Une journaliste libanaise enlevée, 4 voitures piégées,situation confus à Hassaké...
Les crimes commis par les miliciens de l’ASL leur font de jour en jour de perdre leur crédibilité devant les Syriens qui les soutiennent. Le constat revient au journal américain The New York Times, selon lequel « le public syrien est de plus en plus dégouté par le comportement de certains rebelles, y compris leurs mission mal planifiées, leurs destructions insensées, leur comportement criminel et l’assassinat des prisonniers de sang-froid ».
«Ils étaient censés être les personnes sur lesquelles nous dépendions pour construire une société civile", a déploré un militant civil dans Saraqib, une ville du nord où les rebelles ont été filmées en train d’exécuter un groupe de soldats syriens sans armes, un acte que l'Organisation des Nations Unies a déclaré comme etant probablement un crime de guerre, selon le journal américain.
Le quotidien rapporte aussi le témoignage d’un militant à Alep, Ahmed, qui assure avoir supplié les rebelles pour qu’ils ne campent pas dans un bureau de télécommunications du quartier, ce qu’ils ont refusé, alors les attaques du gouvernement ont assommé le service téléphonique. Ahmad indique aussi pour le journal qu’un milicien furieux a tiré en l’air lorsque les clients d’une boulangerie ne l’ont pas laissé s’immiscer au sein d’une longue file et qu’un autre a tiré sur un homme qui l’a éclaboussé alors qu’il l’avait sa voiture.
Selon le journal, le changement le plus significatif est que les partisans des rebelles sont de plus en plus en train de les critiquer. « les actes mesquins d’humiliation et les atrocités commises ont conduit de nombreux syriens à croire de plus en plus que certains rebelles sont plus dépravés que le gouvernement qu’ils combattent », écrit le journal, rapportant le témoignage de l’activiste de Saraqeb qui dit avoir vu de ses propres yeux les rebelles détruire puis voler une usine de produits laitiers, quand bien même les habitants en ont besoin et entretiennent de bonnes relations avec son propriétaire.
Le quotidien remarque aussi que les partisans plus ardents de l'insurrection commencent à craindre que les souffrances de la Syrie - les vies perdues, la destruction du tissu social, le patrimoine détruit - ne valent rien.
Le journal indique « qu’une suite de calamités ont alimenté le dégoût et la frustration de tous les côtés, comme le montrent des dizaines d'entretiens avec des Syriens.
Enlèvement à Alep: une journaliste libanaise
Justement à Alep, les miliciens ont enlevé la correspondante de la chaine de télévision al-Mayadine Ghadi Fransis dans la nuit de vendredi à samedi.
Selon le site Syria Truth, citant des sources sur place, ce sont les milices Tawhid qui l’ont kidnappée sur incitation d’un journaliste syrien qui l’a accusée d’être une espionne à la solde du régime.
Durant son talk-show hebdomadaire dans la nuit de vendredi à samedi avec le chef de la Commission syrienne des droits de l’homme, Haytahm Mannaa, le directeur général de la chaine Ghassane ben Jeddo avait lancé un appel aux miliciens leur demandant de ne pas s’en prendre aux journalistes, sans évoquer le nom de la victime. Le sort de la journaliste libanaise qui vient d’être recrutée dans la télévision al-Mayadine n’est pas encore connu. Certains medias assurent qu’elle a été libérée.
Quant au journaliste syrien, Hakam AlBaba qui travaille pour la chaine saoudienne al-Arabiyya, il avait mené campagne contre Francis sur son compte Facebook, la taxant d’être une espionne à la solde du régime et d’écrire ce qui lui rend service. Il a demandé aux miliciens « de ne pas traiter avec elle, et de lui demander de quitter les territoires syriens ».
AlBaba qui est connu pour les fabrications et les manipulations diffusées sur la chaine saoudienne a fustigé également la correspondante de la LBC, Nada Andraous Aziz l’accusant ainsi que son cameraman d’avoir donné les data de l’endroit où les pèlerins libanais étaient séquestrés à Azzaz, ce qu’elle a catégoriquement démenti.
A noter qu’AlBaba imputait toujours aux forces gouvernementales les attentats perpétrées aux voitures piégées à proximité des bâtiments officiels, sous prétexte que « le régime fait bombarder ses propres sièges sécuritaires pour faire croire qu’il existe des bandes armées ». Il a arrêté de le faire lorsque la milice Jabha-Nusrat (le front Nosrat), proche d’Al-Qaïda s’est mise à les revendiquer, et a été intégrée dans les rangs de l’ASL.
4 voitures piégées
Sur le terrain, les Syrien avaient rendez-vous ce samedi avec quatre voitures piégées.
Trois voitures piégées ont explosé à Deraa au sud-ouest de la Syrie. Selon l’agence Sana, deux d’entre elles ont tués 7 civils alors que la troisième qui explosé a proximité du bâtiment affilié au ministère des finances a causé des dégâts sans faire de victime.
Selon l’OSDH font état de 20 militaires réguliers ont été tués dans deux d’entre elles.
Quant à la quatrième voiture, elle a explosé dans le quartier Daf-Chok, et blessé 9 personnes selon Sana. Alors que 2 cadavres ont été retrouvés tués et avec des traces de torture dans le quartier Qadam qui se trouve à proximité de la région Sayyed Zaynab qui fait l’objet d’attaques de la part des miliciens. De plus, un obus artisanal d’origine inconnue s’est abattu dans un appartement dans la place Georges Khoury, au cours duquel deux femmes ont été blessés et leur maison endommagée.
