C’est l’absence de riposte et de manifestation qui banalise l’agression.
Une fois encore, l’alliance impérialo-sioniste insulte l’islam et les musulmans, en ciblant la personne du prophète de l’Islam, le noble Mohammad. Une fois encore, les musulmans, émus et en colère, sont descendus dans les rues pour défendre leur doctrine, pour protester contre l’islamophobie et le racisme officiel des gouvernements occidentaux, et notamment américain. Il ne s’agit pas, cette fois, d’un obscur et haineux caricaturiste européen, mais bel et bien d’une alliance américano-sioniste, politique et culturelle, qui est à l’origine de cette nouvelle croisade.
Médias et commentateurs occidentaux, notamment européens, se taisent sur l’implication sioniste, en insistant sur la présence d’un producteur copte, c’est-à-dire égyptien chrétien, pour enfoncer la haine entre coptes et musulmans en Egypte, théâtre d’une révolution au cours de laquelle les musulmans sont arrivés au pouvoir, inquiétant sionistes et impérialistes de tout bord. Parmi leurs tentatives de faire pression sur le nouveau régime, agitant la carotte et le bâton, les cercles de l’impérialisme suscitent les séditions. Ce film de la haine en fait partie.
Mais les égyptiens, coptes ou musulmans, ont déjoué les plans de l’arrogance impérialo-sioniste. Ils ont compris et ont manifesté contre les Etats-Unis, suprême représentant de cette arrogance. Certains commentateurs ont critiqué les scènes de violence contre les ambassades et les consulats, d’autres ont parlé de « coup monté » pour dresser les populations contre les nouveaux régimes musulmans, obligés de défendre les intérêts américains, du moins les bâtiments des ambassades ciblées. Certains ont philosophé, une fois encore, du haut de leur chaire, contre ces foules en colère, pour se flageller et déprécier leurs peuples et leur propre civilisation, d’autres ont raillé ces musulmans consommateurs de produits américains, jusqu’aux os, qui se soulèvent contre leurs « maîtres économiques ». Il s’agit, une fois encore, de savoir distinguer l’essentiel, de le mettre en lumière et d’éviter sa banalisation.
L’essentiel, c’est la colère des musulmans dans le monde contre la politique américaine. Les musulmans n’ont pas distingué, comme l’ont fait certains intellectuels prétendument intelligents, entre le gouvernement américain et des minables racistes bénéficiant d’une liberté d’expression à double dimension. Pour les peuples musulmans, le gouvernement américain reste le premier responsable de cette nouvelle croisade contre l’Islam, sa doctrine et ses symboles, malgré les déclarations de Clinton, d’Obama et consorts, car ces minables racistes n’auraient pu produire leur film satanique s’ils n’avaient été financés par l’alliance impérialo-sioniste et si, surtout, des lois fermes protégeaient l’Islam comme sont protégées les autres religions, sur le territoire américain et dans les pays occidentaux plus globalement. Pour les musulmans, « la liberté d’expression » chantée par les médias occidentaux est de plus en plus perçue, et non à tort, comme la liberté d’insulter l’islam et les musulmans. Levée comme un étendard par les libéraux dans le monde arabe, en proie à des révolutions et soulèvements, « la liberté d’expression » retrouve sa vraie place et sa vraie signification, c’est-à-dire un simple mot d’ordre creux par lequel les cercles impérialo-sionistes essaient d’infiltrer les peuples pour déverser leurs poisons.
N’est-pas hypocrite de se barricader derrière « la liberté d’expression » quand il s’agit de l’Islam et des musulmans, au moment où l’ONU et plusieurs capitales occidentales ont voté des lois punissant ceux qui sont responsables d’antisémitisme, alors que sa définition, influencée par les sionistes, entretient l’amalgame entre antisionisme et antisémitisme ? Si Merkel, Clinton et compagnie sont autant outrées par l’existence d’un tel film, qu’elles proposent donc, ou qu’elles imposent, pour la paix dans le monde, l’interdiction d’insulter l’Islam, sa doctrine et ses symboles.
