La famille de la victime décédé vendredi réclame des excuses officielles et la démission du ministre de l’intérieur.
La rupture semble scellée en Jordanie entre le gouvernement et l’opposition: le Premier ministre les accuse de recevoir des ordres de l’extérieur, tandis que le principal mouvement d'opposition appelle à sa chute, après la mort de deux manifestants vendredi.
Sur un ton inhabituel, le Premier ministre Maarouf Bakhit a accusé vendredi soir le Front de l’action islamique, de "recevoir des instructions de dirigeants des Frères musulmans d'Egypte et de Syrie", prétendant que leur refus du dialogue signifie leur choix "du chaos" dans le pays.
En réaction, le porte-parole de la confrérie, Jamil Abou Bakr, a estimé "qu'en accusant les Frères musulmans, le gouvernement tente de fuir ses responsabilités" et prouve que "les questions de réformes et de libertés sont de faux appels" de sa part.
Cheikh Hamzeh Mansour, chef du principal parti d'opposition, le Front de l'Action islamique (FAI), a pour sa part accusé le gouvernement de "crimes contre l'humanité" après les violences ayant émaillé une manifestation vendredi à Amman.
La famille de la victime décédé vendredi refuse de l'enterrer
La famille du Jordanien décédé dans les violences vendredi à Amman refuse de l'enterrer avant d'obtenir des excuses officielles, a déclaré samedi son fils.
"Nous refusons de recevoir son corps de la morgue et nous n'allons pas enterrer mon père avant de recevoir des excuses officielles et que le ministre de l'Intérieur démissionne", a déclaré Nasser Saad, 34 ans.
Il a expliqué que son père, Khairy Jamil Saad, 55 ans, et lui se trouvaient sur la place du rassemblement des "jeunes du 24 mars" lorsque "la gendarmerie (les) a attaqués". Il a affirmé que son père "avait reçu plusieurs coups sur le corps qui ont mené à son décès".
Le vice-Premier ministre et ministre de l'Intérieur Saad Hayel Srour a imputé la cause du décès à "une crise cardiaque".
"Comment peut-il dire cela, même avant l'autopsie, c'est une insulte", a estimé le fils de la victime.
Interrogé sur les résultats de l'autopsie, Nasser Saad a indiqué ne pas avoir encore reçu le rapport, affirmant simplement: "on nous a dit que ce n'était pas une crise cardiaque".
Le frère de la victime est intervenu de son côté samedi lors d'une conférence de presse des "jeunes du 24 mars", déclarant: "l'autopsie a nié que sa mort était due à une crise cardiaque".
"Nous voulons que le gouvernement paye le prix du sang de Khairy. Nous appelons le roi à limoger le gouvernement, le chef des services de Renseignements et le chef de la gendarmerie, car ce sont les coups des gendarmes qui ont tué mon frère", a dit Jamal Jamil Saad.