Selon des images satellites utilisées par HRW, plusieurs districts rohingyas ont subi des destructions majeures
Les forces de sécurité locales birmanes ont tué des villageois musulmans et en ont attaqué d'autres qui tentaient de fuir les violences communautaires le mois dernier dans l'ouest du pays, a affirmé Human Rights Watch (HRW) dimanche.
Des forces de l'ordre de l'Etat Rakhine ont tué des membres de la minorité ethnique des Kamans dans la commune de Kyauk Pyu pendant que des soldats "regardaient", selon l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York.
Des garde-frontières ont de leur côté "sévèrement frappé" des dizaines de membres de la minorité musulmane apatride des Rohingyas, qui tentaient de rejoindre en bateau la capitale de l'Etat Rakhine, Sittwe.
Deux vagues de violences opposant bouddhistes de l'ethnie rakhine et musulmans, en juin et en octobre, ont fait au moins 180 morts. Plus de 110.000 personnes ont été déplacées, en grande majorité des Rohingyas, considérés par l'ONU comme une des minorités les plus persécutées de la planète.
HRW explique cependant que dans certaines circonstances, les forces de sécurité ont protégé les musulmans en tirant en l'air pour décourager les attaques des bouddhistes, et leur ont fourni eau et nourriture.
Selon des images satellites utilisées par HRW, plusieurs districts rohingyas ont subi des destructions majeures.
"Les images satellites et des témoignages révèlent que des foules, parfois avec un soutien officiel, ont tenté de terminer le travail consistant à faire partir les Rohingyas de ces zones", a commenté le directeur pour l'Asie de HRW, Brad Adams.
L'organisation a toutefois noté des descriptions de violences "horribles" dans les deux camps, notamment des décapitations et des meurtres de femmes et d'enfants.
Après les violences de juin, HRW avait déjà accusé les forces de sécurité d'avoir ouvert le feu sur des Rohingyas, d'avoir commis des viols et d'avoir laissé faire des émeutiers.
Les quelque 800.000 Rohingyas confinés dans l'Etat Rakhine, privés de nationalité par l'ancienne junte, sont considérés par la plupart des Birmans comme des immigrants illégaux venus du Bangladesh voisin. Cet ostracisme alimente un racisme quasi-unanime à leur encontre.