"La Palestine pour moi, maintenant, c’est: les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale", a-t-il insisté.
Le président israélien Shimon Peres a qualifié samedi de "courageuses" des déclarations du président palestinien Mahmoud Abbas remettant en cause le droit au retour des réfugiés palestiniens de 1948 !
"Les mots courageux d'Abou Mazen (surnom de M. Abbas, ndlr) prouvent qu'Israël a un vrai partenaire pour la paix", a estimé Pérès dans un communiqué. "Ce sont des mots importants. Nous devons, tous, les traiter avec le plus grand respect", a-t-il ajouté.
Les positions d’Abbas "sont parfaitement en ligne avec celles d'Israël et de la grande majorité de la population, qui soutient la solution de deux Etats pour deux peuples", a estimé Pérès.
Dans une interview diffusée vendredi soir à la télévision israélienne, Abbas a déclaré qu'il n'avait pas l'intention de revivre dans la maison de son enfance à Safed, aujourd'hui en territoire occupé par « Israël » !"Je veux voir Safed. C'est mon droit de voir (Safed), mais pas de vivre là-bas", a-t-il dit en anglais.
Il a réaffirmé sa revendication d'un Etat de Palestine dans les frontières de 1967, c'est-à-dire la Cisjordanie et la bande de Gaza avec Jérusalem-Est comme capitale. Dans l'interview, Abbas a dit accepter l'Etat d'Israël dans les frontières de 1967: "Je suis un réfugié, je vis à Ramallah, je crois que la Cisjordanie et Gaza sont la Palestine et que les autres parties sont Israël".
"La Palestine pour moi, maintenant, c'est: les frontières de 1967 avec Jérusalem-Est comme capitale", a-t-il insisté.
Abbas est né à Safed en 1935, alors en Palestine sous mandat britannique, et il a fui comme des centaines de milliers de Palestiniens après la création d'Israël en 1948.
Abbas a l'intention d'obtenir d'ici la fin novembre le statut d'Etat non membre pour la Palestine à l'ONU, via un vote de l'Assemblée générale.
Par ailleurs, il a répété qu'il "n'y aurait jamais d'intifada armée" tant qu'il serait président. "Nous voulons utiliser la diplomatie", a-t-il promis, en condamnant les tirs de roquettes "pour rien" des groupes armés de Gaza contre « Israël ».
Condamnation des factions palestiniennes
Les propos du président Abbas ont été condamnés par le Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, où ils ont déclenché des manifestations de protestation.
Dans le camp de réfugiés de Jabaliya, le plus grand de la bande de Gaza, 3.000 personnes ont scandé "Dehors, dehors, Abou Mazen" et ont brûlé des portraits du président de l'Autorité palestinienne. Plusieurs milliers de Palestiniens ont aussi manifesté à Gaza et à Khan Younès (sud).
Le Premier ministre du Hamas à Gaza, Ismaël Haniyeh, a affirmé que Abbas n'avait "pas le droit de renoncer aux droits des réfugiés". "Il ne parle pas en leur nom", a-t-il insisté.
Plus de 760.000 Palestiniens, aujourd'hui quelque 4,7 millions avec leurs descendants, ont été poussés à l'exode en mai 1948. Depuis, tous les gouvernements israéliens se sont opposés à leur retour.
Et défense de l’entourage d'Abbas
Le porte-parole du président Abbas s'est efforcé samedi soir de justifier les propos de ce dernier. "Le président Mahmoud Abbas et la direction palestinienne n'accepteront jamais un Etat (palestinien) avec des frontières provisoires", a assuré le porte-parole Nabil Abou Roudeina dans une interview à la télévision palestinienne Ma'an.
"Celui qui accepte un Etat provisoire abandonne le droit au retour, sape les principes nationaux et prépare une catastrophe pour les futures générations palestiniennes", a affirmé Abou Roudeina, réitérant la position de la direction palestinienne.
"Le droit au retour est parmi les questions qui restent à régler lors des négociations avec Israël, avec celles de la frontière et de l'eau", a-t-il souligné.
"Une interview à la télévision n'est pas une table de négociation et le but de l'entretien était de toucher l'opinion israélienne", a plaidé son porte-parole.