L’UE qui accorde chaque année des millions d’euros d’aide aux Palestiniens, importe une quinzaine de fois plus de marchandises provenant des colonies israéliennes.
Des ONG affirment dans un rapport publié mardi que les consommateurs européens achètent sans le savoir des biens produits dans les colonies israéliennes, et ont appelé l'Union européenne à interdire ces importations.
Le rapport intitulé "La Paix au rabais: comment l'Union européenne renforce les colonies israéliennes illégales", a été établi par 22 ONG, dont la Fédération Internationale des Ligues des Droits de l'Homme (FIDH), CCFD-Terre Solidaire (France), Christian Aid et l'Eglise de Suède.
Selon ce rapport, alors que l'UE soutient la création d'un Etat palestinien, dénonce fermement la colonisation et accorde chaque année des centaines de millions d'euros d'aide aux Palestiniens, elle importe une quinzaine de fois plus de marchandises provenant des colonies israéliennes que des Territoires palestiniens: 230 millions d'euros par an contre 15 millions.
« Israël » et l'Union européenne ont signé en 2005 un accord permettant de distinguer parmi les articles exportés vers l'UE ceux produits dans les colonies. Mais selon les ONG, la plupart des Etats membres de l'UE, dont la France, n'assurent pas un étiquetage correct, "laissant les consommateurs dans l'ignorance quant à leur origine véritable".
Seuls le Royaume-Uni et le Danemark ont demandé aux distributeurs d'étiqueter "Cisjordanie - produit d'une colonie israélienne" ou "produit palestinien". Parmi les produits des colonies, figurent des dattes, des raisins et des agrumes, mais aussi des cosmétiques Ahava ou des meubles de jardin en plastique Keter.
"Si l'Europe tient à préserver la solution à deux Etats, il lui faut agir sans plus tarder et prendre les choses en main", écrit Hans Van Den Broek, ancien commissaire européen aux Relations extérieures.
La coalition appelle "au minimum" à l'adoption par les gouvernements européens "de directives pour veiller à ce que tous les produits issus des colonies soient étiquetés avec précision pour permettre aux consommateurs de connaître leur origine réelle".
Elle souhaite aussi que les mêmes gouvernements "dissuadent les entreprises de mener des activités commerciales et d'investir dans les colonies". Les ONG leur demandent d'aller plus loin en "interdisant formellement les produits issus des colonies sur le marché de l'UE". Elles soulignent qu'elles ne préconisent pas un boycott commercial d'Israël.
Elles suggèrent aussi d'exclure les colonies des accords commerciaux préférentiels, des accords de coopération et des marchés publics.
Selon la coalition, les colons bénéficient d'un accès facile aux marchés internationaux et ont pu établir des agro-industries modernes, alors que l'économie palestinienne est "fortement entravée par un système à plusieurs niveaux de restrictions imposé par Israël, incluant des barrages routiers, des points de contrôles et un accès limité à la terre, à l'eau et aux engrais".
En juillet, l'Union européenne a renforcé ses liens avec « Israël » dans le cadre de son accord d'association, en dépit des critiques des Palestiniens et de certaines ONG.
Des produits grâce aux démolitions de maisons palestiniennes
Pour Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, "les marchandises provenant des colonies de Cisjordanie sont produites grâce aux démolitions de maisons, aux confiscations de terres et à l'occupation militaire".
"Il est temps pour les gouvernements d'aller au-delà des condamnations rhétoriques des colonies et de s'assurer au minimum que les consommateurs puissent prendre des décisions éclairées au sujet de ces produits en magasins" afin d'être "en accord avec le droit européen et international", ajoute-t-elle.