Le courant du Futur appelle à expulser le Mouvement d’unification islamique de Tripoli.. par les armes!
A peine quelques heures après la publication du communiqué du Rassemblement national islamique (pro-14 Mars) réuni à Tripoli, au nord du Liban ; voilà que la maison du secrétaire général du Mouvement d’unification islamique Cheikh Bilal Chaaban est la cible de coups de feu tirés de la part d’inconnus.
Un scénario qui nous rappelle curieusement les accrochages de Tarik Jdidé, à Beyrouth, en Mai 2012, entre les sunnites du 14 Mars et les sunnites du 8 Mars, provoquant l’expulsion forcée du chef du Courant arabe Chaker al-Barjaoui (pro-8 mars).
A l’époque, le bureau du Courant arabe a été la cible d’une attaque organisée par des miliciens du courant du Futur, armés jusqu’aux dents et qui ont mis à feu le quartier général du Courant arabe !
Cette politique d’épuration politique dont se distingue les sunnites du 14 Mars, en particulier le courant du Futur, a semble-t-il aujourd’hui choisi sa seconde victime : le Mouvement d’unification islamique à Tripoli.
D’ailleurs, le texte du communiqué du Rassemblement ne fait aucun doute à ce sujet : il comprend une invitation explicite à l’expulsion du Mouvement d’unification islamique de Tripoli.
Selon les observateurs, cette agression contre la résidence du SG du Mouvement d’unité islamique prouve qu’il y a une volonté d’exploiter la tension qui règne sur la scène sunnite pour provoquer une zizanie sunnite-sunnite.
Une tension qui avait atteint son paroxysme, au lendemain de l’assassinat du département de renseignement libanais des forces de sécurité, le général Wissam al-Hassan, avec l’agression perpétrée contre le siège du Secrétariat général du Mouvement d’unité islamique, provoquant l'assassinat du cheikh Abdul Razzaq al-Asmar. Sa famille, en coordination avec le courant a porté plainte contre six personnes, dont le secrétaire du Rassemblement national islamique Aamid Hammoud et un fonctionnaire de la Jamaa islmayat.
Les observateurs se sont arrêtés sur la position du Rassemblement, réuni à titre exceptionnel dans la demeure du député du courant du Futur, Khaled Daher, hier et qui appelle le Mouvement d’unification islamique à déménager !
Cette position rappelle « les épurations qui avaient lieu pendant la guerre civile dans le but de créer des cantons d’une couleur politique et sectaire » estiment les observateurs.
Selon le quotidien libanais asSafir, se basant sur ses propres informations, « la position du Rassemblement s’inscrit dans le cadre de renforcer la pression sur le Mouvement d’unification islamique pour l’obliger à retirer sa plainte dans l’affaire du meurtre de Cheikh al-Asmar, surtout que tous les efforts qui ont été déployés au cours des deux dernières semaines n'ont pas abouti à un compromis.
Toujours selon asSafir, il apparaît que «le Rassemblement a recours à deux stratégies pour forcer le Mouvement de l’unification islamique à retirer sa plainte : entamer des négociations conduites par un certain nombre de cheikhs proches des deux parties, et parallèlement augmenter la pression sur l’Unification, le dénaturer politiquement et montrer qu’il est un étranger à Tripoli et qu’il n’est pas désirable ».
Selon des sources proches du Mouvement de l’Unité « le rassemblement mène une politique d’éradication et de nettoyage politique».
Et de poursuivre : «malgré le meurtre épouvantable de cheikh Abdul Razzaq al-Asmar, malgré les coups de feu tirés contre la maison du cheikh Bilal Chaaban, sans oublier l’incitation à la haine et la provocation dirigée contre notre public, nous refusons d’être entraînés dans une guerre, nous sommes opposés à la sédition parce que nous croyons que le sang des musulmans est sacré. Or, si nous cherchons la sédition notre réponse aurait été immédiate depuis la première attaque en 2005, mais à l’époque nous avons recouru à la justice, et nous allons y recourir à nouveau en portant plainte, parce que nous ne voulons pas que la loi de la jungle prévaut à Tripoli».
Des sources du Mouvement de l’unification islamique ont critiqué le communiqué du Rassemblement, concernant la présence de blocs sécuritaires à Tripoli.
Elles estiment que les « blocs sécuritaires à Tripoli sont connus, c’est là où se tiennent des réunions secrètes, où des miliciens se rencontrent pour mener des attaques sur les autres».
Selon asSafir, la détérioration des relations entre le Rassemblement et le Mouvement de l’unification islamique a poussé certaines parties politiques d’intervenir auprès des deux rivaux pour contenir la crise et l’empêcher de dégénérer.
De même, un membre du Rassemblement, le député Mohammed Kabbara a tenu une série de contacts en vue de trouver des facteurs communs qui mèneront à la baisse de la tension.
Cela dit, une délégation du Mouvement de l’unité islamique, présidée par cheikh Bilal Chaaban s’est rendu Lundi chez le commandant des forces de l’armée libanaise à Yarzé pour lui faire part des derniers développements à Tripoli.
Chaaban a salué les efforts de l'armée libanaise à contrôler la sécurité, à promouvoir la stabilité et à rassurer les citoyens dans le nord et dans l'ensemble du Liban.