Les forces du 14 mars ont immédiatement ridiculisé l’information sur la tentative d’assassinat du général Aoun.
De retour du casa de Jezzine (Liban Sud) où il effectuait une tournée samedi soir, le chef du Courant patriotique libre le général Michel Aoun a été l’objet d’une tentative d’assassinat à Saïda.
Il ne s’agit certes pas de la première attaque contre des personnalités politiques libanaises, mais le refus immédiat des forces du 14 mars de considérer cet incident comme étant une attaque contre le général Aoun, est une première.
Pourtant, le directeur de la sureté générale Abbas Ibrahim vient de trancher mardi soir: la façon dont le convoi de Michel Aoun a été visé montre qu’il s’agissait bel et bien d’une tentative d’assassinat.
Même son de cloche chez le ministre de la défense FayezGhosson et le ministre de l’intérieur Marwan Charbel qui ont assuré que le convoi du chef du CPL a été pris pour cible à Saïda.
Le général Aoun a lui aussi affirmé que trois balles ont été tirées sur son convoi fictif, ajoutant qu’une balle a atteint l’une des voitures, preuve matérielle tangible sur la véracité de ses propos.
Mais les forces du 14 mars ont aussitôt tourné en dérision l’information, préférant attribuer à l’attaque une dimension électorale !
Il y a déjà quelques mois, certains dirigeants de cette coalition ont martelé haut et fort avoir été la cible d’attaques, présentant à l’opinion publique des récits hollywoodiens, difficiles à digérer.
Le 4 avril dernier, le chef des forces libanaises Samir Geagea a dit avoir échappé de justesse à des tirs de feu alors qu’il cueillait une fleur de son jardin, situé dans sa maison hautement protégée à Meerab.
Dans la même journée, Geagea a tenu une conférence de presse exposant les moindres détails sur le déroulement des faits, imputant la responsabilité, sans le dire ouvertement, au Hezbollah : « Il s’agirait de plus d’un sniper, et les fusils de précision utilisés sont de calibres 12.7 et 14.5 mm… Ils ont essayé de me tuer à l’aide d’armement très sophistiqué, qui dépasse de loin nos capacités. Ils avaient placé une caméra à 4 km pour surveiller le site 24h sur 24 et détecter nos mouvements. Ensuite, une équipe exécutive est passée à l’action lorsqu’elle a jugé que le moment est propice. Une telle opération nécessite en effet des moyens technologiques très sophistiqués qui couvrent une distance de 3 à 6 km », avait-il raconté, outrepassant les résultats de l’enquête qui n’avait pas encore commencé !
Le 5 juillet dernier, le député Boutros Harb est passé à l’écran pour raconter les dessous d’une tentative d’assassinat avortée contre lui, alors qu’il était dans son bureau dans la rue Sami el-Solh, à Beyrouth. Tout de suite, une campagne médiatique contre le gouvernement actuel et le Hezbollah a débuté.
"Après avoir contacté les forces de l’ordre, une voiture de type BMW aux vitres teintées est arrivée sur les lieux avec, à son bord, des hommes armés se clamant membres des services de renseignement de l’armée libanaise. L’un des hommes a pointé son fusil sur le suspect et l’a forcé à monter dans la voiture. Plus tard, d’autres voitures roulant à grande vitesse et à contre-sens se sont arrêtées devant le bâtiment avant de repartir en direction de Tayyouneh (dans la banlieue sud de Beyrouth)", a-t-il expliqué, pointant du doigt le Hezbollah.
Les forces du 14 Mars ont plus spécialement tenu le Courant patriotique libre (et son ministre des Télécommunications Nicolas Sehanoui) ainsi que le Hezbollah pour responsables en raison de leur mainmise sur les données téléphoniques (All Data) et leur refus de les fournir aux services sécuritaires.
Plusieurs mois se sont écoulés aux deux tentatives d’assassinat, les enquêtes n’ont rien révélé sur les identités des auteurs. L’important c’est que les deux incidents ont été largement exploités dans les médias du 14 mars : Le Hezbollah cherchent à liquider ses adversaires politiques. Pour eux, peu importe la vérité, la priorité est de diaboliser le Hezbollah