L’ambassadrice britannique s’est félicitée de la facilité de rencontrer les dirigeants libanais
Depuis toujours, les diplomates occidentaux et arabes affectés au Liban s’octroyaient la liberté de s’exprimer et de se comporter à leur guise, sans tenir compte des lois libanaises ni internationales qui fixent les limites de leur mission. Faisant fi de la souveraineté du pays, ils se mettent dans la position de ceux qui décident, ordonnent, conseillent, dictent, menacent et convoquent, et il revient aux responsables libanais d’obtempérer !
L’objectif de leurs comportements est certes évident : accroitre l’influence de leurs pays au Liban et gagner la loyauté du plus grand nombre possible de politiciens. Sachant que cette situation n’existe pas ailleurs.
La mission diplomatique selon le droit international
Les textes de la convention de Genève de 1961 qui régissent les relations diplomatiques sont la source principale du droit diplomatique. Ils fixent les principes de l’action et de l’échange diplomatiques entre les pays à la base du respect de la Charte des Nations Unies, qui insiste entre autre sur le principe de l’égalité, du respect de la souveraineté et du développement des relations amicales entre eux.
Par ailleurs, la convention de Vienne, mise en œuvre en 1964 après avoir été signée par 71 pays, dont le Liban, appelle les grandes puissances à respecter le principe de la souveraineté des pays et à cesser toute ingérence dans les affaires des autres. Mais ce principe constitue un obstacle à la réalisation des projets politiques et stratégiques des grands pays, ce qui lui a fait perdre sa valeur effective.
Dans le même cadre, les deux conventions de la Havane (1928) signée entre les Etats américains, et de Vienne dans la clause 16 du projet de l’institut américain de droit international (1925), ainsi que la 16ème clause du projet de la commission internationale des chercheurs américains (1927), et la clause numéro 2 de la Charte des Nations Unies – premier paragraphe- expliquent le principe du respect de la souveraineté entre les pays. « Aucune partie n’a le droit de s’ingérer dans les affaires de l’autre partie, parce que ceci s’oppose aux immunités et aux prérogatives dont jouissent les employés diplomatiques ».
Bien que la convention de Vienne ait octroyé à la mission diplomatique et à ses membres un système d’immunités, de prérogatives et de facilités diplomatiques, elle leur a imposé en contrepartie des devoirs et des obligations qu’ils doivent respecter dans les pays dans lesquels ils sont affectés.
« Tous ceux qui jouissent d’immunités et de prérogatives doivent respecter les lois des pays dans lesquels ils sont affectés, et s’empêcher de s’ingérer dans leurs affaires internes », précise la clause 41 de ladite convention.
Le deuxième paragraphe stipule que la mission diplomatique devait respecter les limites fixées par le pays hôte dans le traitement des affaires officielles, alors que le troisième paragraphe précise que le siège de la mission diplomatique ne doit en aucun cas être utilisé pour des fins contraires à ses obligations.
A la base de ces conventions, les aspects de la non-ingérence se manifestent par l’abstention de toute ingérence ou de toute influence sur la politique intérieure ou extérieure, et par le renoncement à toute forme de critique censée affecter les relations entre les deux pays. La mission et ses membres doivent s’abstenir de toute position lors des campagnes électorales, de tout soutien à un quelconque parti politique, de toute position contre une quelconque partie, de toute participation aux congrès et aux coups d’Etat, de toute critique contre la politique gouvernementale, et de tout acte qui transgresse le principe de la souveraineté.
La mission diplomatique au Liban
Au Liban, il suffit d’exposer quelques activités, rencontres, propos et tournées des ambassadeurs des Etats-Unis, de la Grande Bretagne, de la France, de l’Espagne, de l’Arabie Saoudite, et de la Syrie pour prendre conscience de la liste des exactions et des ingérences publiques dans les affaires internes du pays, en violation à la clause 41 précitée.
Alors que les ambassadeurs sont interdits de s’ingérer dans la politique interne ou externe du Liban, on les trouve prononcer des diktats voire l’entrainer dans des conflits régionaux.
Le 6 mars dernier, l’ambassadrice américaine au Liban Maura Conelly a pressé le gouvernement libanais de prendre une position qui nuit aux intérêts de la Syrie, et ce, lors de sa rencontre avec le ministre de l’intérieur Marwan Charbel. Elle avait appelé le gouvernement à protéger tous les Syriens non armés, dont les éléments de la soi-disant armée syrienne libre ou l’ASL.
Le 5 octobre dernier, Conelly a insisté sur l’importance de la protection par l’armée des opposants syriens réfugiés dans le pays, « un rôle stipulé par les engagements juridiques libanais devant la communauté internationale », selon elle. Cette même ambassadrice est allée jusqu’à protester le 3 mars dernier contre la visite du ministre libanais de la défense en Iran !
Quant à l’ambassadeur français Denis Pietton, il a transgressé le principe du respect de la souveraineté du Liban en appelant à la séparation entre les autorités législatives du pays. Le 12 juin 2011, il affiche son approbation à la prolongation du mandat du gouverneur de la Banque du Liban Ryad Salamé.
L’ambassadeur espagnol Juan Carlos Gaffo a mis en garde le 15 mars 2011 certaines parties au Liban de ne pas dépasser les lignes rouges et à faire preuve de retenue dans les discours politiques.
Transgressant la clause qui interdit toute critique censée porter atteinte aux relations diplomatiques entre les pays, l’ambassadeur britannique Tom Fletcher a exprimé le 16 novembre 2011 « la déception de son pays quant à la position prise par le Liban sur la Syrie lors de la réunion de la Ligue arabe ».
L’ambassadeur saoudien a, lui, évoqué le 3 décembre 2010 la nécessité d’avoir « une voie médiatique patriotique par excellence, qui sert les intérêts du Liban et son unité au lieu d’y porter atteinte ».
Sachant que le ministère libanais des affaires étrangères se plaint du manque de coordination avec les ambassadeurs des différents pays au niveau de leurs déplacements et de leurs visites officielles ou familiales !
Sur ce sujet, l’ancienne ambassadrice britannique Francis Mary Guy s’était réjouie de la facilité de rencontrer les politiciens libanais, contrairement aux autres pays du monde où elle doit suivre les formalités officielles. « Peut-être parce que le siège de l’ambassade est proche du Grand Sérail, il m’est facile de rencontrer le Premier ministre en quelques minutes », dit-elle dans une conférence tenue le 29 octobre 2010 au centre Issam Fares !
Sachant enfin que ces mêmes ambassadeurs, arabes et occidentaux, respectent les moindres règles de la discipline lorsqu’ils sont affectés dans n’importe quel autre pays du monde.
Source: assafir