C’est l’avis de l’historien turc Khalil Enaldjek
L’historien turc centenaire Khalil Enaldjek a brossé une image terne de la situation stratégique de la Turquie, estimant que son pays est en crise.
Dans un entretien avec le quotidien turc Az-Zamane, dont des extraits ont été traduits par le journal libanais As-Safir, cet historien expert de l’histoire ottomane explique : « La Turquie était en position d’équilibre entre la Russie et l’Occident. Mais lorsque cet équilibre tourne à l’avantage de la Russie, la Turquie est en danger. Aujourd’hui, les Etats-Unis ont pris la place de la Grande Bretagne. Mais les choses commencent à s’ébranler ».
Selon lui, « la question essentielle qui préoccupe l’Occident est l’économie. A cet égard, la Chine a décidé de rejoindre la Russie».
Enaldjek pense que la stratégie internationale n’est plus à l’avantage de la Turquie. Rappelant que son pays était depuis deux ans ami avec ses voisins et que sa diplomatie était un grand succès, il remarque toutefois que la Russie qui poursuit une politique de renard aspire à assiéger la Turquie du sud.
Cet historien qui a vécu pendant longtemps aux Etats-Unis et n’est entré au pays qu’en 1992 constate « un grand changement au niveau de la stratégie mondiale depuis deux ans ». « Lorsque la Russie décide de soumette à sa suprématie la chaise turque, l’Europe est achevée. Elle est très forte contre l’Europe », enchaine-t-il. A la question qu’il se pose lui-même sur les raisons pour lesquelles les super puissances sont en conflit en Afghanistan, il répond : « Parce qu’il est le plafond de l’Asie, et de là, on peut maitriser la Chine, le Pakistan, l’Inde et l’Iran. Dans le passé, la Russie et la Chine ont tenté de le maitriser. C’est ce que voudrait l’axe occidental aujourd’hui. Et la Chine et la Russie veulent chasser l’Occident d’Afghanistan ».
Enaldjek s’attend à ce que la Turquie sont perdante dans ce tiraillement, car elle est du côté occidental. « La Russie et la Chine se sont alliés contre l’Occident. Poutine jouit d’une grande hégémonie. C’est la politique de la Russie. Hélas, la Turquie est entourée d’ennemis de partout », indique-t-il.
Dans son évaluation de la politique extérieure de la Turquie aujourd’hui, il considère que son pays traverse « une période de crise » estimant qu’elle a toujours été sujette à l’incitation.