Pour le ministre français de la Défense, Paris essaie de faire en sorte que l’opposition syrienne s’unifie, qui est morcelée.
Le ministre français de la Défense a rejeté jeudi à Beyrouth l'idée de fournir des armes à l'opposition syrienne et jugé irréaliste la création de "zones d'exclusion aérienne", comme le réclament des opposants syriens.
"Nous n'avons pas l'intention, ni aujourd'hui ni demain, de transférer des armes à l'opposition syrienne" a déclaré Jean-Yves Le Drian lors d'une conférence de presse.
Il a martelé: "les choses sont très claires: sur la livraison d'armes, c'est non. La France ne fournit pas et ne fournira pas d'armes à l'opposition syrienne".
Unifier l’opposition
Le ministre a également indiqué que la France "essaie de faire en sorte que l'opposition syrienne s'unifie, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, ni à l'intérieur, ni à l'extérieur. Elle est morcelée et si on veut une alternative politique pour préparer le jour d'après (le départ de Bachar al-Assad), il faut qu'il y ait un embryon de ce qui pourrait devenir le gouvernement provisoire, nous nous y attelons".
Zones d’exclusion
Par ailleurs, Le Drian a jugé impossible à l'heure actuelle de créer des zones d'exclusion aérienne, comme une coalition internationale l'avait fait en Libye, autre revendication d'opposants syriens.
"Nous avons regardé au niveau français ce que cela signifiait, et d'autres aussi ont regardé. Une +no fly zone+ sur l'ensemble de la Syrie ou même sur une partie significative de la Syrie signifie la mobilisation de tellement de moyens que nous sommes dans une situation de guerre".
Or la France a maintes fois affirmé qu'elle souhaitait au préalable d'une telle situation "une nécessaire délibération antérieure par le Conseil de sécurité (de l'ONU) qui pour l'instant ne nous permet pas d'agir".
Il faisait allusion aux veto de la Russie et la Chine qui ne veulent pas laisser se créer une telle zone d'exclusion.
Zone tampon
Le Drian a également jugé très difficile de mettre en place "ce que les Turcs ont appelé il y a quinze jours +zone tampon+ et que maintenant on qualifie de +zone libérée+ (...). Ce n'est pas impossible mais cela suppose un certain nombre de préalables qui aujourd'hui ne sont pas remplis".
"Il faudrait qu'il y ait un périmètre libéré homogène et suffisamment vaste. Il faudrait ensuite que sur ce périmètre, il y ait une autorité reconnue, autorité locale potentiellement embryon d'une autorité nationale", a-t-il noté.
"Il faudrait, troisièmement que cette autorité le demande (de sécuriser la zone). A qui? Peut être à des voisins qui eux-mêmes demanderaient le soutien d'autres (pays). Mais nous n'y sommes pas encore", a-t-il souligné.
"Et si d'aventure c'était le cas, il faudrait s'assurer de la bonne volonté des voisins concernés et de la bonne sécurisation de l'ensemble du secteur concerné. C'est un sujet sur lequel nous travaillons mais les conditions politiques de sa mise en oeuvre ne sont pas aujourd'hui réunies", at-il insisté.
Arrivé jeudi à Beyrouth, Le Drian a rencontré son homologue libanais Fayez Ghosn, le chef de l'Etat Michel Sleimane, le Premier ministre Najib Mikati, et le président du Parlement Nabis Berri. Il doit rendre visite vendredi au contingent français de la Finul, dans le sud du Liban.