Ils craignent surtout le chaos si le gouvernement libanais démissionne
«Le Liban mérite un gouvernement qui reflèterait ses aspirations». Voilà ce qu’a dit la secrétaire d’Etat adjointe américaine pour le Proche-Orient, Elizabeth Jones, à Beyrouth, sans entrer dans les détails pour expliquer pourquoi et quand il mériterait un tel gouvernement. De la sorte, elle a laissé les dirigeants libanais perplexes au sujet de la vision des Etats-Unis au sujet de la situation politique au Liban.
Selon des informations parvenues au quotidien as-Safir, le message de Jones au 14-Mars est que ce mouvement ne peut pas ouvrir des fronts contre toutes les parties libanaises. Il doit maintenir un contact minimal avec le président Michel Sleiman pour étudier avec lui une sortie de crise et garantir que le 14-Mars restera au sein de l’équation politique interne. Le deuxième message est qu’il est inacceptable de faire tomber ce gouvernement par la force et de précipiter le pays dans le chaos sans trouver de remplaçant au cabinet actuel.
L’administration américaine exprime, ces temps-ci, des messages contradictoires. Mais il n’y a aucun indice laissant croire que Washington va appeler à la démission du gouvernement de Najib Mikati et il n’y a pas de conviction chez les Américains que ce gouvernement a couvert l’assassinat du chef du bureau des renseignements des Forces de sécurité intérieure, le général Wissam al-Hassan. Aussi, les déclarations de Mikati selon lesquelles la démission aura lieu lorsqu’un gouvernement de substitution sera prêt, reflètent la vision américaine.
De même qu’il n’y a pas de véto sur la prochaine formule ministérielle, bien que l’idée d’un «cabinet d’union nationale» soit la plus répandue pour l’instant. Mais une sorte d’attentisme entoure cette proposition, car elle a besoin de l’aval du Hezbollah pour pouvoir se frayer un chemin. Les Américains attendent aussi de voir si le président Sleiman sera capable de la faire passer. Washington observe en outre avec intérêt un rôle de coopération et de facilitateur du président du Parlement, Nabih Berry. Les mêmes sources américaines affirment ne posséder aucune donnée sur les prétendues menaces qui pèsent sur l’ancien Premier ministre Saad Hariri et qui l’empêchent de revenir à Beyrouth.
L’exposé américain présenté au 14-Mars évoquait soit un accord sur un nouveau gouvernement soit le chaos qui risque de plonger le Liban dans une nouvelle guerre. La traduction du message de Jones est: «Vous devez parler au président Sleiman car on ne peut accepter le vide au Liban». Mais dans le même temps, les Américains pensent que le gouvernement actuel ne peut pas superviser les prochaines élections législatives.
Joe Maacaron, correspondant à Washington
As Safir+Médiarama