Nabil Rajab et un médecin.
En effet, Lyon et son équipe, composée de deux journalistes et de deux caméramans ont été eux aussi arrêté en mars 2011. « Ils ont confisqué nos caméras par la force et nous ont interrogés », a-t-elle dit.
« Au lendemain de notre arrestation, la presse bahreïnie a publié une information m’accusant d’avoir menti dans mon documentaire. C’est alors que j’ai réalisé à quel point le gouvernement bahreïni est prêt à mentir. J’ai compris ainsi la nécessité de dénoncer ce régime et sa répression contre le peuple et les activistes arrêtés » », raconte-t-elle.
Et d’ajouter qu’à son retour aux Etats-Unis, elle fut surprise du refus de la CNN de diffuser ledit documentaire, estimé à 100.000 dollars et qui comprend des témoignages des familles des activistes torturés ainsi que des images claires sur les tirs des forces de sécurités contre les révolutionnaires.
Selon l’article du Guardian, la correspondante en question racontait en direct sur CNN les conditions de son arrestation par le gouvernement bahreïni et dénonçait ses crimes. Elle a révélé entre autre que le régime de ce pays du Golfe s’est plaint auprès de la direction de la CNN de la couverture médiatique d’Amber Lyon.
La CNN lui a également demandé d’ajouter des informations mensongères dans son documentaire, comme quoi le ministre bahreïni des affaires étrangères appelle à ne pas ouvrir le feu sur les manifestants, et l’activiste Nabil Rajab fabrique des photos falsifiées sur des blessures présumées des manifestations.
Sur son compte Twitter, Lyon Amber conclut : « Les menaces de la chaine ne m’ont pas fait peur. On cherche à me faire taire. J’ai choisi la mission du journalisme pour dire la vérité et non pas pour la cacher ».
Des opposants bahreïnis condamnés à perpétuité
La cour d'appel de Bahreïn a confirmé mardi de lourdes peines pour 13 opposants ayant joué un rôle de premier plan dans le soulèvement populaire pacifique de 2011. Sept des opposants bahreinis, dont le militant des droits de l'Homme Abdel Hadi al-Khawaja, ont été condamnés à la perpétuité. Le parquet général a accusé entre autre les dirigeants opposants de « communiquer avec le Hezbollah ».
Dans un communiqué, le Hezbollah a condamné les sentences injustes contre les leaders de l’opposition, y voyant une « faillite politique » des autorités bahreïnies. Il a dénoncé les tentatives de le faire impliquer dans ce mouvement populaire, affirmant que sa position à l'égard de ce qui se passe à Bahreïn est totalement claire.
Le chef d'Al-Wefaq, cheikh Ali Salmane, a pour sa part affirmé que la décision du tribunal "ne fera que renforcer la détermination du peuple à poursuivre son soulèvement jusqu'au bout".
Le Danemark, la Cour pénale internationale, le réseau arabe pour les informations des droits de l’homme, ont notamment condamné la décision de la Cour d’appel bahreïnie, et la poursuite des détentions arbitraires des dirigeants de l’opposition. Ils ont appelé les autorités à respecter les droits de l’homme et la liberté de l’expression.
En réaction à ces lourdes peines, des heurts ont opposé les forces de sécurité bahreïnies à des manifestants. Les heurts se sont prolongés toute la nuit et jusqu'à l'aube de mercredi entre des dizaines de jeunes masqués et les forces de sécurité qui les ont dispersés à coups de grenades lacrymogènes et de bombes assourdissantes, et en tirant à la chevrotine, selon des témoins.
Les protestataires ont répliqué : ils ont lancé des pierres et des cocktails Molotov en direction des policiers, et ont mis le feu à des pneus et des bennes à ordure aux entrées de plusieurs villages chiites, d'après les mêmes sources.
Les manifestants brandissaient des drapeaux bahreïnis et des portraits des chefs de l'opposition emprisonnés et scandaient des slogans dénonçant "les décisions iniques de la justice", comme ils répétaient "A bas Hamad ».
Par ailleurs, le mouvement d'opposition Al-Wefaq a indiqué qu’un homme a été gravement atteint par des tirs dans le village de Karrana puis a été hospitalisé.
Sources: assafir, alalam, The Guardian