Situation confuse à Hassaké
La situation dans la localité Ras el-Ain demeure confuse. Après avoir été occupée pendant plusieurs heures, dans la matinée de jeudi par les miliciens « Ghouraba Sham » de l’Armée syrienne libre, puis sécurisée dans sa majeure partie dans l’après-midi par les forces gouvernementales, à l’exception d’une enclave frontalière, il semble que cette localité kurde de 70 mille habitants, située au nord-est de la Syrie, dans le gouvernorat de Hassaké ait été de nouveau assaillie par les miliciens qui viennent par centaines de la Turquie.
Selon l’AFP, citant l’OSDH, les rebelles se sont emparés vendredi de cette localité qui compte un poste-frontière piétonnier ouvert occasionnellement, après des combats féroces avec les forces gouvernementales. Il y est question selon la version de l’OSDH d’une vingtaine de militaires de l’armée régulière qui ont été tués et de plusieurs enlevés. Par la suite, l'OSDH a indiqué que des combattants kurdes ont pris le contrôle
de trois villes du nord-est de la Syrie ces dernières 24 heures, après le
départ des forces gouvernementales. Or l'organisation n'a mentionné que deux villes, Derbassiyé et de Tal Tamer et omis de signaler la troisième. Se contentant de signaler que Ras el-Ain est entre les mains des miliciens. Elle dit que "des combattants du Comité de protection du peuple kurde "ont pris le contrôle de Derbassiyé et de Tal Tamer, après avoir encerclé pendant de longues
heures les deux QG de la police et des sièges des renseignements des militaires et de la sécurité de l'Etat dans la province de Hassaka' Dans la dépêche de l'AFP, il est dit que habitants ont participé aux pourparlers avec les forces gouvernementales, qui ont finalement accepté de se retirer pour éviter des combats.
La version de l’agence Reuters est quelque peu nuancée. Sa correspondante indique que les miliciens ont investi la localité, tout en laissant entendre que c’est ce qu’elle voit à partir des régions turques limitrophes. Concernant les régions internes, l’agence rapporte les allégations d’un chef milicien à Rakka, Khaled Walid, selon lequel les régions occupées par les miliciens sont dans une profondeur de 80 km et englobent une route reliant le gouvernorat de Hassaké à Alep.
Le site Syrian Document rapporte deux versions : celle d’Al-Jazeera selon laquelle les miliciens contrôlent la région Asfar-Najjar, dans la province de Hassaké , ainsi que celle de militants qui disent que des accrochages ont lieu et que cette région n’a pas encore été prise par les miliciens.
Pour leur part, les comités locaux de coordination assurent que les forces gouvernementales ont envoyé leurs chars pour nettoyer la localité. Alors que e Conseil national kurde, instance représentant les différents partis kurdes syriens et dont les comités populaires sont chargés de protéger ces régions, a lancé un appel à l’ASL lui demandant de se retirer ses milices. Ce qui permet de prévoir que la bataille n’est pas encore terminée.
Crise de confiance entre miliciens et Kurdes
Selon un reportage du magazine Times, les liens entre les Kurdes (qui sont pourtant hostiles au pouvoir) et les insurgés se dégradent de plus en plus. Citant une source du Parti démocrate kurde (PDK), les insurgés syriens sont taxés « d’islamistes voyous qui travaillent pour le compte de la Turquie et voudraient contrôler la Syrie après la chute d’el-Assad ». Alors que les miliciens qualifient les kurdes « de griffes du régime syrien ».
Pour sa part le journal AsSafir rapporte que le chef du parti démocratique kurde (PDK), Mohammad Ismail, a trouvé bon de constater que « la plupart des combattants qui ont investi Ras el-Ain sont de djihadistes », ce qui selon lui pourrait avoir pour répercussion de susciter des troubles dans cette région habitée par plusieurs communautés ethniques et religieuses syriennes et qui de surcroit est riche en pétrole. Selon Ismail, les miliciens pensent pouvoir réaliser plusieurs acquis à proximité de la frontière avec la Turquie parce que le président syrien Bachar el-Assad va réfléchir 100 fois avant d’envoyer ses avions pour bombarder des régions proches de la frontière avec la Turquie.
A Idleb : les forces gouvernementales continuent de bombarder les positions de l’ASL dans les parages de la localité Maarat-Noemane qu’elles tentent de reprendre des miliciens. Selon Syrian Documents, plusieurs miliciens y ont été tués.
A Homs : l’armée régulière poursuit son avancée. Trois positions de l’ASL ont été contrôlées à Jouret-Chiah après et des miliciens ont été abattus.
A Deir Ezzor, des accrochages violents ont eu lieu dans le quartier Jbaylé, au cours duquel 8 miliciens ont péri selon Syrian Documents. Par ailleurs, l'armée syrienne a détruit un navire transportant des insurgés sur le fleuve de l'Euphrate, dans la partie nord-est du pays, a rapporté samedi l'agence officielle Sana.
"Une unité des forces armées a démoli un navire sur l'Euphrate à bord duquel se trouvaient des terroristes avec des armes et des munitions", a indiqué l'agence sans autres précisions, notamment sur la date de l'incident ou le sort des personnes à bord.
C'est la première fois que les médias officiels évoquent un incident sur l'Euphrate qui prend sa source dans les montagnes du sud-est de la Turquie, traverse la Syrie, et l'Irak avant de rejoindre le Tigre pour former le Chatt al-Arab.
En Syrie, l'Euphrate passe par les villes de Deir Ezzor, Raqqa et Bou Kamal, bombardées par les forces gouvernementales et où se déroulent des combats.
Du coté de Lattaquié, les forces gouvernementales ont repoussé une attaque aux armes légères et moyennes, perpétrée par les miliciens contre leur position dans la région de Salama. Selon Arabs-Press, 10 miliciens y ont péri au moins, et un grand nombre d’entre eux ont été blessés.