Il reproche au parti du Futur de Saad Hariri sa politique d’entêtement.
Le chef du Parti socialiste progressiste (PSP), Walid Joumblatt hésite entre deux mots: les Libanais doivent autant que possible œuvrer pour «retarder » ou «empêcher» la discorde. Il ajoute en murmurant: peut-être que tôt ou tard la fitna aura lieu. Les positions des protagonistes ne lui inspirent pas confiance. Il estime que certains veulent absolument atteindre leurs objectifs politiques sans se soucier des répercussions sur la scène nationale. Il déplore que Saad Hariri ait transformé son différend politique avec Najib Mikati en problème personnel. Il considère que les propos crispés de certains leaders du Courant du futur, lors des funérailles de Wissam al-Hassan, n’étaient pas un «discours responsable».
Selon lui, en raison de la conjoncture régionale et du conflit entre l’Arabie saoudite et l’Iran, il n’est plus utile d’attendre une aide étrangère. La solution à la crise doit venir des Libanais eux-mêmes. Dans ce cadre, M. Joumblatt ne comprend pas l’entêtement du Courant du futur à refuser de participer au dialogue national, surtout que les protagonistes n’ont d’autres choix que de se retrouver autour d’une même table, et se mettre d’accord pour mettre le Liban à l’écart des conflits qui se déroulent autour de lui. Il ajoute: « ceux qui veulent faire tomber le gouvernement et en former un autre doivent accepter le dialogue sans conditions ».
Le chef du PSP estime que Hariri s’est trompé lorsqu’il a misé sur une chute rapide du régime syrien pour prendre le pouvoir au Liban. De même que le Hezbollah s’est trompé lorsqu’il a cru que la crise en Syrie serait de courte durée. Maintenant que la crise se prolonge, les deux partis devraient modifier leurs plans et œuvrer de concert pour mettre le Liban à l’abri de la crise syrienne, d’autant que des élections l’attendent.
L’enthousiasme de Joumblatt vis-à-vis de la révolution syrienne n’est plus le même (…). Il observe l’infiltration des salafistes et des takfiristes dans les entrailles de la révolution, et exprime clairement son inquiétude de les voir s’infiltrer dans le tissu libanais. Il ne cache pas ses reproches à l’égard de la direction du Courant du futur, lui faisant assumer la responsabilité de la vague salafiste. Il l’appelle à revoir ses calculs, à renforcer la présence des modérés sunnites et à éviter de soutenir les phénomènes qui contribuent à exacerber les conflits sectaires.
Il refuse le projet de loi électorale des 50 circonscriptions qui équivaut, selon lui, à offrir la présidence de la République à Samir Geagea.
M. Joumblatt se moque de ce qui est dit au sein du 14-Mars sur le fait que la chute de Bachar al-Assad sera suivie par la remise des armes du Hezbollah. C’est une légèreté de l’esprit que de traiter la question la plus délicate de cette façon. Surtout que la fonction de ces armes n’est pas seulement libanaise. Le Courant du futur doit comprendre que la remise des armes du Hezbollah ne nécessite pas moins d’un nouveau Taëf au Liban, dit-il.
Elie Ferzli, journaliste libanais indépendant
As Safir