Le coup monté des tirs syriens vers la Turquie se dévoile et révèle ses véritables objectifs.
Au fur et à mesure que les forces gouvernementales syriennes réalisent des avancées sur le terrain en particulier à Alep et Homs, la Turquie menace plus fort d’intervenir militairement, l’affaire des tirs contre ses régions frontalières turques fait de plus en plus penser à un coup monté pour justifier son intervention. Les Américains envoient une Task-force en Jordanie, les Saoudiens et koweïtiens envoient davantage d’armements aux miliciens, et des pays occidentaux affluent les miliciens européens.
Ankara continue d’exploiter les tirs
Ce mercredi, le chef de l'armée turque a relayé le Premier ministre Erdogan pour menacer la Syrie d'une "réponse encore plus puissante" si selon lui « elle continue ses tirs vers le territoire turc », ont rapporté les télévisions selon l’AFP.
"Nous avons répondu (aux tirs syriens). S'ils continuent, nous riposterons d'une manière encore plus puissante", a dit le général Ozal dans le village d'Akçakale (sud-est), où cinq civils avaient été tués le 3 octobre par des tirs syriens.
Cette escalade turque a rendu suspect aux yeux des observateurs la réelle provenance des tirs qui frappent les régions frontalières turques et qui soupçonnent de plus en plus un coup monté pour justifier une intervention turque, qui n’attend que cela.
Le coup monté des tirs?
Pour la premier fois, un journal syrien proche du pouvoir, Al-Watan a accusé le gouvernement d’Erdogan d’être derrière les tirs de roquettes et d’obus contre des régions frontalières turques, dans le but de les prendre pour prétexte pour une intervention qui vise à instaurer une zone d’exclusion aérienne exigées par elle et les factions de l’insurrection syrienne.
Le journal s’est étonné que ces tirs en provenance de la Syrie se poursuivent sans arrêt, pour être suivis de ripostes turques contre des positions de l’armée syrienne, puis directement après par des attaques de miliciens contre ces mêmes positions.
Et la télé allemande aussi ? Mais
Le site en ligne Syria Truth, (journal de l’opposition syrienne de gauche hostile au pouvoir et à l’insurrection en même temps) a assuré pour sa part que la chaine de télévision allemande ZDF a diffusé dans son édition d’infos de vendredi 5 octobre un reportage dans lequel des miliciens reconnaissent avoir été derrière le premier tir d’obus meurtrier qui a touché la localité d'Akçakale, et signalent l’avoir tiré de la ville Tel-Abiad. Le site qui a pris soin de publier l’édition allemande, sans la doubler toutefois, signale qu’à la 63ème seconde , il est dit littéralement : « entretemps, les rebelles en Syrie ont revendiqué cette provocation » et son correspondant à Istanbul précise à la 85ème seconde à peu près que « les rebelles en Syrie ont voulu depuis longtemps impliquer la Turquie dans leur conflit ». Ce qui s’est réellement passé, lorsque la Turquie a attaqué des positions syriennes.
Après avoir remarqué que les sites des insurgés ont réagi avec euphorie à l’intervention turque, Syria-Truth constate par la suite que le reportage allemand n’a pas tardé à être modifié : les deux phrases citées ci-dessus ayant été effacées.
Trafic d’organes pour financer l’insurrection ??
C’est un journal turc Yurt qui a été le premier à mettre en question la version turque officielle des tirs, accusant le gouvernement d’Erdogan. Ce mercredi, il a révélé un nouveau scandale : les milices syriennes vendent les organes des syriens enlevés et tués à la mafia des organes et ce pour financer son insurrection. le quotidien se base dans son information sur son correspondant en Syrie, Omar Ademich, citant un directeur de morgue qui a requis l’anonymat et selon lequel « de nombreux cadavres de citoyens syriens puis kidnappés puis tués par les groupuscules armés ont été retrouvés sans organes intérieurs, ont été retrouvés sans reins, ni foi et ni yeux ».
Des armements koweïtiens et saoudiens
Selon le site Syrian Documents, la milice « Brigade d’Islam » a montré les images d’une batterie anti-aérienne de 14.5, qu’elle a dit avoir obtenue grâce aux dons koweïtiens. Tandis que la chaine d’information britannique BBC a révélé la présence de preuves sur l’envoi en Syrie d’armements destinés à l’Arabie saoudite.
