Il a appelé les Américains à entreprendre des projets économiques dans la Békaa pour infiltrer la société chiite!
Le vice-président du parti socialiste progressiste, Doureid Yaghi, est « l’une de nos sources d’informations fiables depuis longtemps. Il est originaire d’une région inaccessible pour nous », explique l’ancien ambassadeur américain Jeffrey Feltman en parlant de ce « chiite modéré » venu de la Bekaa.
Celui-ci fournissait aux Américains tous les renseignements en sa disposition sur les alliances électorales, les différends entre les familles, la situation sécuritaire dans la région mais aussi sur les voies de transport des roquettes du Hezbollah !
A chaque rencontre avec Feltman ou Michel Sisson, également ancienne ambassadrice US au Liban, Yaghi répétait le même leitmotiv : « Baalbeck n’est pas le Sud… le Hezbollah n’est pas aimé de la population ici ».
Début février 2007, ledit responsable progressiste a rencontré Jeffrey Feltman pour débattre de la situation du Hezbollah à Baalbeck après la guerre de juillet. Feltman rapporte « le sarcasme de Yaghi sur le chaos qui règne dans l’évacuation des responsables du Hezbollah de la région et son désarroi suite à la victoire de ce dernier ».
Dans cette rencontre, ce responsable du PSP a affiché son mécontentement puisque le Hezbollah allait reprendre le contrôle de la région, « bien qu’il ne jouisse plus du même soutien populaire du passé », selon ses propres termes, figurant dans le câble diplomatique 07BEIRUT219 et publiés par Wikileaks.
Et pour affaiblir la popularité du parti de la résistance à la Békaa, Doreid Yaghi a demandé à l’ambassadeur US au Liban de faire pression sur le gouvernement de Fouad Siniora pour transformer une partie des dons internationaux en projets de développement à Baalbeck.
A la fin de la rencontre, Yaghi a promis à Feltman de lui fournir tous les renseignements en sa possession sur le Hezbollah.
« Le Hezbollah transporte ses roquettes du Sud à la Békaa »
Quelques jours après l’entrevue, le chiite « modéré » contacte Jeffrey Feltman pour l’informer que le Hezbollah a transporté la plupart de ses roquettes du Sud et les a montées sur 52 plateformes à Ballabeck. Il lui a déterminé l’emplacement exact de 4 plateformes, et fourni le nom d’un haut officier de l’armée libanaise, « un pro-Hezbollah qui entrave toute opération sécuritaire contre ce parti ».
« Nous sommes prêts à nous défendre et à combattre pour notre patrie. Nous, en tant que chiites indépendants à la Békaa, avons une volonté forte et inébranlable. Nous sommes forts et nous pouvons vaincre le Hezbollah. Notre projet consiste à entreprendre des projets civils et religieux pour infiltrer la société chiite à travers les organisations non gouvernementales et les hommes de religion », a affirmé Yaghi haut et fort lors de la visite à Washington d’une délégation de chiites « modérés » présidée par Lokman Sélim en 2008.
Le 22 mars, une rencontre a eu lieu entre le vice-président du PSP et l’ambassadrice US Michel Sisson, en présence de diplomates américains. Le sujet principal fut les élections et la nécessité de soutenir les candidats chiites indépendants dans la circonscription de Baalbeck-Hermel. Devant les diplomates présents, Yaghi a répété que « la plupart des tribus et des familles de Baalbeck et de Hermel ne soutiennent pas le Hezbollah, et qu’une alliance regroupant les chiites modérés et ces familles pourrait changer la donne ».
« L’un de mes proches a tué un élément du Hezbollah. Baalbeck n’est pas le Sud. A Baalbeck, on tue le Hezbollah » !, a-t-il vanté, dans une dernière tentative de convaincre les Américains de soutenir son projet dans cette région.
Mais la réalité n’a pas tardé à contredire les allégations de Yaghi. La victoire électorale du Hezbollah à la Békaa fut écrasante.