Cette nouvelle affaire d’islamophobie, à l’échelle mondiale, intervient au moment où les peuples arabes, ou certaines de ses couches, s’inspirent des valeurs « occidentales » pour renverser ou essayer de renverses leurs régimes, et où d’autres reculent la date de l’affrontement avec les vrais ennemis de la nation, l’alliance impérialo-sioniste et tous ceux qui tournent autour. Aujourd’hui, cela n’est plus possible et les centaines de drapeaux américains brûlés dans les capitales et villes arabes, sans parler des assauts contre les ambassades américaines, sont éloquents : les Etats-Unis et ce qu’ils représentent, leur arrogance, leurs crimes, leurs valeurs hypocrites, et surtout leur alliance militaro-économico-culturelle avec l’Etat colonial sioniste sont la cible des foules musulmanes en colère, mais aussi des ulémas de la nation, de ses intellectuels et de ses médias demeurés au service de la parole vraie, parce que les Etats-Unis sont perçus comme étant l’ennemi. Cela a au moins valeur de clarification.
Faut-il déplorer le fait que nous n’assistons pas à de telles colères lorsque la mosquée al-Aqsa dans la sainte ville d’al-Qods est occupée, profanée ou en voie de destruction ? Ou bien se poser la question pourquoi une atteinte à la personnalité du noble prophète de l’Islam suscite autant de colère au sein des peuples musulmans, alors que l’atteinte à la mosquée al-Aqsa, qui fait pourtant partie de la doctrine musulmane, ne soulève aucune réaction ? Est-ce qu’il s’agit d’habitude et de « normalité », comme l’expliquent certains, c’est-à-dire que l’occupation sioniste de la Palestine et de la ville d’al-Qods, et la profanation devenue presque quotidienne de la mosquée al-Aqsa, sont devenues partie prenante de notre quotidien et que nous n’arrivons plus à envisager la nécessité de les libérer ou de les défendre ? Ou bien faut-il s’attendre à ce que des mobilisations de plus en plus fréquentes des peuples, pour les causes justes, telles que la défense de la doctrine de l’Islam et de son prophète, ne peuvent qu’entraîner progressivement les mobilisations pour défendre nos lieux saints profanés, notre ville sainte en voie de judaïsation, notre pays occupé et notre peuple martyrisé ?
La mosquée al-Aqsa, dans la ville d’al-Qods, est menacée par l’alliance impérialo-sioniste qui s’est emparée de la Palestine il y a plus de soixante ans. Ceux-là même qui sont responsables des insultes à l’islam, à son noble prophète et aux musulmans sont également responsables des profanations des lieux saints à al-Qods, de la judaïsation et du nettoyage ethnique qui se déroulent aujourd’hui, dans al-Qods, al-Naqab et al-Aghwar. C’est dans la Palestine meurtrie que se situe l’essence du conflit entre la justice et l’injustice dans le monde, entre l’arrogance des puissants et la dignité des peuples.
C’est pourquoi il est plus que nécessaire que les soulèvements qui agitent le monde arabo-musulman contre les Etats-Unis se poursuivent pour protester contre la présence des bases américaines dans notre région (cela a eu lieu à Qatar, par exemple) et pour protester contre la profanation de la mosquée al-Aqsa et la judaïsation de la ville sainte d’al-Qods. Des commentateurs arabes ont critiqué les manifestations, sous le prétexte qu’elles ont méditlisé un film médiocre, comme elles l’avaient fait pour le livre du renégat Salman Rushdie, oubliant le fait que l’absence de manifestations pour al-Qods et al-Aqsa ont abouti à la banalisation de leur profanation et judaïsation, puisque les médias occidentaux, suivant en cela leurs « maîtres » politiques et militaires, et soucieux de « liberté d’expression » continuent à ignorer ce qui se passe en Palestine, dans toute la Palestine, dans al-Qods et dans la mosquée al-Aqsa.
Fadwa Nassar
16 septembre 2012