La ligue arabe et les pays du Golfe reconnaissent la coalition de l’opposition syrienne. Washington, Paris et Londres promettent un soutien à cette nouvelle entité.
Des forces de l’opposition syrienne, dont notamment le « Comité de Coordination Nationale » ont critiqué la création d’une nouvelle coalition de l’opposition à Doha.
"Cette entité est une nouvelle version du CNS, dont plusieurs membres avaient récemment démissionné".
Pour le porte-parole du Comité, Monzer Khaddam, « il fallait que cette nouvelle coalition rassemble toutes les forces d’opposition syrienne, et se démarquer des agendas externes ».
Il a notamment cité la Turquie, les Etats-Unis et le Qatar. Il a rappelé dans ce sens « l’interdiction des dirigeants qataris aux opposants de quitter Doha avant la conclusion de l’accord qui est né prématuré, d’où les grandes probabilités de son échec ».
« Les jours et les mois prochains sont susceptibles d’évaluer la validité de cette nouvelle coalition, dont l’échec sera destructif », ajoute-t-il.
Khaddam, qui vit dans la ville côtière de Lattaquié, reproche à cette coalition d’avoir écarté des principales composantes de l’opposition telles : le comité de coordination, le Courant d’ « AlGhad » (Demain), les forces kurdes et des partis de gauche.
Pour sa part, le chef du courant AlGhad (opposition), Louai Hussein, estime que l’accord de Doha est une tentative de former un pôle politique en face de celui du régime, ce qui embrase la guerre civile opposant les deux parties.
L’internationalisation de la crise syrienne et la guerre civile sont les principaux problèmes dont souffre le pays, ajoute Hussein au quotidien AsSafir, depuis son bureau à Damas. Et de poursuivre : la nouvelle coalition n’est apte d’aborder ces deux points.
Selon lui, cette coalition est semblable aux gouvernements imposés à l’époque du colonialisme. Les membres étaient désignés par des forces extérieures.
Reconnaissance de la Ligue arabe et des pays du Golfe
L'opposition syrienne, parvenue à s'unir sous la pression des Etats-Unis, a été reconnue lundi comme "le représentant légitime du peuple syrien" par les pays du Golfe.
Cette nouvelle entité, annoncée dans la nuit de dimanche à lundi après quatre jours de réunion à Doha et d'intenses pressions internationales, a été qualifiée de "légitime" par la Ligue arabe, et saluée par les Occidentaux.
Premiers pays à reconnaître la nouvelle "Coalition nationale syrienne des forces de l'opposition et de la révolution", les six monarchies du Conseil de coopération du Golfe (CCG, Arabie saoudite, Qatar, Koweït, Emirats arabes unis, Bahreïn et Oman) ont exprimé "l'espoir que cette (entité) soit un pas en avant vers un rapide transfert du pouvoir".
Le Premier ministre qatari cheikh Hamad ben Jassem al Thani a affirmé pour sa part après la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères au Caire que la Ligue arabe reconnaissait la nouvelle coalition en tant que "représentante légitime de l'opposition syrienne".
Signe des divisions arabes, l'Irak et l'Algérie ont exprimé des réserves et la Ligue n'est pas allée jusqu'à lui reconnaître le statut de représentant du peuple syrien, comme l'ont fait les pays du Golfe.
Le Liban a refusé de reconnaitre cette entité invoquant la politique de distanciation face au conflit syrien.
Washington, Paris et Londres lui ont promis leur soutien. Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius a annoncé à l'AFP qu'il allait rencontrer mardi au Caire les responsables de la coalition, laissant entendre que la France pourrait reconnaître cette entité à l'issue de cette réunion.
M. Fabius a par ailleurs écarté une intervention militaire internationale comme c'était le cas en Libye en 2011, estimant que les conditions n'étaient "pas les mêmes", invoquant l'importance des forces du régime syrien et le soutien de "pays importants" au régime syrien.
De son côté, Moscou, grand allié de Damas, a appelé la coalition à privilégier le dialogue avec M. Assad, une option déjà rejetée par les opposants qui posent comme condition sine qua non le départ du chef d'Etat.
Le secrétaire général du Hezbollah, Sayed Hassan Nasrallah, a accusé la nouvelle instance d'avoir été créée de toutes pièces par les Etats-Unis et regretté qu'elle ait préféré la "destruction" au "dialogue".