25-11-2024 04:30 AM Jerusalem Timing

Le parti au pouvoir turc assisté par les Etats-Unis pour vaincre l’armée !

Le parti au pouvoir turc assisté par les Etats-Unis pour vaincre l’armée !

L’administration US s’était opposée au complot des militaires visant à renverser le gouvernement d’Erdogan

Les verdicts prononcés la semaine dernière contre 330 militaires turcs, auteurs d’un coup d’Etat avorté en 2003, ont suscité de multiples interrogations sur la fin ou non du mandat de l’armée turque dans le pays. Les lourdes peines à l’encontre des généraux et des hauts-gradés militaires constituent selon les analystes un message fort au reste des dirigeants militaires actuels qui oseraient s’ingérer dans les affaires politiques de l’Etat. Toutefois, une question se pose sur les raisons de cette faiblesse inouïe de l’armée, elle qui contrôlait les rouages du pouvoir depuis 1960.

Plusieurs facteurs contribuent en effet à ce changement radical survenu à l’armée turque, mais le facteur primordial est externe et est lié à l’invasion militaire américaine de l’Irak en 2003 !
Sachant que tous les coups d’Etat survenus en Turquie étaient « made in USA », et  ils visaient soit à renverser un président « rebelle » tel Adnane Mandriss, soit à faire face aux mouvements de gauche comme dans le cas des deux coups d’Etat en 1971 et 1980. Le coup d’Etat de 1997 était ourdi contre les politiques de Nejm eddine Arbakan, qui s’est rapproché de l’Iran et de la Libye.
Début 2003, les troupes américaines s’apprêtaient à envahir l’Irak.

Le gouvernement turc, dirigé  par Abdallah Gul, a présenté un mémorandum au Parlement permettant aux Américains d’utiliser le sol turc pour envahir l’Irak. Malgré le soutien de la majorité des députés du parti « Justice et égalité », le mémorandum a été rejeté par le Parlement.

Washington, à travers son ministre de la défense à l’époque, Paul Wolfowitz, a accusé l’armée turque d’être derrière le rejet du mémorandum. Quelques années plus tard, son successeur Donald Rumsfled a imputé à cette même armée la responsabilité de la mort d’un nombre élevé de soldats américains en Irak, parce qu’Ankara n’était pas un partenaire dans la guerre américaine.

Pour cette raison, l’administration US s’était opposée au complot des militaires visant à renverser le gouvernement d’Erdogan. Les généraux ont été ainsi victimes des fuites américaines au gouvernement turc. Ils ont été par la suite arrêtés, jugés et emprisonnés.
En parallèle à la politique US contre l’institution militaire turque, le parti « justice et développement » présentait aux yeux de Washington un « modèle » sur le soi-disant « islam modéré », surtout après les attentats du 11 septembre. L’administration de George Bush a pu donc profiter de ce nouveau modèle pour justifier son attaque contre « l’islam non modéré », représenté par l’organisation d’alQaïda. George Bush et Barack Obama ont alors ordonné successivement de protéger le pouvoir du parti « Justice et développement », voire de les renforcer.

Bref, la colère de Washington envers l’armée turque et l’exploitation du « modèle turc » constituent deux facteurs principaux pour la fin de la domination militaire turque sur la vie politique du pays.

A cela s’ajoute d’autres facteurs internes, liés cette fois au processus de développement politique pour le renforcement de la démocratie et des libertés entamés entre 2003 et 2004.

Par ailleurs, le processus de développement économique lancé dans la même période a permis au parti « Justice et développement » d’obtenir la majorité des voix d’électeurs lors des élections parlementaires en 2007 et 2011. Ceci a renforcé encore plus la popularité dudit parti et lui a permis d’aller de l’avant dans l’élimination du rôle de l’institution militaire.

La domination militaire s’est amoindrie encore plus suite à la promulgation des lois permettant de traduire en justice des militaires, et à la démission forcée de la direction militaire en juillet 2011, pour désigner à sa place une autre direction complètement soumise au contrôle du parti politique au pouvoir.

source: assafir