Il a demandé aux Américains de le soutenir pour vaincre le Hezbollah de l’intérieur
Les Etats-Unis ont maintes fois annoncé ouvertement leur intention de détruire le Hezbollah au Liban. Ayant échoué cet objectif par la guerre israélienne, l’administration US a opté pour une autre option : affaiblir ce parti de l’intérieur en vue de le frapper.
Des personnalités de la communauté chiite, dont leurs familles sont connues historiquement par leur opposition aux hautes autorités religieuses chiites, se sont portées volontaires de réaliser le rêve américain au Liban.
C’est ainsi que des politiciens, des hommes de religion, de sécurité et des personnalités civiles ont afflué à l’ambassade américaine à Awkar (l’Est de Beyrouth), mettant au service du personnel diplomatique toutes leurs connaissances et renseignements sur le parti de la résistance qui a vaincu la quatrième armée du monde.
Une fois les missions réparties entre les nouveaux « élus » par l’ambassade américaine, celle-ci a entamé la mise en œuvre de ses plans.
Le premier objectif fut la déformation de l’image du Hezbollah chez les jeunes libanais pour trouver une alternative à lui. Selon l’ancien ambassadeur américain au Liban, Jeffrey Feltman, le gouvernement de son pays a dépensé depuis 2006 plus de 500 millions de dollars pour parvenir aux résultats escomptés, à travers USAID et l’initiative de partenariat américain-Moyen Orient MEPI.
Un câble diplomatique, révélé par le site Wikileaks, raconte que l’ambassade US a formé un groupe de personnalités politiques et religieuses chiites, sous le nom des « chiites indépendants » et leur a versé de grosses sommes d’argent pour faciliter la réalisation du projet américain précité.
Ces derniers ont entamé ainsi leur mission. Ils se sont déplacés entre Washington et Awkar, et ont été déployés au Sud, à Beyrouth et à la Békaa. Quant à l’ambassade américaine, elle surveillait de près leur action et lisait attentivement leurs comptes rendus quotidiens.
Dans ces rapports, les chiites dits modérés présentaient des renseignements sur les mouvements du Hezbollah et ses missiles. Dans certains cas, ils citaient les propos des enfants jouant dans les rues de la banlieue Sud de Beyrouth !
D’après les câbles de Wikileaks, les ambassadeurs US ne cachaient pas leur étonnement face à l’enthousiasme et à la loyauté de ces personnalités chiites.
Sayed Ali elAmine, membre du groupe des « modérés » chiites. Il prétend représenter une majorité silencieuse de chiites opposés au Hezbollah et au mouvement Amal. Il est l’un de ceux qui ont fourni toutes les informations en sa disposition pour le service des Etats-Unis, et a demandé le soutien, l’argent et la légitimité politique en échange de la tête du Hezbollah et d’Amal.
Malgré ses rencontres limitées avec les responsables américains, Sayed elAmine adressait ses demandes et informait Washington de ses plans par le biais d’un certain Lokman Sélim et d’autres cheikhs qui fréquentaient l’ambassade. Il se montrait dans toutes les lettres en tant que la personnalité religieuse la plus adaptée à présider tout rassemblement religieux ou politique alternatif.
Sayed elAmine a par ailleurs appelé les Américains maintes fois à faire pression sur les forces du 14 mars pour l’intégrer dans leur rassemblement politique.
ElAmine et Michel Sisson
Le 4 mai 2008, un jour avant les deux résolutions du gouvernement libanais ayant provoqué les incidents du 7 mai, la chargée d’affaires américaines Michel Sisson a rencontré le mufti Ali elAmine à Beyrouth en présence de son fils Hassan. ElAmine a exposé sa lutte historique contre le Hezbollah depuis 1987 lorsqu’il avait mis en garde contre ses armes.
« La majorité silencieuse des chiites opposés au Hezbollah ont besoin de plus d’outils politiques pour confronter le Hezbollah », avait dit elAmine à Sisson, selon le câble diplomatique révélé par Wikileaks. Et d’ajouter : « On ne peut vaincre le Hezbollah par le biais des civils, mais par les hommes de religion, vu leur influence sur la scène libanaise». Le pro-américain chiite a critiqué « le soutien français au Hezbollah », exprimant son amertume pour l’invitation de ce parti au congrès de Saint-Cloud en 2007. « La France devait inviter les chiites modérés à sa place », a-t-il déploré.
Le slogan prôné par Sayed elAmine dans ses différentes rencontres avec les Américains fut : « Celui qui a peur du Hezbollah n’aura aucun effet sur l’opinion publique », mettant en garde contre la mainmise du Hezbollah sur le gouvernement et appelant à renforcer l’armée libanaise.
Pour lui, les forces de la FINUL sont des touristes au Liban, puisqu’elles ne font rien pour démanteler les réseaux des communications du Hezbollah.
Parmi les autres revendications de Sayed elAmine : « le gouvernement libanais doit appliquer la loi après la découverte du réseau des télécommunications et des caméras de surveillance à l’aéroport de Beyrouth, et le Premier ministre Fouad Siniora doit tenir des rencontres mensuelles avec des hommes de religion chiites indépendants pour débattre de la domination du Hezbollah et de l’Iran sur le Liban ».
Cet ancien mufti de Tyr et du Mont Amel a tenté de tirer du profit matériel des Américains sous prétexte d’aider la population du Sud qui afflue à son association caritative chaque semaine.
Mais en fin de compte, les efforts d’elAmine ont été réduits au néant. « Les nouveaux jeunes partisans du Hezbollah se multiplient… je ne peux pas retourner à mon bureau à Tyr et je cherche un autre bureau à Beyrouth…On ne peut confronter le Hezbollah par les prières seulement », s’est-il lamenté auprès de l’ambassadrice américaine.
Et de demander un soutien financier des Américains pour former une ligue d’oulémas chiites modérés appuyée par une chaine de télévision dans le but de diffuser les « idées des chiites modérés » !
Source: alAkhbar