Pour certains observateurs turcs, il s’agit là d’un début d’un revirement de la politique étrangère turque envers la Syrie.. Pour d’autres..
La décision de transférer la direction de l’ASL de la Turquie vers la Syrie suscite beaucoup d’interrogations sur le plan interne de la part des Turques et différentes analyses.
Ainsi, deux lectures se présentent, écrit Mohamad Nouredinne, journaliste spécialiste des affaires turques, dans son dernier article publié dans le quotidien libanais asSafir !
La première affirme que cette décision n’est qu’une pause dans la campagne virulente que mène la Turquie, depuis le début de la crise syrienne, contre le régime de Bachar alAssad et contre sa personne. Une annonce qui intervient, une semaine avant la tenue de la quatrième conférence du parti de la Justice et de developpement . La deuxième lecture estime qu’au contraire il s’agit là d’un début d’un revirement de la politique étrangère turque, suite aux virulentes critiques dirigées contre le parti au pouvoir, de la part des cadres du parti lui-même, et aussi pour éviter la recrudescence des défaillances économiques et sociales.
Ainsi selon, Mohamad Ali Birand, analyste politique connu dans le journal Hurriyet, « le parti de la Justice et du Développement ne hausse plus le ton ces jours-ci contre la Syrie. Il semble enrouillé. Si cela est prouvé, c’es un pas dans la bonne direction ».
Il explique que « la Turquie s'est imposée dans le groupe dirigé par les États-Unis et l’ Europe , encouragée par le Qatar et l'Arabie Saoudite. Et au nom de l’Humanité, la Turquie a appelé à mettre fin au régime d'Assad et à l'établissement d'une zone d’embargo aérien pour étouffer le président Assad. Et dans cette cacophonie, la voix de la Turquie était la plus haute. Nous avons crié, nous avons tapé des pieds, nous avons demandé à alAssad de démissionner, nous lui avons donné un délai de 5 à 6 mois. Et à chaque fois que nous échouons à atteindre cet objectif, nous durcissons le ton plus. Nous avons pensé qu’al- Assad partirait dans quelques mois mais cela n’a pas eu lieu. Nous avons prolongé le délai d'un an et demi et alAssad est toujours au pouvoir. Nous avons ouvert nos portes aux réfugiés. Nous avons dit que nous pouvons accueillir cinquante mille, ils sont devenus cent mille et ils nous coûtent 400 millions de dollars. Et personne n’a mis sa main dans sa poche pour nous donner cette somme. Nous avons établi le quartier général de l’opposition syrienne sur notre territoire. Puis nous avons constaté qu’elle ne jouissait pas d’une force nécessaire. Certains nous ont même accusés d’armer l'opposition et de leur offrir une base militaire ».
Et de poursuivre : «Franchement, nous étions les premiers parmi les pays à nous jeter dans l’eau et nous avons pensé que les autres feraient autant. Or, nous sommes seuls dans ce bourbier, il n’y a personne derrière nous. Washington nous retient toujours contre toute intervention militaire. Et toutes ses déclarations sont contre une intervention militaire ».
Selon l’analyste politique de Hurriyet « Cette réticence amèricaine s’explique par diverses facteurs. D’abord, il y a les élections présidentielles américaines et le président américain Barack Obama ne veut pas se livrer à une aventure avant l'élection. Voire la situation après l'élection présidentielle reste incertaine quelque soit le président élu, car tout le monde ne veut pas d'intervention militaire en Syrie, et le peuple américain ne veut pas envoyer ses enfants à la guerre dans les déserts du Moyen-Orient et payer des milliers de milliards de dollars. Les Américains ne veulent pas répéter l'expérience de l'Irak et de l'Afghanistan qui leur coûtent encore des vies ».
Autre facteur, poursuit l’écrivain turc, « la situation des chrétiens en Syrie et Israël craint de la période post-Assad. Car à chaque fois qu’on posait la question et si à la place du régime laïc, un régime religieux prenait le pouvoir ? La réponse de l’Amérique et de l'Europe a été de freiner le conflit ».
Toutefois une deuxième lecture de la décision turque de transférer le Q.G de l’opposition syrienne vers Damas, a été présenté par l’écrivain du quotidien turc Melliat, Kadri Gursel.
Selon ce dernier « le parti de la justice et du développement a usé d' un ton inquiétant pour présenter sa politique étrangère et gagner des voix. Et, il a réussi à le faire. Mais le parti voit maintenant, qu’il ne peut pas continuer dans cette politique en faillite, en particulier envers la Syrie ».
Il a ajouté que «les politiques sunnites du parti de la Justice envers la Syrie ont peint le parti du peuple républicain comme étant le parti des alaouites.
Et donc « la mission du parti du peuple républicain est de prouver qu’il n’est pas le parti des Alaouites, par conséquent aider le parti de la Justice de se libérer de ses politiques communautaires».
Le journaliste turc refuse les accusations du parti du peuple républicain envers le parti de la justice, comme "étant un outil entre les mains de l’étranger".
Selon lui «parmi les membres de l’OTAN, seule la Turquie veut déraciner le régime baasiste en Syrie et amener les Frères musulmans au pouvoir. La Turquie a ici sa propre politique, les Etats-Unis se contentent de leur offrir un soutien»!
Il a estimé que la priorité pour Washington n'est plus le Moyen-Orient, mais le Pacifique, et la Turquie est parfaitement consciente que vous ne pouvez pas changer le régime en Syrie sans le soutien des Etats-Unis et l'alliance occidentale dans toute opération militaire ».