« La question n’est de savoir qui a tué Wissam al-Hassan, mais qui l’a vendu ».
L’ombre de l’assassinat du général Wissam al-Hassan pèse sur les mécanismes d’action au sein du 14-Mars, plus précisément au Courant du futur.
Chez le chef des Forces libanaises, Samir Geagea, les craintes s’amplifient. Il a pris la décision de renforcer les mesures de sécurité des responsables connus et moins connus de ce parti. Il sait que c’est le général al-Hassan qui faisait le vrai travail de collecte d’informations.
Chez les Kataëb, l’état d’alerte est de vigueur. Il existe un sentiment profond qu’un danger permanent plane sur la famille Gemayel, plus particulièrement chez le député Sami Gemayel. Mêmes craintes chez les personnalités du 14-Mars.
Sur le conseil de Geagea, elles ont renforcé les mesures de sécurité les entourant, notamment les personnes considérées comme des clés électorales et dont l’éventuelle disparition affaiblirait le 14-Mars. Il s’agit notamment de Boutros Harb, du vice-président du Parlement Farid Makari et de Farès Souaïd.
Marwan Hamadé s’est laissé convaincre qu’il est une cible permanente et que sa liquidation affaiblirait le courant druze qui fait équilibre aux retournements continus de Walid Joumblatt.
Mais le plus grand chantier se déroule au sein du Courant du futur. L’appareil sécuritaire est en alerte sur plus d’un front. Des responsables sécuritaires comme Achraf Rifi et Imad Othman, le remplaçant d’al-Hassan à la tête des SR des Forces de sécurité intérieure (FSI), s’entourent de précautions supplémentaires.
Des mesures renforcées sont prises autour de personnalités de deuxième rang, comme les députés Khaled Daher, Mouïn Merhebi, Samir Jisr et Moustapha Allouche, à Tripoli, Nouhad Machnouk à Beyrouth, Bahia Hariri et son fils Ahmad, à Saïda.
Mais la plus grande inquiétude est ressentie pour Fouad Siniora et Saad Hariri. Le premier a un rôle central dans la coordination et les batailles politiques qui sont livrées au Liban. Concernant le second, sa disparition serait un coup fatal pour le 14-Mars.
Quelque part à l’extérieur du Liban, des efforts sont déployés pour étudier les répercussions de la disparition d’al-Hassan sur l’action des FSI, et leurs réseaux d’informateurs dans les institutions de l’Etat et certains partis politiques. Ces réseaux pourraient être sérieusement affaiblis car al-Hassan leur assurait un parapluie sécuritaire et leur fournissait un soutien financier et moral.
Cette inquiétude est surtout motivée, dans l’entourage de Saad Hariri, par le rôle qu’il joue en Syrie. Son implication dans la crise syrienne a crevé tous les plafonds.
Et les hallucinations du député Okab Sakr dans sa dernière interview télévisée n’est qu’un indice que ces gens-là sont conscients que des acteurs régionaux sécuritaires importants préparent déjà la prochaine étape. Une étape qui nécessite de nettoyer toutes les saletés dissimulées sous les tapis. Et pour s’en convaincre, il suffit de se souvenir de la petite phrase du leader national Sleiman Frangié: «La question n’est de savoir qui a tué Wissam al-Hassan, mais qui l’a vendu.»
Ibrahim al-Amine
rédacteur en chef du journal libanais Al Akhbar
Médiarama