Nous devons parler avec les salafistes en tant que citoyens, et non comme des ennemis, précise Ghannouchi
Si les salafistes tunisiens sont "diabolisés", ils seront au pouvoir" dans "dix ou quinze ans", estime le chef du parti au pouvoir Ennahda, Rached Ghannouchi, dans un entretien au Monde publié jeudi.
"Il faut éviter le discours de l'ennemi de l'intérieur", insiste M. Ghannouchi. "Si nous voulons diaboliser les salafistes, dans dix ou quinze ans, ce sont eux qui seront au pouvoir", ajoute le leader d’Ennahda.
"C'est pour cela que nous leur parlons en tant que citoyens, et non comme des ennemis", précise M. Ghannouchi.
Interrogé par le Monde sur la vidéo montrant Ghannouchi avec des salafistes, il explique qu'"il n'y avait rien (dans la vidéo) contre les droits de l'homme, rien sur un prétendu appel à un coup d'Etat ou sur la régression en ce qui concerne l'égalité des sexes".
"L'opposition a voulu en faire un objet de scandale afin d'influencer l'opinion publique tunisienne et plus encore l'opinion publique occidentale, et détruire l'idée qu'il y aurait une distinction entre l'islam modéré et l'islam radical", accuse-t-il.
Dans la vidéo, M. Ghannouchi demandait aux salafistes de faire preuve de "sagesse" pour asseoir leur pouvoir face aux partisans de Ben Ali qui contrôlent encore médias et institutions et "qui peuvent rebondir après leur échec" aux élections d'octobre 2011.