Les sources rebelles parlent d’une attaque contre le palais présidentiel. L’Onu menace de mettre les miliciens sur la liste de la honte.
La recrudescence de la violence en Syrie depuis la semaine passée semble de plus en plus avoir été une tentative d'investir la capitale syrienne, à partir de plusieurs axes. Au bout de trois jours, elle s'avère être un échec.
En revanche, à coups de voitures piégées, de charges explosives et de tirs d’obus contre certains quartiers résidentiels de la capitale et de sa province, elle a fauché impitoyablelemt la vie de dizaines de civils dont de nombreux femmes et enfants.
Les miliciens sur la "Liste de la honte"
Pour la deuxième fois en moins d’une semaine, les Nations Unies ont haussé le ton contre les milices syriennes, les menaçant de les inscrire sur la « Liste de la honte », laquelle punit ceux qui utilisent des enfants dans les conflits ou leur portent atteinte.
« Des informations nous sont parvenues selon lesquelles l’opposition utilise des enfants et commet des violations qui portent atteinte aux enfants , en les utilisant dans les attentats ou en perpétrant des attentats dans des régions où il y a des enfants », a indiqué pour l’agence Reuters , mardi, Mme Leila Zarrouki, la première femme algérienne qui occupe depuis deux mois le poste de la déléguée spéciale du secrétaire général de l’ONU et qui a pour tâche de réaliser des rapport sur la situation des enfants dans les pays en conflits et de les présenter a l’Assemblée générale et au Conseil de sécurité.
Mme Zarrouki a signalé que l’armée régulière avait été stigmatisée dans un premier rapport publié en 2011 mais n’a pas été inscrite sur la liste de la honte.
Enfants et insurrection
En effet la présence des enfants dans l’insurrection syrienne est flagrante.
On les retrouve en force dans les manifestations où généralement, ils forment la majorité de ses participants.
Certains medias ont assuré que les insurgés leurs payaient pour leur présence et la levée des banderoles quelques 500 livres syriennes (= 7-8 dollars).
De plus, on les voit plus souvent parmi les miliciens, portant des armements.
Et ces derniers jours, ils ont constitué le plus gros lot des victimes, sachant que les miliciens ne s’empêchent de déposer leurs voitures piégées devant une école, lorsqu'ils veulent frapper les quartiers des minorités, comme c’est le cas à Arous al-Jabal lundi, Mazzé 89 mardi, et au quartier des fleurs ce mercredi.
Le quartier des fleurs en feu et en sang
Justement, dans la nuit de mardi à mercredi, dans la province est de Damas, une voiture piégée transportant 3 charges a explosé dans le quartier des fleurs, à Qudsiyya,tuant 15 civils, et en blessant des dizaines. Des femmes et des enfants figurent parmi les victimes.
Selon le journal libanais al-Akhbar, cette région se trouve sur le chemin menant de la Ghouta de l’est, occupée par les miliciens et le palais présidentiel à Mazzé. Elle fait l’objet d’attaques successives de la part de ses miliciens depuis qu’elle a été sécurisée par l’armée régulière le mois de juin dernier et les quartiers qui étaient le berceau de l’ASL, ont connu un déplacement massif.
À l’instar de tous les quartiers et régions pris pour cibles par l’ASL ces derniers jours, Qudsiya est habitée par des minorités syriennes, dont des Chrétiens Charkas, qui l’ont abandonnée, ainsi que des Druzes du Golan.
Le quartier des fleurs qui a été victime de l’attaque dans la nuit de mardi est quant à lui habité par des Alaouites.
Toujours dans la nuit de mardi à mercredi, une autre explosion a eu lieu dans le quartier de Barzé, sans faire de tués.
Les camps palestiniens du sud-est au coeur de la bataille
La troisième explosion dans la nuit de mardi à mercredi a eu lieu dans le camp palestinien Yarmouk. Elle est due à des tirs d’obus RPG. Dans le deuxième camp palestinien surnommé Palestine, a proximité du premier, les combats se sont poursuivis toute la nuit entre les membres des comités populaires et les miliciens.
