Le Conseil national syrien (CNS) entame dimanche à Doha une réunion cruciale de quatre jours pour élargir sa représentativité remise en question par les Etats-Unis.
Un attentat mené par des terroristes près de l'hôtel Dama Rose a fait sept blessés dimanche dans un quartier abritant de nombreux centres de la Sécurité au coeur de Damas, ont rapporté les médias officiels syriens."Un attentat terroriste a eu lieu derrière l'hôtel Dama Rose près d'un parking de l'Union des ouvriers à Damas", a annoncé la télévision d'Etat syrienne.
La charge explosive qui a été utilisée dans l'attentat pèse 50 kg, selon une source de la province citée par l'agence de presse syrienne Sana.
L'agence officielle Sana a évoqué un bilan de sept civils blessés. L'attentat a eu lieu dans un quartier abritant des bâtiments de la Sécurité et le siège de l'état-major, déjà visé le 26 septembre par un attentat.
Deux kamikazes avaient alors lancé des voitures piégées aux abords et à l'intérieur du siège de l'état-major, tout près de la place des Omeyyades. L'attaque avait été suivie de violents combats entre rebelles et militaires dans le QG.
A Harem, dans la province d'Idleb, des groupes terroristes ont commis un massacre contre les citoyens syriens, faisant au moins 30 martyrs. Selon une source sécuritaire syrienne, les auteurs de l'attaque terroriste comptent diffuser les images du massacre pour imputer la responsabilité aux forces du régime.
Réunions cruciales de l'opposition syrienne à Doha
Le Conseil national syrien (CNS) entame dimanche à Doha une réunion cruciale de quatre jours pour élargir sa représentativité remise en question par les Etats-Unis, qui tentent d'imposer la formation d'un gouvernement en exil.
Quelque 286 membres du CNS, jusqu'à présent considéré comme la principale coalition de l'opposition visant à renverser le régime du président Bachar Al-Assad, vont amender les statuts de cette instance pour l'élargir à de nouveaux membres, avant d'élire mercredi une nouvelle direction.
En complément de ce rendez-vous prévu de longue date, la Ligue arabe et le Qatar, pays hôte, ont invité les participants ainsi que d'autres groupes et personnalités de l'opposition syrienne à une autre réunion "consultative" jeudi.
La création d'un gouvernement en exil dirigé par l'opposant Riad Seif, un ancien député ayant passé de nombreuses années en prison, devrait être alors évoquée. "Cette nouvelle initiative semble être promue par des parties internationales, en particulier les Etats unis", a déclaré à l'AFP Burhan Ghalioun, ancien chef du CNS.
La réunion de jeudi intervient alors que le CNS, longtemps considéré comme un "interlocuteur légitime" de la communauté internationale, semble être tombé en disgrâce aux yeux de Washington.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a en effet publiquement désavoué mercredi le CNS, estimant qu'il ne pouvait "plus être considéré comme le dirigeant visible de l'opposition", et a plaidé pour une nouvelle opposition "plus large", incluant des "Syriens de l'intérieur".
Le CNS a violemment réagi en accusant les Etats-Unis de vouloir le remodeler pour l'amener à négocier avec le régime.
Pour Ghalioun, l'un des candidats possibles à la nouvelle direction du CNS qui doit être débattue jeudi, la position de Clinton n'est pas nouvelle car les Américains "nous ont lâchés" depuis le début de la révolte contre Assad il y a près de 20 mois.
Cette polémique intervient alors que toutes les initiatives pour un règlement ont échoué jusqu'à présent en Syrie, où les violences liés à la révolte populaire transformée en conflit armé ont fait, selon une ONG syrienne,
plus de 36.000 morts depuis mars 2011.
Réserves du CNS sur la réunion de jeudi
Selon une source diplomatique occidentale, l'initiative de Riad Seif "est soutenue par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, et il aurait aussi le soutien de pays arabes, dont le Qatar, ainsi que de la Turquie".
Ces derniers jours, Seif a rencontré en Jordanie une vingtaine d'opposants, membres ou non du CNS, pour exposer son projet.
Selon le porte-parole de Riyad Hijab, un ancien Premier ministre syrien ayant fait défection et présent à la rencontre d'Amman, "l'initiative nationale syrienne" préconisée par Seif "prévoit la création d'un nouvel organe politique de l'opposition qui représente toutes ses composantes".
Cette instance devrait regrouper "les 14 membres du bureau exécutif du CNS, trois du Conseil national kurde, des représentants locaux civils et militaires, des figures historiques de l'opposition et des dignitaires religieux (oulémas)", a précisé ce porte-parole.
Cependant, Riad Seif a nié ce dimanche vouloir présider un gouvernement syrien en exil, comme l'ont rapporté des médias, et indiqué qu'il oeuvrait à la constitution d'une nouvelle direction politique pour l'opposition.
"Je ne serai en aucun cas candidat pour diriger un gouvernement syrien en exil", a déclaré aux journalistes Seif peu avant l'ouverture de la réunion à Doha. "J'ai 66 ans et je souffre de nombreux problèmes de santé", a ajouté cet ancien député qui a passé de nombreuses années en prison et qui souffre d'un cancer.
Seif a indiqué qu'il se contenterait "d'aider à constituer une direction politique qui satisferait le peuple syrien et le monde" et souligné que son initiative ne constituait "pas un substitut au CNS, qui doit en être une importante composante".
Selon Ghalioun, le CNS a demandé que ses représentants constituent "40% des participants à la réunion de jeudi, qui regroupera d'autres composantes de l'opposition" dont des représentants des comités locaux de coordination et des rebelles combattant le régime syrien sur le terrain.
"Cette réunion vise à rassembler toute l'opposition syrienne autour d'un agenda unifié et à former une instance représentant toutes les tendances de l'opposition. Ce n'est pas une mauvaise idée, mais nous avons des réserves sur la façon de la présenter", a-t-il ajouté.
L'ancien chef du CNS a aussi estimé "difficile de constituer en un seul jour un gouvernement en exil", tout en ajoutant que "cela pourrait se faire dans les deux mois".
"Je pense que Riad Seif a fait preuve de maladresse en présentant son initiative comme un substitut au CNS et non un complément", a encore dit Ghalioun.