C’est lui qui a tendu le piège à l’ancien ministre libanais Michel Samaha
Jeudi, le 9 aout 2012, vers six heures du matin, des dizaines de membres du département des renseignements affilié aux forces de la sécurité intérieure ont perquisitionné la maison estivale de l’ancien ministre libanais Michel Samaha à Khenshara (elMetn), au nord de la capitale et sa maison à Beyrouth.
Après avoir défoncé la porte de la maison, ils ont arrêté le ministre qui dormait dans son lit, fouillé minutieusement la maison et confisqué des tas de documents.
A midi, les services de sécurité ont confisqué deux voitures et arrêté le chauffeur de Samaha après avoir terminé de fouiller son domicile.
Immédiatement, le Premier ministre Najib Mikati s’est attelé à confirmer que les raisons de cette arrestation sont purement sécuritaires.
« L’arrestation de Samaha a eu lieu pour des raisons de sécurité. Ce n’est pas une affaire de collaboration avec Israël et nous attendons les résultats de l’enquête », a-t-il dit.
Multiples versions sur les dessous de l’arrestation
Des sources sécuritaires ont révélé que l’arrestation de Samaha est survenue à la suite des aveux d’un garde du corps du député du Courant du Futur Khaled Daher. Selon lui, « Samaha m’a proposé de grosses sommes d’argent en échange de certaines missions sécuritaires visant à semer l’instabilité au Nord du pays ».
Quant au député Daher, il a démenti que l’un de ses compagnons ait été arrêté par la justice pour interrogatoire, ajoutant avoir reçu des menaces de mort il y a deux mois.
De son côté, une source sécuritaire s’exprimant sous le couvert de l’anonymat a fait savoir que l’arrestation de Samaha n’a aucun rapport avec les aveux du garde du corps de Khaled Daher. D’autres sources sécuritaires ont prétendu que Samaha planifiait l’assassinat dudit député. Puis on l’a accusé de vouloir tuer Mouin Merbi, également député du Futur.
Le quotidien alJoumhouriya a souligné que Samaha possédait des charges explosives qu’il a distribuées à plusieurs personnes pour des missions sécuritaires.
D’autres sources médiatiques ont avancé que l’arrestation a eu lieu sur fond de diffamation dans des talk-shows télévisés.
Samaha trompé par Kfouri
A la première séance de son interrogatoire, Samaha a affirmé être tombé dans le piège d'un certain Miled Kfouri, un informateur qui travaille au service du département des renseignements des FSI. Selon lui, l’objectif essentiel de l’implantation des explosifs à la frontière du Nord fut d’empêcher le trafic des armes et l’infiltration des hommes armés vers la Syrie.
Mais il s’est avéré que Kfouri lui a tendu un piège pour l’incriminer et le jeter en prison.
AdDyar: le témoin clé a visité maintes fois « Israël »
Selon le quotidien libanais adDyar, citant des sources de sécurité non identifiées, le témoin clé dans l’affaire de l’arrestation de l’ancien ministre, Miled Kfouri, entretient des liens solides avec le Mossad israélien depuis l’époque du ministre défunt Elie Hobeyka, et rencontre chaque semaine le chef du département de renseignement des forces de sécurité Wissam elHassan.
Son nom figure sur la liste des auteurs du massacre de Sabra et Chatila. Il était chargé d’exécuter des missions secrètes et a effectué deux sessions d’entrainement commando en « Israël » !
Toujours selon ce quotidien, elHassan a versé une somme de 5 millions de dollars à Kfouri en échange d'informations arrachées de Samaha sur le président syrien Bachar elAssad, le lieutenant-colonel syrien Ali Mamlouk, et sur le Hezbollah.
La révélation de ces informations pourrait conduire à une enquête avec le président du département des renseignements Wissam elHassan pour savoir s’il était au courant des visites de Kfouri en Israël ou s’il connaissait l’implication de ce dernier dans le massacre de Sabra et Chatila.
D’après le quotidien adDyar, « le département des renseignements a occulté toute trace de communications entre Wissam elHassan et Miled Kfouri pour que rien n’apparaisse dans les enquêtes du juge d’instruction militaire Ryad Abou Ghida et sauver par la suite la face d'elHassan» !