Des responsables sécuritaires ont appelé à son arrestation.
De Tripoli au nord Liban à Saïda, sa capitale du Sud, on tombe de Charybde en Scylla. Alors que des partis extrémistes armés, financés des quatre coins du monde, s’efforcent pour entrainer le pays dans un conflit confessionnel, le controversé cheikh Ahmad elAssir, devenu un véritable brandon de discorde, a pris hier dimanche le relais. A Saïda, dont il n’est pas originaire, elAssir a décidé d’arracher les bannières du Hezbollah, et des banderoles commémorant le martyre du petit-fils du prophète de l’islam, l’imam Hussein et de sa famille.
Les renseignements de l’armée libanaise ont contacté les dirigeants du Hezbollah et du mouvement Amal pour calmer la situation. Les deux partis ont alors acquiescé la demande de l’armée et ont arraché les banderoles en question.
Mais, ayant une idée derrière la tête, le prêcheur de la mosquée Bilal ben Rabah a insisté pour qu’on arrache également une effigie du commandant martyr de la résistance, Imad Moughniyeh, brandie à Taamir Ein elHelwé, un quartier principalement chiite ! Selon des témoins, un convoi de partisans d’Ahmad elAssir est allé arracher et déchirer une effigie du secrétaire général Sayed Hassan Nasrallah accrochée depuis des années.
Ces actes provocateurs ont déclenché des échauffourées entre des habitants du quartier et les partisans d’elAssir. Le responsable local du Hezbollah cheikh Zeid Daher a été blessé à l’épaule et à la poitrine lors des échanges de tirs, alors qu’il tentait de calmer la situation. Par ailleurs, deux partisans d’Ahmad elAssir ont trouvé la mort et deux autres ont été blessés. Un ouvrier égyptien, âgé de 18 ans, a également été tué à son passage dans la région.
S’exprimant devant ses partisans à la mosquée, cheikh Ahmad elAssir a dit : « Les bannières du parti d’Iran ne seront jamais brandies à Saïda tant que je suis en vie ». Et d’ajouter comme à chaque fois : « Nous ne visons pas la communauté chiite mais notre objectif est de renverser le parti des assassinats », lançant la bataille de « la dignité libanaise contre l’arme de la discorde » !
Réagissant aux provocations répétées du cheikh elAssir, le secrétaire général du parti populaire nassérien Oussama Saad, l’imam de la mosquée alQods dans la ville de Saïda cheikh Maher Hammoud ainsi le comité des oulémas musulmans ont accusé les partisans d’elAssir d’avoir agressé les habitants du quartier Taamir qui ont pris à leur charge de se défendre. Ils ont imputé au parti du Futur et à elAssir la responsabilité de l’effusion du sang dans la ville, appelant les autorités officielles à prendre des mesures urgentes et strictes.
Des sources sécuritaires ont considéré que le choix d’elAssir du quartier Taamir n’était pas arbitraire et qu’il cherchait à déclencher un conflit chiite-sunnite ou chiite-palestinien. Mais les dirigeants des différentes factions palestiniennes dans le camp de réfugiés à Aïn elHelwé ont fait savoir que les Palestiniens ne feront en aucun cas partie du conflit dans la ville et qu’ils ne tolèreront aucune apparition armée.
Quant à l’armée libanaise, elle a déclaré Saïda zone militaire et déployé ses soldats dans tous les coins de la ville. Le commandement de l’armée a donné ordre d’ouvrir le feu sur toute personne armée qui refuse de se conformer aux soldats.
Selon Assafir, certains participants à la réunion sécuritaire ont proposé au ministre de l’intérieur Marwan Charbel d’arrêter cheikh elAssir pour ses comportements hors-la-loi. Mais Charbel a exprimé ses craintes quant aux répercussions d’une telle mesure. Il a par ailleurs précisé qu’une enquête a été ouverte pour arrêter ceux qui ont ouvert le feu, appelant tous les partis politiques à épargner à la ville la division.
Hier dimanche aussi, le fils du cheikh elAssir , Omar, a été arrêté par les forces de sécurité parce qu’il conduisait une voiture à vitres teintées sans permis sur la route côtière à Saïda. Aussitôt, son père est venu sur les lieux, escorté par un convoi de cinq voitures transportant 13 hommes armés. Pointant son revolver sur un officier, elAssir a pu « libérer » son fils par la force ! Les autorités officielles parviendront-elles à rattraper le coup avant qu’il ne soit trop tard ?