« Les soldats comptaient implanter et faire exploser ces deux bombes dans la région pour exacerber les tensions internes au Liban et donner l’impression qu’une partie libanaise en est responsable ».
Quinze ans après la « catastrophe d’Ansariyeh » - selon l’appellation israélienne- qui avait fait 12 morts parmi les soldats du commando de la marine sioniste Shayetet-13, la première chaine de télévision israélienne a révélé dans un rapport des informations sur l’implication d’Israël dans les explosions survenues au Liban dans les années 1990.
Selon ce rapport, les soldats du commando qui ont été pris au piège par la résistance islamique dans le village d’Ansariyeh au Sud Liban en 1997, portaient deux engins explosifs du même type que les bombes utilisées au Liban.
« Les soldats comptaient implanter et faire exploser ces deux bombes dans la région pour exacerber les tensions internes au Liban et donner l’impression qu’une partie libanaise en est responsable », révèle-t-on dans ce reportage télévisé.
D’après les informations publiées par la première chaine israélienne, il y a une forte ressemblance entre les éclats qui ont visé les soldats israéliens à Ansariyeh et les éclats des bombes qu’ils avaient apportées avec eux.
Un officier de l’unité de démantèlement des explosifs dans l’armée israélienne a reconnu avoir découvert « dans les corps des soldats tués des éclats de bombes ressemblant à celles utilisées par l’ennemi (Hezbollah : ndlr) ou des bombes fabriquées par l’armée israélienne utilisées pour des fins militaires ».
Dans ce reportage, on indique que « le recours à des bombes primitives est dû à la nature et à l’objectif de l’opération d’Ansariyeh. L’unité technique de l’armée a préparé ces bombes de façon à laisser croire qu’il s’agit d’une attaque sécuritaire qui s’inscrit dans le cadre du conflit libanais interne », ajoute le reportage israélien.
De son côté, l’ancien chef du Mossad Dani Yatom a dit dans une intervention télévisée après la diffusion du reportage : « J’ai une forte impression que nous n’avons pas encore réussi à dévoiler la vérité de la catastrophe d’Ansariyeh », soulignant que quatre commissions d’enquête se sont longtemps attardées sur la chronologie des événements ayant provoqué la catastrophe ».
En aout 2010, le secrétaire général du Hezbollah Sayed Hassan Nasrallah a révélé avoir intercepté les ondes des drones israéliens et avoir tendu une embuscade aux soldats du Shayetet-13.
Selon le père de l’un des soldats tués dans le débarquement israélien, Moshé Rodovski, « les résultats des enquêtes ont confirmé que la source des explosions qui ont tué les soldats du Shayetet provient du Hezbollah mais aussi des deux bombes transportées par les soldats israéliens ».
« Selon les aveux de l’officier du démantèlement des bombes, la nature de ces deux bombes était primitive, ce qui constituait un danger pour la vie des soldats », a-t-il encore rapporté.
« Personne ne parle de l’affaire des bombes, je ne sais pas s’ils cachent par là l’implication d’un haut responsable israélien. On impute la responsabilité de cette catastrophe à la primitivité des bombes et à l’objectif de l’opération », a avancé Rodovski, déplorant que les hélicoptères israéliens qui sont venus à la rescousse des soldats ne transportaient pas de brancards.
« Ils ont trainé les soldats comme s’ils trainaient des sacs de pommes de terre. Ils les ont mis ensuite dans des sacs en nylon. Qui est le responsable de ce mauvais traitement ? », s’est-il interrogé.
Dans ce même reportage, les familles des soldats tués ont accusé les autorités israéliennes d’avoir refusé de leur révéler des informations liées aux bombes malgré une décision de la cour suprême permettant à ces familles de lire les rapports et les documents en relation à l’opération d’Ansariyeh.
Mais selon l’avocat des familles des soldats, aucun document n’a été remis à ces dernières, bien que la décision de la Cour date du mois d’aout dernier.