Selon Syrian documents, 10 palestiniens ont été tués ce mercredi par les miliciens.
En riposte, l'armée régulière a pilonné la localité Beit-Saham, proche du camp, tuant 10 syriens, a fortiori de miliciens et blessant 30 autres. Un peu plus au sud, dans le quartier Hajar Aswad l’armée a pilonné des positions de l’ASL, et des accrochages violents s’en sont suivis, faisant des tués au sein des miliciens.
Le foyer du conflit à Damas: le nord-est aussi
En plus du sud-est, dans l'entourage des camps palestiniens, c'est dans la province nord-est de Damas que les attaques des miliciens de l'ASL, se concentrent. Elles se situent dans le prolongement de Douma qui a été récupérée par les milciens.
Trois obus au matin se sont abattus à Kafar Soussé, à proximité d’un centre commercial, « Sham Center » sans faire de victime, selon Arabs-Press.
C'est la milice "Ossoud Allah" (les lions de Dieu) affilié à la brigade "Ahrar Hourane" (libres de Hourane) qui a revendiqué l'attaque, signalant qu'elle a raté le siège du Premier ministre. Mais elle a indiqué avoir frappé les batiments du palais présidentiel et l'aéroport militaire.
Arabs-Press rend aussi compte d'uen attaque de quatre obus contre le quartier Mazzé 86 , tuant trois personnes et en blessant 7 autres. ( la deuxième en moins de 24 heures).
Désinformation ou prévisions déçue : Al-Arabiyya toujours et encore
Cette campagne d’attentats au nord-est est escortée par une campagne médiatique menée comme d’habitude par la chaine saoudienne al-Arabiyya.
Selon cette dernière, les trois attentats perpétrés ce matin ont frappé trois bâtiments officiels de grande importance : le palais présidentiel et l’aéroport militaire à Mazzé ainsi que le siège des renseignements. Généralement friands en images vidéo reprises de la Toile, la chaine s’est contentée de diffuser des images signées par la milice du Bataillon de Deraa qui a revendiqué les attentats, et où on ne voit que de la fumée noire s’élever au ciel, mais qui ne montre pas d’où elle se dégage. L’information qui a été démentie par la chaine de télévision syrienne officielle al-Ikhbariyya.
A noter que l'informmation de la chaine saoudienne rejoint en quelque sorte le contenu du communiqué de la milice Ahrar Hourane qui a revendiqué l'attaque contre Mazzé 86, prétendant avoir visé les bâtiments du palais présidentiel, ainsi que l’aéroport militaire, mais raté celui du Premier ministre, également à Mazzé.
Une attaque vers Damas sur tous les fronts
Et pour explique ce qui se passe, le journal syrien al-Watan, citant une source de sécurité, assure que les forces de sécurité ont repoussé une attaque contre la capitale Damas formée de près de 4000 hommes.
« Les groupes armées ont essayé d’investir un certain nombre de quartiers de la capitale à partir e plusieurs axes, à l’instar de Kafar Soussé, le camp Yarmouk, Tadamone, Jouber, en arrivant à Harasta », signale le quotidien.
Selon ces sources, chaque groupe est formé de 100 à 150 miliciens. Mardi, 120 miliciens ont été abattus par l’armée régulière selon elles.
Et le serial-killer se poursuit
Parallèlement, le serial killers des responsables du secteur public ou des sympathisants du régime se poursuivent à un rythme presque quotidien.
Ce mercredi, la victime est le juge Abad Nadwa. Il a été abattu dans l’explosion d’une charge explosive déposée dans une voiture à proximité de sa maison dans les résidences de Barzé, à Damas.
Lundi c’est un acteur qui a fait les fruits de cette politique méthodique suivie par les miliciens depuis le début de la crise syrienne et qui a couté la vie à des centaines de syriens, dont le fils du mufti, le fils d’un responsable de l’opposition hostile à la militarisation de la révolution, des journalistes, des sportifs, des professeurs universitaires, des médecins et autres..
