24-11-2024 12:57 PM Jerusalem Timing

L’Arabie renforce son influence en Afghanistan pour .. s’opposer à l’Iran !

L’Arabie renforce son influence en Afghanistan pour .. s’opposer à l’Iran !

Il semble que les Saoudiens se préparent à la période post-occupation américaine pour rétablir leur influence, surtout que les Iraniens ont réussi à s’infiltrer dans le tissu social afghan.

Selon  un article publié dans le quotidien libanais asSafir, citant une  source médiatique américaine, la rivalité entre l’Arabie-saoudite et l’Iran risque d’atteindre son paroxysme en Afghanistan, après le retrait des forces d’occupation américaine prévu en 2014.

Les signes de cette concurrence sont évidents, notamment  avec l'annonce par le gouvernement afghan le 29 Octobre 2011, de l'intention de Riyad de construire un grand complexe religieux dans la capitale Kaboul : un projet qui serait le plus gros investissement de l’Arabie en Afghanistan.


La percée iranienne en Afghanistan s’est transformée en une réelle influence

Certes, l’influence saoudienne en Afghanistan ne s’est jamais interrompue et ce en dépit de son affaiblissement au cours des dix dernières années, suite aux événements du 11 Septembre.

Mais, il semble que les Saoudiens se préparent à la période post-occupation américaine pour rétablir leur influence, surtout  que les Iraniens ont réussi à s’infiltrer dans le tissu social afghan.

Ainsi, les Saoudiens espèrent concurrencer avec le complexe universitaire « Université du Sceau du  Prophète », construit à l'ouest de Kaboul, et qui a ouvert ses portes en 2006. Un projet qui a été réalisé par un érudit religieux afghan, connu pour ses liens avec l’Iran et qui a coûté 17 millions de dollars. Le complexe  comprend une mosquée,  des salles de cours, et un foyer pour mille étudiants afghans.

Alors que le bâtiment que l’Arabie compte construire devrait coûter entre 45 à 100 millions d'euros. Son exécution est censée commencer l'an prochain et couvre  une superficie de 24 hectares. Le projet saoudien comprend  une mosquée qui peut accueillir 15 000 fidèles, un hôpital, une université et une salle de sport.

Un diplomate européen,  travaillant pour l''Organisation des Nations Unies, a estimé que l’activité récente de l’Arabie s’inscrit dans le cadre d’une opposition à la forte influence iranienne en Afghanistan, avant le retrait des forces occidentales.
Toutefois, il affirme  qu'il s'agit d’une initiative aux résultats incertains en raison du retard de l’action saoudienne.
L'Iran, en revanche, a durant cette dernière décennie, accentué sa présence forte et visible en Afghanistan.

L’influence iranienne s'est appuyée sur des liens culturels et linguistiques avec les Afghans lui permettant d’investir des  millions de dollars pour la construction d'infrastructures, notamment les routes, les réseaux d'électricité et les chemins de fer.

Mais encore, l’empreinte iranienne culturelle s’est fait ressentir à travers les opinions politiques et culturelles, diffusée grâce à la présence accrue de médias iraniens et aussi grâce au financement des écoles religieuses.


 

Remise en question de l’influence saoudienne: les Talibans n’ont plus confiance en l’Arabie

Il semble, donc,  que l'arène afghane témoignera d’une future concurrence féroce entre l'Arabie saoudite et la République islamique d'Iran. Il est prévu que cette  lutte d'influence resurgisse en surface  durant la phase de vide politique, qui devrait être suivie par le départ des troupes étrangères, provoquant une tension sectaire entre les Afghans.

Or, cette flambée future des tensions sectaires en Afghanistan suscite les inquiétudes de la Chine pour la stabilité en Asie centrale, qui craint que les Etats de cette région ne subissent  l'extrémisme religieux, d'autant plus qu'il existe des précédents de l'Arabie saoudite en Afghanistan.

En effet, Riad était le bailleur de fonds du jihad afghan contre l'Union soviétique dans les années 80 et a soutenu financièrement et militairement le mouvement des Talibans dans les années 90.

Sans oublier que l’Arabie a joué le rôle de médiateur durant ces dernières années dans les pourparlers de paix entre le gouvernement et le mouvement taliban. Ses efforts saoudiens s'étaient concentrés à convaincre les dirigeants talibans  d’entamer des négociations de paix et encourager le Pakistan à couper ses liens avec le mouvement des Talibans.

Ce rôle s’est renforcé en raison des liens étroits existants entre  Riyad et les centres de décision au Pakistan, qui a longtemps soutenu le mouvement taliban. Riyad a également été aussi l’une des trois capitales au monde à reconnaître le  régime des talibans en Afghanistan qui a régné au cours de la période 1996-2001.

Selon le  journaliste britannique d’origine égyptienne, Adel Darwish, auteur et historien, correspondant étranger à Daily Star et Independant, «  Riyad a encore une influence considérable sur les talibans, en dépit du fait qu’il a coupé officiellement ses liens avec  eux, après  2001 et du  refus du mouvement de délivrer le chef d’al-Qaïda, le saoudien Oussama ben Laden ».

Selon le conseiller aux affaires  étrangères, du Conseil suprême afghan pour la paix,  Mohammed Ismail Kasimir «  les Saoudiens ont montré une réelle volonté à servir de médiateur dans les pourparlers de réconciliation, et nous accueillons les promesses de l’Arabie Saoudite et nous espérons qu’elles porteraient ses  fruits ».

Cela dit,  d'autres experts estiment que les efforts déployés par les Saoudiens ces dernières années, dans les coulisses des négociations entre les talibans et le gouvernement afghan, n'ont pas pu enregistrer une percée.

L'un de ces experts est un analyste politique et l’ex porte-parole officiel des Talibans, Wahid Mizdah, qui a souligné que les membres du mouvement se sentent trahis par Riyad, quand cette dernière a arrêté leur représentant Mawla Chappir Ahmad en 2001, avec quatre de ses fils à. Les autorités saoudiennes les avaient emprisonne pendant dix ans et ils n’ont été liberé  qu’en 2011.

Pour Wahidi Mizdah, « les talibans estiment que  l'Arabie saoudite les a traité comme des ennemis. Ils l’accusent d’avoir pris le parti de l’Occident, qu’elle n’était pas neutre. Ils ne reconnaissent pas l’Arabie saoudite comme étant un médiateur de la paix ».

 

Traduit du journal as-Safir