« Hollande, il est temps de choisir ton camp! »
« Que les médias français aient le courage de rencontrer l'homme qu'est Bachar el Assad » lance Roland, septuagénaire militant pro syrien lors d'un rassemblement sur la place du Trocadéro dans la capitale française.
Il est 14h00, drapeaux et panneaux en main, les militants pour une Syrie libre de toute ingérence attendent déjà sur le parvis du Trocadéro pour dénoncer les agissements de la gouvernance française et plus généralement de la communauté internationale sur le territoire syrien.
Il pleut, il fait froid, mais Roland, septuagénaire est là. Et il en a des choses à dire...
Ancien agent de la paix dans les services de renseignements généraux sous le commandement du général de Gaulle, il est en colère.
« Nous avons perdu tout ce pourquoi nous avons combattu tant d'années! » lance t-il tout en interpellant les passants curieux.
Sa femme, me dit-il, était colonelle dans l'armée syrienne à Homs. Aujourd'hui à la retraite, ils se sont installés en France. Roland qui affirme avoir rencontré le président Assad, dépeint comme un sanguinaire dictateur par les médias français « mange avec le peuple » dit il.
Et de poursuivre: « Il faut arrêter la désinformation!!! Ici les journalistes ne sont pas courageux!! Qu'ils se détachent des pressions exercées sur eux!! Je les invite à partir rencontrer celui qu'ils présentent comme le monstre qu'ait jamais connu l'humanité!!! »
Roland qui ne décolère pas, tonne: « Hollande, tu dois choisir ton camp! (en référence au président français François Hollande, ndrl)
Erwin et Bertrand, deux amis qui ont fait connaissance lors de manifestations pro syriennes étaient eux aussi présents.
Tenant une banderole où était écrit: « Tous pour Bachar el Assad ». Leur présence se veut symbolique.
Erwin, 24 ans, « agit sur internet en relayant et en réalisant lui- même des vidéos sur les différents mouvements de résistance anti-étasunien et anti-israélien ... Il préfèrera ne pas détailler.
Ce franco espagnol, « attaché à la cause des peuples depuis l'âge de 14 ans » (en 2003, date à laquelle les Etats unis ont envahi l'Irak, ndrl) dénonce les agissements de la France.
Bertrand, 25 ans, nationaliste français est quand à lui, venu tout spécialement du nord de la France, pour le rassemblement.
Actif depuis 5 ans contre les injustices, il se dit « opposé à toute forme d'ingérence »... Pour lui, "la gouvernance française doit respecter la souveraineté du peuple syrien ».
Les deux jeunes hommes dénoncent également un sionisme à outrance dans les coulisses de la politique de France.
Pendant ce temps, les voix s'élèvent... Regroupés autours d'un long drapeau aux couleurs de la Syrie, les manifestants scandent: « Non à l'ingérence!! François Hollande assassin! »
Ils sont un peu moins d'une centaine mais leur cris de colères attirent touristes et CRS... D'autres manifestations ont lieu sur la place, mais la police juge préférable d'encadrer les pros syriens.
Un peu plus loin, j'aperçois la rédactrice en chef de « La voix de la Syrie », Ginette Skandrani, venue manifester elle aussi pour cette cause qu'est la préservation de la souveraineté syrienne.
Membre fondatrice des Verts en France, elle a été « remercié » il y a huit ans de cela, lorsqu'elle proposa au parti d'inclure dans leur programme le souhait d'une décolonisation de la Palestine.
D'abord sensibilisée par la cause palestinienne, elle fut de ceux qui luttèrent contre l'invasion américaine d'Irak et aujourd'hui l'ingérence de Paris dans les affaires internes de la Syrie.
Fervente anti sioniste, elle fut agressée en Octobre 2006, par le BETAR, mouvance terroriste de jeunesse juive radical, sioniste, dirigé par David Sreir.
Concernant l'assassinat le 19 Octobre dernier, au Liban, du général de l'armée Wissam Al Hassan, elle répond que c'est une mise en scène pour « en faire porter le chapeau » à Bachar al Assad et pour que la brèche s'ouvre en grand en vu d'un conflit généralisé.
Retour à la manifestation, il est maintenant 17h00, c'est l'heure de plier banderoles, drapeaux et pancartes... Mais pour les militants d'autres actions sont prévues, « il est temps de se faire entendre », lancent-ils.
Le bras de fer sera de longue haleine, les militants le savent mais ils sont prêts à relever le défi.
48 heures plus tard, Bernard-Henri Lévy et André Glucksmann, ainsi que l'ancien ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner et Jacques Bérès, un chirurgien de guerre qui s'est rendu plusieurs fois en Syrie depuis le début de la crise appelait la France et les Etats unis à « agir immédiatement quitte à contourner le Conseil de sécurité de l'ONU "paralysée par les vétos russe et chinois ».
On se souvient du rôle déterminant des deux alliés dans le massacre et le saccage de la Libye lors du renversement de régime de Mouammar Khadaffi.
(La manifestation a eu lieu le samedi 20 octobre 2012)
Eline Briant