23-11-2024 11:29 PM Jerusalem Timing

Les Portugais reprennent la rue contre une rigueur toujours plus sévère

Les Portugais reprennent la rue contre une rigueur toujours plus sévère

"Notre avenir est hypothéqué par les mesures de la troïka (UE-BCE-FMI, qui représente les créanciers du pays). Le peuple portugais en a marre", s’est indigné un fonctionnaire participant à cette manifestation.

Les indignés au PortugalDes dizaines de milliers de Portugais se sont rassemblés samedi à Lisbonne à l'appel des syndicats pour crier leur refus de la politique de rigueur menée par le gouvernement de centre-droit, qui s'apprête à l'accentuer afin de tenir ses engagements internationaux.

Vers 17H00 locales (16H00 GMT), les manifestants avaient rempli la Place du Commerce, située au coeur de la capitale et qui, selon les estimations de la presse, peut contenir entre 70.000 et 175.000 personnes.

Cette manifestation "contre le vol des salaires et des pensions de retraite" était organisée par la CGTP, la principale confédération syndicale portugaise mais comptait sur le soutien des mouvements d'indignés et d'un groupe de citoyens qui, via les réseaux sociaux, avait mobilisé deux semaines auparavant plusieurs centaines de milliers de personnes dans une trentaine de villes.

Témoignant d'une grogne sociale grandissante, ce rassemblement du 15 septembre a été le plus important au Portugal depuis que le pays a obtenu, en mai 2011, une aide de 78 milliards d'euros de l'Union européenne et du Fonds monétaire international.

Dans l'Espagne voisine aussi, l'exaspération sociale devient plus perceptible alors que le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy compte poursuivre sur le chemin de l'austérité.

Haranguant la foule réunie à Lisbonne, le secrétaire général de la CGTP, Arménio Carlos, a appelé à "l'unité de toutes les victimes de cette politique" et annoncé la tenue le 3 octobre d'une réunion de la centrale syndicale qui "discutera de la convocation d'une grande grève générale".

Sur la place aux abords du fleuve Tage, les manifestants ont scandé "A bas l'austérité !" en brandissant pancartes et drapeaux des syndicats des administrations locales, des enseignants et même des forces de l'ordre, avant de se disperser dans le calme.

"Tout va mal!"

"Notre avenir est hypothéqué par les mesures de la troïka (UE-BCE-FMI, qui représente les créanciers du pays, ndlr). Le peuple portugais en a marre", s'est indigné Francisco Lopes, un fonctionnaire de 56 ans venu avec son fils, Rui, qui participait à sa première manifestation.

"Nous sommes dans une spirale sans fin et je ne vois pas comment ma génération pourra avoir du travail, un logement, une famille", s'est inquiété le jeune homme de 27 ans.

Maria José Oliveira et son mari, deux ouvriers du textile au chômage, étaient venus en autocar de Braga (nord-ouest) pour clamer leur "indignation". Le couple de quinquagénaires ne descendait plus dans la rue depuis la révolution qui a renversé la dictature d'Antonio Salazar, le 25 avril 1974.

"Tout va mal! Nos dirigeants doivent changer de mentalité et nous trouver du travail, leurs mesures sont injustes", a-t-elle dit à l'AFP.

En échange de son sauvetage financier, Lisbonne s'est appliqué à mettre en oeuvre une sévère cure de rigueur mais la récession économique et le chômage se sont aggravés, et le gouvernement de centre-droit peine à assainir les comptes publics.

Le déficit budgétaire s'élevait fin juin à 6,8% du PIB, un chiffre encore loin de l'objectif de 5% pour l'ensemble de cette année, qui vient d'être revu à la hausse par ses bailleurs de fonds.

Un contrôle renforcé des dépenses et une augmentation des impôts sur le patrimoine et le capital sont à l'étude afin de corriger ce dérapage.

En 2013, le gouvernement devra ramener le déficit à 4,5% du PIB, contre un objectif de 3% auparavant, en faisant des économies supplémentaires de 4,9 milliards d'euros qui impliqueront une nouvelle hausse de l'impôt sur le revenu, a-t-il déjà prévenu.