La ville de New-York s’est transformée en quelques heures en un remake-live des villes holywoodiennes fantômes..
Rues désertes balayées par la pluie, transports en commun et attractions touristiques fermées: New York était paralysée lundi, se préparant dans un calme irréel à affronter la monstrueuse tempête Sandy.
La Bourse de New York devait rester fermée toute la journée, et pourrait l'être mardi, du jamais vu depuis les attentats du 11-Septembre.
Ni trains, ni métros, ni bus dans l'agglomération de 8,2 million d'habitants: le maire Michael Bloomberg a fait tout arrêter, pour éviter les risques et les dégâts, et assurer que la ville pourrait redémarrer à plein régime le plus vite possible après le passage de Sandy, qui devrait arriver en fin de journée lundi.
Des millions d'habitants n'ont pas pu aller travailler, les tribunaux et les écoles étaient fermés, et New York, d'habitude si frénétique, était lundi d'une tranquillité étonnante, livrée aux seuls taxis jaunes et à quelques voitures et vélos intrépides zigzaguant sous la pluie.
Des milliers de touristes ont également dû revoir leurs plans, les principales attractions comme la Statue de la Liberté ou l'Empire State building étant fermés, ainsi que certains hôtels situés dans les zones inondables.
Seuls les petits commerces de promixité étaient ouverts, la plupart des grandes enseignes ayant préféré renoncer après avoir été pris d'assaut durant le week-end.
Générateurs, piles, lampes de poche, pain, eau, comme pour l'ouragan Irène en 2011, les New-Yorkais n'ont rien laissé au hasard, redoutant les pannes d'électricité et les ruptures de stocks alimentaires.
Sacs de sable et contreplaqué
Le maire de New York a demandé aux New-Yorkais de rester chez eux, et ordonné dimanche l'évacuation de 375.000 personnes dans les zones inondables, mais beaucoup semblaient réticents à partir. Seulement 3.000 d'entre eux avaient trouvé refuge lundi matin dans les 76 centres d'accueil ouverts dans des écoles de la ville.
Dans le sud de Manhattan, les eaux avaient déjà monté dans la matinée de près d'un mètre, sans susciter aucun mouvement de panique toutefois.
A l'angle de la 6e avenue déserte et de la 23e rue, David Blythe, qui habite Brooklyn, est venu acheter un café et une banane pour son petit-déjeuner, dans un des rares cafés ouverts. Pour être sûr de pouvoir travailler, il a pris une chambre d'hôtel pour plusieurs jours à Manhattan, à environ 10 km de chez lui.
"J'ai des réunions que je ne pouvais pas manquer", explique-t-il.
Dans l'immeuble résidentiel voisin baptisé "Caroline", sur la 23e rue, tous les employés ont été réquisitionnés pour trois jours, pour assurer la sécurité des résidents. Ils ne rentreront pas chez eux.
Albert Mustaj, est l'un des portiers en gants blancs. Il sourit quand on lui demande s'il a peur. "Je viens du Montenegro", explique-t-il: "J'ai vu pire".
Et Martha Kowalczyk, 27 ans, qui promène son chien dans une rue voisine, est toute aussi tranquille. "Je viens de l'Indiana, j'ai vécu des tornades, on n'aura jamais ça ici", estime cette jeune femme qui travaille dans une école et profite donc d'une journée inattendue de congé. "Et mon immeuble est ancien, il est solide".
Nick, un Grec d'une quarantaine d'années qui refuse de donner son nom de famille, attend lui de pouvoir repartir chez lui dans le Queens, il ne sait pas trop comment. Il est venu travailler, a eu la mauvaise surprise de découvrir que le petit restaurant qui l'emploie était fermé. "J'espère que je pourrai travailler demain, j'ai besoin de travailler", explique-t-il, en lisant un journal sous un porche.
Dans le sud de Manhattan, une zone inondable, certains restaurants ont protégé le bas de leur établissement par des sacs de sable. D'autres ont renforcé leur vitrine avec du contreplaqué.
"Tant que nous avons de l'électricité, je pense que je survivrai", déclare de son côté Doug Barotra, qui dimanche a acheté 50 cannettes de bière et envisage de rester chez lui pour trois jours.