Les dirigeants européens se retrouvent dans une atmosphère tendue jeudi en sommet en raison de leurs divergences persistantes sur l’intervention militaire en Libye, son objectif final et le rôle exact attribué à l’Otan dans l’o
Le programme de la réunion de deux jours à Bruxelles, qui débute vers 17H00 (16H00 GMT), est particulièrement chargé.
Les chefs d'Etat et de gouvernement sont en même temps confrontés à la perspective de devoir verser prochainement avec le FMI une aide financière au Portugal, suite à la démission du Premier ministre José Socrates, après avoir déjà volé au secours de la Grèce et de l'Irlande l'an dernier.
En parallèle, les ambassadeurs des pays de l'Otan, dont la grande majorité des Etats de l'UE font partie, devaient poursuivre dans l'après-midi des tractations entamées depuis plusieurs jours pour tenter de finaliser le rôle de l'Alliance atlantique dans l'opération en Libye.
Pour l'heure la Turquie bloque. Elle a empêché la conclusion d'un accord mercredi, refusant d'autoriser l'Alliance à prendre en charge la zone d'exclusion aérienne dans le ciel libyen si, en préalable, la coalition ne cesse pas ses bombardements.
Or, la France a affirmé jeudi que la coalition allait "continuer les frappes aériennes" sur des cibles militaires. "Cela va continuer le temps nécessaire", a déclaré son chef de la diplomatie, Alain Juppé.
Le temps presse. Les Etats-Unis montrent des signes d'impatience à l'Otan, selon un diplomate, car ils veulent se désengager le plus vite possible de la conduite des opérations de la coalition menée aux côtés principalement de la France et de la Grande-Bretagne, pour passer le relais à l'Otan.
Le président Barack Obama fait face à de virulentes critiques dans son pays à propos du rôle des Etats-Unis dans les frappes contre la Libye, de l'incertitude sur l'issue de l'intervention et le coût de la guerre, alors que le pays est déjà lourdement engagé en Afghanistan et en Irak.
Selon une source diplomatique, un compromis est toutefois en vue avec Ankara qui verrait "les pays souhaitant mener des frappes en Libye le faire et ceux qui y sont opposés ne pas le faire".
D'ores et déjà, l'Otan, appelée à s'occuper aussi de l'embargo maritime autour de la Libye, a finalisé l'essentiel de sa structure de commandement pour ses missions, où les bases italiennes de Naples (Sud) et Poggio Renatico (Nord) joueront un rôle clé, selon cette source.
Mais, signe de tensions persistantes, l'Allemagne a décidé de suspendre la participation de ses navires de guerre aux opérations de l'Otan en Méditerranée, afin de ne pas avoir à se joindre au contrôle de l'embargo sur les armes à destination de la Libye et à faire usage d'armes.
Berlin, qui s'est abstenu à l'ONU, reste opposé à l'intervention militaire.
Et le compromis trouvé sur la direction des opérations, qui selon la France confie le "pilotage politique" aux seuls pays de la coalition, tandis que l'Alliance se charge de la mise en œuvre, continue à susciter des réserves.
Le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker a indiqué "regretter la désorganisation européenne sur cette question", avec en outre une politique étrangère commune de l'UE qui a volé largement en éclats, comme lors de la guerre en Irak en 2003.
Les dirigeants européens réunis à Bruxelles vont au moins se retrouver pour discuter du rôle de l'UE. Elle travaille à une mission humanitaire en Libye sécurisée par des moyens militaires, se prépare à un éventuel afflux d'immigrants clandestins d'Afrique du Nord et cherche à augmenter son aide économique à la région.
Au-delà, il faut se projeter dans l'après-Kadhafi. "L'intervention militaire n'est pas une fin en soi, il faudra une issue politique à cette crise, il est bon que le Conseil européen (le forum des dirigeants de l'UE, ndlr) commence à en débattre, à y réfléchir", souligne une source proche du président français Nicolas Sarkozy.