25-11-2024 02:38 AM Jerusalem Timing

Erdogan fête ses dix ans de pouvoir en célébrant la "révolution" turque

Erdogan fête ses dix ans de pouvoir en célébrant la

Et en occultant les faiblesses de son mandat

  
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a célébré samedi les dix ans de règne de son parti d'inspiration islamiste à la tête de la Turquie, en vantant son bilan démocratique et la "révolution des mentalités" qui a permis d'écarter l'armée de la scène politique.
  
Lors d'un discours prononcé devant les cadres du Parti de la justice et du développement (AKP) réunis à Kizilcahamam, dans la banlieue d'Ankara, M. Erdogan a exalté l'importance à ses yeux historique de sa victoire électorale aux élections législatives du 3 novembre 2002, qualifiée de "nouveau départ".
  
"Le 3 novembre signifie la prise du pouvoir par notre glorieuse nation, qui a dit +non+ à la mauvaise gouvernance", a déclaré M. Erdogan, "le 3 novembre n'est pas seulement l'arrivée au pouvoir d'un nouveau parti (...) mais le début d'une révolution des mentalités".
   "Un accord qui était fondé non pas sur la volonté nationale, mais sur les intérêts de quelques-uns et a fait de la Turquie un pays de crises, a volé en éclat. A sa place, c'est un accord qui respecte la volonté de la nation et a restauré la confiance et la stabilité, qui a pris le pouvoir", a-t-il estimé.
  
Le chef du gouvernement turc, qui présente volontiers son pays comme un modèle de démocratie pour le monde musulman, a insisté sur son combat pour le débarrasser de la tutelle exercée par l'armée, à l'origine de quatre coups d'Etat depuis le début des années 1960.
  
"Ni l'Etat, ni la République n'ont besoin de gardien. La Nation n'a pas besoin de nourrice", a insisté M. Erdogan, "cette glorieuse Nation a la force et la volonté nécessaires pour protéger sa République et son Etat".
   "Il est possible pour une élite de diriger un pays mais dans une République démocratique, vous devez puiser votre force de la Nation", a-t-il poursuivi en qualifiant son gouvernement de "sincèrement républicain et (qui) représente l'ensemble de la Nation".
   
                 

Projets d'avenir  
    
   En dix ans de pouvoir, le gouvernement de l'AKP est parvenu à mettre progressivement au pas l'armée du pays en multipliant les purges et les poursuites judiciaires contre ses officiers généraux. Pour la première fois dans l'histoire du pays, plus de 300 officiers ont été condamnés fin septembre à de lourdes peines de prison pour leur participation présumée à une tentative de coup d'Etat.
  
Depuis dix ans, le gouvernement de l'AKP a mis un terme à l'instabilité provoquée par ces interventions militaires. Il a accompli d'importantes réformes économiques et sociales, illustrées par plusieurs années de forte croissance qui ont permis de tripler le revenu moyen des quelque 75 millions de Turcs.
  
Sur ce thème, M. Erdogan a loué la vitalité de son pays et détaillé ses nombreux projets d'infrastructure. Il n'a toutefois pas évoqué le fort ralentissement de la croissance turque observé en 2012, conséquence de la crise de la zone euro, qui menace son économie.
  
Le chef du gouvernement ne s'est pas non plus attardé sur les nombreuses critiques sur son bilan en matière de respect des droits de l'Homme, notamment celles qui émanent de l'Union européenne (UE). Il s'est contenté de regretter que l'UE maintienne son pays "à sa porte depuis cinquante ans" et a une nouvelle fois évoqué l'idée de "reconsidérer" sa volonté d'y adhérer.
  
Au sujet du conflit kurde, Recep Tayyip Erdogan a une nouvelle fois appelé la population kurde à "prendre ses distances" par rapport aux rebelles séparatistes du parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), en lutte armée contre Ankara depuis 1984.
  
Depuis l'échec en 2011 des négociations ouvertes par son gouvernement avec la direction du PKK, la violence a repris de plus belle dans tout le sud-est de la Turquie, écartant la perspective d'une solution négociée à un conflit qui a déjà fait quelque 45.000 morts.
  
Sur un ton très martial, le chef du gouvernement a qualifié samedi de "chantage" le mouvement de grève de la faim mené depuis septembre par plusieurs centaines de prisonniers politiques kurdes pour obtenir, notamment, un allègement des conditions de détention du chef historique du PKK Abdullah Ocalan, détenu en isolement depuis 1999.
   "Nous ne libèrerons pas le chef terroriste simplement parce que vous le demandez et que vous vous engagez dans une telle action", a-t-il justifié.