Selon le correspondant de la chaine, il a vu de ses propres yeux trois caisses d’armements provenant d’une société d’armements ukrainienne, Dastan, et dont le contenu était distribué par les miliciens dans une mosquée d’Alep.
Une task-force américaine
Le ministre de la guerre américain Léon Panetta a confirmé l’envoi d’une unité militaire américaine vers la frontière syro-jordanienne, avec comme but affiché d’« aider à l’instauration d’un siège qui puisse rendre les relations entre les Etats-Unis et la Jordanie assez fortes pour réagir aux séquelles probables des évènements en Syrie ».
Avant cette confirmation, cette information avait été révélée par le New York Times lequel a révélé que cette Task force comprend 150 éléments qui se sont installés dans un camp d’entrainement militaire jordanien située au nord de la capitale Omman et à 50Km de la frontière avec la Syrie. Dans le journal, la mission qui lui est confiée est de « contrôler le flux des réfugiés syriens et dans l’éventualité d’une perte de contrôle par le régime syrien des armes chimiques ».
Aussitôt, par la voix d’un porte-parole, l'armée jordanienne a démenti ces informations assurant qu’elles sont « infondées » et publiées par l'agence officielle Petra. Selon ce porte-parole, les forces jordaniennes sont "en mesure de faire face à toute sorte de menace". Un démenti qui ne saurait couvrir les révélations du responsable américain.
Des miliciens européens aussi
En parallèle, les flux de miliciens se poursuivent en Syrie, dont entre autres en provenance des pays occidentaux. Le New York Times a révélé que des syriens détenant des nationalités occidentales sont venus gonfler les rangs des miliciens de l’ASL. Leur nombre s’élève à près de 100, et ils viennent généralement de la Grande Bretagne, des France, du Canada et des Etats-Unis.
Le journal cite l’exemple d’un certain Obeidat Hito, un américain d’origine syrienne de 25 ans vivant au Texas, qui est venu en Syrie, en passant par la Turquie, malgré le refus de ses parents. Hito raconte avoir suivi les snipers qui tuent les soldats syriens des barrages et qu’il a été blessé en tentant de filmer la scène, pour ensuite être transporté à un hôpital à Istanbul.
Cette information du New York times a été accompagnée par celle le journal britannique Sunday Times selon lequel « la nostalgie du djihad séduit les britanniques et les pousse à combattre en Syrie. Signalant que leur nombre s’élève a 50, dont entre autre un employé de la banque HSBC de Birmingham.
Pas de défection d’officiers alaouites
Le conseil suprême de la milice de l’ASL a fini par démentir l’information annoncée par l’ASL, puis diffusée et relayée par des sites arabes hostile ou pouvoir en Syrie et selon laquelle 7 officiers alaouites de l’armée syrienne ont fait défection et se sont exilés en Turquie et en Jordanie. Selon Aref Hammoud, un haut responsable de ce conseil, aucun officier alaouite n’est arrivé en Jordanie.
Terrain
Dans la deuxième métropole syrienne, Alep, l’armée régulière avance dans ses quartiers de l’Est, en l’occurrence la région de ‘Arkoub, celle de Boustane Bacha, où un rassemblement de miliciens ont fait l’objet d’un pilonnage et leurs véhicules ont été détruits ; celle de Mayssar ou des tués et blessés sont tombés, dont le milicien Mahmoud Assafrani. et Moughayer où 6 miliciens ont été abattus. Alors que les miliciens ont répliqué par des tirs de roquettes, selon le site aleppin Shukumaku.
Toujours à Alep une source sécuritaire a assuré que les forces gouvernementales ont repoussé une tentative de miliciens pour investir la grande mosquée située dans les vieux quartiers de la ville à proximité de l’entrée des vieux souks de Madina. Au centre d’Alep, des obus tirés par des miliciens de l’entourage de la mosquée ont tué un nombre indéterminé de soldats ainsi que des civils.Selon Syrian Documents, plusieurs miliciens dont un sniper connu sous le nom Abou Kotayba ont été tués dans des accrochages dans le quartier de Sakhour.
A Damas, un crime à caractère confessionnel a été commis contre deux frères de la famille Ghannouche à Jdeidet Artouze dans la banlieue nord.
