Le fait d’appartenir à une telle ou telle confession prive-t-elle ses adeptes de leurs droits civiques ?
La Turquie a sonné l’alarme concernant la situation à Bahrein, mettant en garde contre l'éventualité que ces troubles puissent provoquer un conflit international.
Les troubles dans ce royaume du Golfe "pourraient provoquer un conflit international (...) et voir les tensions entre chiites et sunnites s'étendre dans la région", a averti lundi son chef de la diplomatie Ahmet Davutoglu dans une interview à la chaîne de télévision turque CNN-Türk.
M.Davutoglu, qui doit recevoir ce mardi son homologue bahreini, cheikh Khaled bin Ahmad Al-Khalifa, a conseillé à Bahreïn de mettre en place des réformes démocratiques aussi rapidement que possible".
Il a également fait savoir que la Turquie est en contact avec l'Arabie saoudite et l'Iran pour apaiser les tensions.
Dès le déclenchement de la répression contre les manifestants bahreïnis, le Premier ministre Recep Tayeb Erdogan s'était démarqué de la position des pays arabes, mettant en garde contre une nouvelle tragédie de Kerbala à Bahrein.
La révolution du Bahreïn et le double langage
Les pays du Golfe, et notamment l’Arabie saoudite ont sans tarder dépêché leurs forces pour la mater à tout prix, arguant appréhender qu’elle ne s’étende vers eux.
Il en a découlé une répression musclée de la contestation , (16 tués, des centaines de blessés, une centaine de disparus, et des dizaines d’arrestations). Dès lors les bahreinis se sont trouvés seuls.
Mêmes les pays brandissant le slogan de la démocratie et des droits de l'homme ont timidement réagi. Ils se sont contentés d’appeler à la fois, le régime des Khalifa qui est leur allié le plus proche dans la région, ainsi que les manifestants qui ont été réprimés à la retenue.
Pour les Etats-Unis, les situations en Libye (riche en pétrole) et à Bahreïn ne sont pas comparables.
Alors que les Français ont qualifié de « justifiable » l’intervention militaire des pays du Golfe à Bahrein.
Faisant l’écho des dirigeants des pays du Golfe, le célèbre prédicateur musulman qatari d'origine égyptienne, cheikh Qardaoui, a lui aussi apporté son soutien au régime de la dynastie des Khalifa, au pouvoir depuis 200 ans.
Lors du sermon de vendredi, il a estimé que « la révolution à Bahrein ne ressemble pas à celles de la Tunisie, de l’Egypte et de la Libye ». Selon lui, « la révolution des bahreinis », réclamant des conditions de vie meilleures, « vise les sunnites ».
Seule Téhéran condamnait "l'ingérence" des troupes du Golfe conduites par les Saoudiens.
Sayed Khamenei: un soutien à toutes les révolutions sans distinction
Lundi soir, pour la deuxième fois depuis le déclenchement du cycle des révolutions arabes, le guide suprême de la Révolution islamique en Iran, Sayed Ali Khamenei leur a consacré une partie de son discours.
Lors d'une rencontre dans la ville sainte de Machhad, il a souligné que son pays soutient "tous les mouvements de révolte" dans la région sans faire de distinction entre chiites et sunnites.
« Nous ne faisons pas de différences entre Gaza, la Palestine, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, le Bahreïn et le Yémen. Nous condamnons partout l'injustice et nous soutenons partout les mouvements des peuples en faveur de l'Islam et de la liberté. (…) Nous sommes contre les dictateurs et les oppresseurs partout dans le monde », a expliqué Sayed Khamenei.
Sayed Nasrallah: Le fait d’appartenir à une telle ou telle confession prive-t-elle ses adeptes de leurs droits civiques ?
Samedi, le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, avait demandé à ceux qui cherchent à taxer de confessionnalisme la révolution du Bahrein, « le fait d’appartenir à telle ou telle confession prive-t-elle ses adeptes de leurs droits civiques ? Est-il est permis de massacrer l’opposition bahreïnie juste parce qu’elle est de majorité chiite ? »
«Nous avons toujours soutenu sans condition le peuple palestinien, que nous soyons musulmans ou chrétiens, sans nous demander quelle est la confession de ce peuple. Personne ne s’est demandé quelle est la confession des peuples en Tunisie, en Egypte et ailleurs car il est de notre devoir de soutenir tous les peuples opprimés», a ajouté Sayed Nasrallah, lors d’une cérémonie de soutien aux révoltes arabes organisée dans la banlieu sud de Beyrouth.