Ankara, Ryad et Doha sont à la pointe du soutien à la rébellion.
Dans la vieille ville d'Alep, une file de combattants attend: plusieurs mois après avoir rejoint les rangs de la rébellion pour combattre les troupes du régime syrien, les insurgés touchent leur premier salaire, financé en partie au moins par l'étranger.
Chacun son tour, les rebelles donnent leur nom à l'officier déserteur Abdel Salam Houmaidi, pour qu'il vérifie s'il figure sur les listes fournies par les commandants rebelles de la métropole en proie aux combats depuis trois mois.
Une fois son contrôle effectué, le colonel Houmaidi, en charge des Finances du Conseil militaire révolutionnaire local, verse à chacun sa paye en dollars.
Une fois son salaire empoché, chaque rebelle doit plonger son doigt dans l'encre pour apposer son empreinte en face de son nom.
"Le Conseil militaire révolutionnaire s'est engagé à distribuer des salaires mensuels aux combattants, particulièrement à ceux qui sont au front", explique le colonel Houmaidi à l'AFP.
Pour le moment, le salaire mensuel est de 150 dollars par mois, mais cela pourrait changer à l'avenir, poursuit-il. La rébellion envisage d'accorder des primes supplémentaires à ceux qui sont mariés et ont une famille ainsi qu'à ceux qui s'exposent le plus au front en montant en première ligne, détaille-t-il.
Côté combattants, ce premier salaire est accueilli comme une bouffée d'air frais.
"Nous avons obtenu des salaires de 150 dollars. Nous les utiliserons comme argent de poche et pour nos familles", détaille Mohammed al-Nasser, qui touche sa première paye depuis qu'il a rejoint les combats il y a six mois.
Marié et père d'un enfant, sa famille vit grâce à des aides qu'elle a reçues en Turquie. Depuis, elle est revenue en Syrie.
Le colonel Houmaidi refuse de dire d'où vient l'argent mais d'autres commandants militaires d'Alep (nord) ont affirmé à l'AFP recevoir des fonds de l'étranger et d'hommes d'affaires syriens hostiles au régime.
"Le Conseil militaire distribue les salaires avec l'aide du Qatar", affirme Hadji al-Bab, numéro deux de la brigade al-Tawhid, la plus importante de la métropole commerçante du nord en proie aux combats depuis trois mois.
Ahmed Arour, l'un des chefs de la brigade Saqour al-Cham, parle lui d'une "aide internationale et d'hommes d'affaires dans l'opposition".
Cheikh Mahmoud al-Moujadami, chef de la brigade Halab al-Chahbaa, est plus précis et évoque des financements venus "de Turquie, d'Etats du Golfe et de pays islamiques".
Ankara, Ryad et Doha sont à la pointe du soutien à la rébellion. Hostiles au président Bachar al-Assad, dont il réclame le départ, ces pays apportent une aide logistique aux insurgés.
La Turquie accueille sur son territoire la direction en exil de l'Armée syrienne libre (ASL, rebelles) et l'Arabie saoudite et le Qatar ont appelé à armer la rébellion à plusieurs reprises.
Damas accuse en retour ces Etats de financer les "groupes terroristes armés" auxquels les autorités syriennes assimilent rebelles et opposants.