A Idleb, la bataille bat son plein. Selon yrian Documents, le chef de la milice « Martyrs de Kfar-Oeid » de l’ASL a été tué dans la ville de Khan-Chaukhoune proche de Maaret-Noemane que les miliciens ont déclaré avoir occupée. Un autre milicien Walid Fadel a été tué dans la région de Bab el-Hawa frontalière avec la Turquie. A Deir ezZor, dans le gouvernorat d’Idleb, le cameraman de la chaine de télévision satellitaire syrienne Alikhabriyya, Mohammad Al-Ashram a été tué dans « des tirs terroristes » selon Arabs-Press.
Dans la province de Lattaquié, les combats ne connaissent pas de répit et l’armée poursuit son avancée à partir du village Maydane où elle a détruit les embuscades qui lui étaient tendues et tué une centaine de miliciens. Selon le site Shukumaku, 8 voitures dochka qui ont tenté d’évacuer les cadavres ont aussi été détruits.
Alors que dans le gouvernorat de Homs, le plus grand de tous, les autorités se préparent pour le déclarer région sécurisée
Version AFP: Les rebelles veulent isoler l'armée dans le nord, Homs encerclée
((( Les rebelles syriens cherchaient mercredi à couper les lignes d'approvisionnement de l'armée vers Alep, métropole stratégique du nord, les troupes régulières bombardant violemment des poches rebelles à Homs et dans sa région, au centre du pays.
Alors que la tension est à son comble entre Ankara et Damas, après des tirs syriens suivis de ripostes d'Ankara, le chef de l'armée turque, le général Necdet Ozel, a haussé le ton, menaçant la Syrie d'une "réponse encore plus puissante".
Au lendemain de l'appel du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, Damas a rejeté sa demande de cessez-le-feu unilatéral, exigeant en préalable un arrêt des violences du côté rebelle.
"Nous avons dit à Ban Ki-moon d'envoyer des émissaires vers les Etats qui ont de l'influence sur les groupes armés pour que ces derniers mettent un terme à la violence", a affirmé dans un communiqué le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi.
Après avoir perdu Maaret al-Noomane, l'armée a envoyé des chars pour tenter de reprendre cette ville située sur l'autoroute reliant Damas à Alep, passage obligé pour les renforts qui se rendent dans la métropole commerçante en proie aux combats depuis mi-juillet. Les régions rurales alentour sont tenues par la rébellion.
Les troupes se sont déployées sur une partie de la cinquantaine de kilomètres d'autoroute entre Damas et Maaret al-Noomane, pour sécuriser le passage des chars, selon le centre de presse rebelle de Sermine.
Les rebelles tentaient d'empêcher cette progression, faisant usage de lance-roquettes et d'engins piégés. Trois chars ont été endommagés, a affirmé la même source.
Plus au sud, "les avions du régime bombardaient violemment Khan Cheikhoune pour permettre aux renforts d'avancer vers Maaret al-Noomane", a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), évoquant également des combats au sol.
Khan Cheikhoune se situe également sur la route internationale Damas-Alep, tout comme Saraqeb, plus au nord et déjà aux mains des rebelles.
"Si les rebelles, qui ont déjà Saraqeb et Maaret al-Noomane, prennent Khan Cheikhoune, ils isoleront totalement les troupes du régime à Alep car les renforts ne pourront plus arriver", indique M. Abdel Rahmane.
Pas d'échappatoire à Homs
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A Homs, surnommée la "capitale de la révolution", l'armée tirait des obus contre la vieille ville et ses environs où sont retranchés les rebelles, selon l'OSDH.
"Homs pourrait être déclarée province sécurisée dans les heures ou les jours qui viennent, après la progression de l'armée sur tous les axes de la ville et de sa province", affirmait le quotidien proche du pouvoir Al-Watan, laissant entendre que l'armée se préparait à lancer l'assaut final.
"Nous sommes totalement encerclés, il n'y a pas d'échappatoire", a déclaré à l'AFP un militant qui se fait appeler Abou Bilal et réside dans la vieille ville.
Vendredi, des avions militaires avaient bombardé Homs pour la première fois depuis le début de la révolte, en mars 2011.
Dans l'est du pays, un journaliste d'al-Ikhbariya, chaîne de télévision officielle, a été tué par des "terroristes", a affirmé à l'AFP la direction de la chaîne. Le caméraman Mohammad al-Achram a été touché par deux balles.
Selon Reporters sans frontières, 13 journalistes et 29 citoyens-journalistes ont été tués en Syrie depuis le début du soulèvement. )))