Alors que cette vague s’est accélérée ces derniers jours, surtout que l’assassinat de l’acteur Ahmad Rafea a soulevé un tollé, l’ASL est montée à la tribune pour s’en démarque. Selon son chef d’état-major, le colonel qui a fait défection Ahmad Héjazi dit que ce n’est pas sa milice qui commet ces liquidations qui selon ses propos « ne fait pas partie de sa stratégie militaire ».
Terrain
Dans la ville d’Alep, les forces gouvernementales ont attaquee un repaire de l’ASL dans le quartier Bustane-bacha, tuant 13 miliciens, selon Syrian Documents. Dans sa province, une attaque similaire a eu lieu contre un rassemblement des miliciens dans la ville de Haritane.
Des accrochages ont eu lieu dans la localité Kafar-Naha, et selon les sources des insurgés, ces derniers ont détruit un char de l’armée.
A Deir Ezzor, 15 miliciens appartenant à la milice Kaakaa et Abou Soufiane ont été tués dans des combats avec l’armée régulière dans les deux villes Mayadine et Hajine, et dans la localité Acharat.
Dans le gouvernorat de Kneitra, proche du Golan, le village Bir-Ajam fait l’objet d’une incursion des miliciens de l’ASL. Selon Syrian Documents, le croissant rouge n’arrive pas à y entrer pour en évacuer les habitants pris en tenaille. Trois d’entre eux ont été tuées dans une attaque contre une maison. La voiture de la force onusienne oeuvrant au Golan a fait l’objet d’une attaque perpétrée par les miliciens de l’ASL.
Version AFP-OSDH
Combats, bombardements et attentat à Damas (ONG)
Damas était mercredi en proie à de violents combats, à des bombardements et à des attentats, au lendemain de plusieurs attaques meurtrières dans des banlieues proches de la capitale, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Une voiture piégée a explosé dans la nuit dans le quartier de Qadame (sud), a indiqué l'OSDH, qui s'appuie sur un large réseau de militants et de médecins, ajoutant que "des premières informations font état d'un mort".
Dans le quartier de Mazzé, qui abrite des ambassades et des centres de la Sécurité et visé il y a deux jours par un attentat meurtrier, des tirs d'obus de mortier ont tué trois civils et blessé 12 personnes, selon l'OSDH.
Le quartier proche de Kafar Soussé, toujours dans le sud de la capitale, était survolé par des hélicoptères, de même source.
A proximité, le quartier de Hajar al-Aswad et le camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk étaient en proie à de violents combats opposant des rebelles à des combattants des comités populaires palestiniens, alliés du régime.
Près d'un demi-million de réfugiés palestiniens vivent en Syrie, et selon l'OSDH, des combattants palestiniens prennent part aux affrontements, certains avec le régime, d'autres avec les rebelles.
Mardi soir, trois bombes avaient fait, selon l'OSDH, 19 morts et plus de 50 blessés, dont de nombreux grièvement touchés, à Qudsaya, une banlieue populaire de l'ouest de Damas.
Plus tôt, une voiture piégée avait fait des blessés à Mouadamiya, près de Damas, et une autre des dégâts dans la banlieue de Sayeda Zeinab, selon l'OSDH.
Aucun de ces attentats n'a été revendiqué dans l'immédiat.
Ailleurs dans le pays mercredi, l'aviation menait des raids au-dessus de la métropole d'Alep (nord) et de sa province, tandis que soldats et insurgés s'affrontaient au sol dans plusieurs quartiers.
Et une bombe a visé un véhicule de la Sécurité dans la ville d'Idleb (nord-ouest), affirme l'OSDH, selon qui les premières informations font état d'un mort parmi les membres des forces de sécurité.
Par ailleurs, dans la région de Raqa, dans l'est du pays, où de violents affrontements avaient lieu entre rebelles et soldats, des inconnus ont fait exploser tard mardi une bombe sur un pipeline proche de la frontière jordanienne.
Mardi, les violences ont fait au moins 150 morts -- 79 civils, 48 soldats et 23 rebelles -- à travers le pays, selon l'OSDH, qui estime à plus de 36.000 morts le nombre de victimes depuis mars 2011.