05-05-2024 08:40 PM Jerusalem Timing

L’école publique espagnole se rebelle contre l’austérité

L’école publique espagnole se rebelle contre l’austérité

Dans une Espagne engagée dans une cure d’austérité historique, les coupes dans l’Education ont atteint plus d’un milliard d’euros en 2012, en comparaison avec 2011.

Manifestants espagnolsDes classes surchargées, des centaines de milliers d'enfants privés d'aide pour leurs livres ou pour le déjeuner, des frais universitaires qui augmentent: la cure d'austérité en Espagne provoque la colère des familles et des étudiants déjà étranglés par la crise et le chômage.

"Parents et élèves, unis et en avant", criaient les manifestants qui défilaient jeudi soir à Madrid vers le ministère de l'Education, derrière une pancarte avec les mots "Pour l'éducation publique. Pour l'avenir de nos jeunes".

"Pas un seul pas en arrière, contre les coupes, grève générale", hurlait un mégaphone au moment où les syndicats espagnols s'apprêtent à lancer, vendredi, un appel à la grève générale pour le 14 novembre.

Mercredi, puis jeudi, des milliers de manifestants, souvent vêtus du t-shirt vert qui symbolise leur mouvement, ont défilé à Madrid et dans les autres villes d'Espagne, lors d'une grève des étudiants et lycéens.

"Dans ma classe de collège, j'ai huit enfants sourds et aucune aide", témoigne Teresa Montes, professeur d'anglais de 50 ans.

"Honnêtement, je ne leur consacre pas le temps qu'il faudrait. Pour les enfants sourds, jusqu'à présent, il y avait des interprètes ou des professeurs en renfort, aujourd'hui, plus rien".

Dans une Espagne engagée dans une cure d'austérité historique, les coupes dans l'Education ont atteint plus d'un milliard d'euros en 2012, en comparaison avec 2011, et durant l'année scolaire 2011-2012, il y a eu 3.000 professeurs en moins sur 494.000 enseignants, selon le ministère.

Avec sa fille de 14 ans dans le secondaire et son fils de 20 ans en école d'ingénieur, Leonor Andres, une mère de famille de 50 ans, est directement touchée.

"Cette année, l'université m'a coûté le double: l'an passé j'ai payé 1.200 euros, cette année 2.400", témoigne-t-elle. "Et il y a en plus la hausse de la TVA, qui se ressent partout, dans la nourriture, dans le transport".

Outre la hausse des droits d'inscription, les étudiants fustigent aussi le durcissement des critères d'obtention des bourses, obligeant certains à abandonner leurs études.

Laura Ruiz, une étudiante en journalisme, est de ceux-là: "Les droits sont montés en flèche, l'année dernière l'inscription coûtait 700 euros et cette année 1.300".

Elle redoute la suppression de sa bourse cette année. "Si je ne l'ai pas, je ne peux pas continuer mes études", dit-elle, car sa mère et son frère sont au chômage et l'aide scolaire pour son petit frère a été réduite de moitié, de 600 à 300 euros.

"Nous sommes censés étudier pour travailler et aider dans l'avenir à trouver des solutions à la situation du pays. Si on nous supprime toutes les ressources, on est mal partis", lance encore une lycéenne de 16 ans, Maria Perez.

Manifestants espagnolsDepuis le 1er septembre, le gouvernement a augmenté la TVA générale de 18% à 21%, et certains produits, comme le matériel scolaire, sont passés d'un taux réduit de 4% au taux général.

Une mesure injuste qui pèse surtout sur les plus modestes, souligne Ana Medina, mère de deux adolescents de 13 et 15 ans, dénonçant le fossé grandissant entre riches et pauvres.

"Beaucoup de familles se sont vu supprimer les bourses, tant pour les livres que pour le déjeuner", ajoute-t-elle.

Selon le ministère de l'Education, 344.260 élèves vont bénéficier de ces aides pour cette année scolaire contre 923.895 l'an passé, soit plus de 500.000 enfants touchés.

Face à ces suppressions, de plus en plus de familles optent pour le "panier repas" de midi, ne pouvant plus s'offrir la cantine, mais certaines régions comme Madrid ou la Catalogne veulent faire payer les familles pour l'utilisation des locaux.

D'autres régions, comme Valence, ont limité le service de transport scolaire aux seuls élèves du primaire.

"Tout ça me paraît honteux", s'enflamme Ana Medina, dénonçant aussi la réduction du nombre d'enseignants dans le public.Un mois après le début des cours, "mes enfants n'ont pas de professeurs dans certaines matières", s'indigne-t-elle.