Des élus républicains comme démocrates ont déploré qu’Obama n’ait pas cherché l’approbation explicite du Congrès avant de lancer l’opération en Libye et se sont montrés inquiets à propos de son coût.
Le président Barack Obama fait face à de violentes critiques allant jusqu'à des appels à sa destitution à propos du rôle des Etats-Unis dans les frappes contre la Libye, une opération dont on ignore toujours le coût ainsi que la stratégie de sortie.
Sous pression pour que l'intervention de l'armée prenne rapidement fin, Obama a indiqué sur la chaîne Univision mardi que "la stratégie de sortie serait appliquée cette semaine", mais il a aussi affirmé que les forces américaines restaient impliquées dans le conflit.
"Nous allons avoir un rôle d'appui, nous continuerons d'apporter nos techniques de renseignement et de blocage des communications qui sont uniques", a ajouté Obama.
Au cours d'une conférence de presse mardi au Salvador, où il s'est rendu dans le cadre d'une tournée latino-américaine, il a noté qu'il y avait "déjà une réduction significative des vols d'avions américains au-dessus de la Libye".
Mais des élus républicains comme démocrates ont déploré qu'il n'ait pas cherché l'approbation explicite du Congrès avant de lancer l'opération en Libye et se sont montrés inquiets à propos de son coût.
Ils ont été informés des frappes américaines mardi par des conseillers du président mais ont regretté que l'administration se soit abstenue de donner une
évaluation financière de l'opération qui pourrait se monter à des centaines de millions de dollars.
L'opinion publique américaine soutient pour l'instant les frappes puisque 47% des Américains approuvent l'intervention contre les forces du colonel
Kadhafi face à 37% qui les désapprouvent, selon un sondage Gallup.
Cependant, 44% des électeurs indépendants, qui font souvent la différence lors des élections aux Etats-Unis, sont contre l'intervention (38% pour).
Les représentants démocrates Barbara Lee, Mike Honda, Lynn Woolsey et Raul Grijalva ont accusé Obama "d'aller en guerre dans la précipitation avec une
connaissance limitée de la situation sur le terrain et sans stratégie de sortie".
"Nous nous battrons au Congrès pour nous assurer que les Etats-Unis ne se laissent pas entraîner dans un bourbier en Libye sans porte de sortie ni stratégie diplomatique de paix", ont-ils déclaré dans un communiqué commun.
Ces élus estiment que le Congrès, à qui la Constitution réserve le droit de déclarer la guerre, aurait dû approuver les opérations. Ils ne sont toutefois pas allés jusqu'à dénoncer un manquement méritant une destitution, comme l'a affirmé le représentant démocrate Dennis Kucinich.
Celui-ci, qui qualifie l'Irak et l'Afghanistan de "bourbiers ingagnables" et qui a promis de chercher à empêcher le financement de l'intervention en Libye, a accusé mardi Obama de "replonger les Etats-Unis dans une nouvelle guerre que nous ne pouvons pas financer".
M. Kucinich ne faisait toutefois guère d'émules au Congrès dans son appel à la destitution du président, même du côté républicain, où l'on reprochait à Obama d'avoir agi timidement et sans demander l'autorisation du Congrès.
Dans le camp républicain, des conseillers en profitaient pour faire circuler une video de 2007, où le vice-président Joe Biden, alors sénateur, affirmait haut et fort que George Bush devait être destitué s'il attaquait
l'Iran sans l'approbation du Congrès.
"Le président n'a pas l'autorité constitutionnelle pour emmener ce pays à la guerre", affirme Biden dans la video, "à moins que nous soyons attaqués
ou sur le point de l'être. Et s'il le fait, je demanderai sa destitution".
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