" la Turquie qui tente de se montrer comme étant le fondateur du jeu régional, n’est pas un acteur majeur dans la région"!
Dans son dernier article, le chroniqueur des affaires turques au quotidien libanais asSafir, Mohmmad Noureddine souligne, que « le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan n'était pas heureux de l’agression israélienne contre la bande de Gaza, et ce pour plusieurs raisons ».
Tout d'abord, parce que le leader turc n'a pas la capacité d’influencer directement sur l’entité sioniste. C’est pourquoi il a appelé les Etats-Unis et l'Occident à se mobiliser pour faire pression sur elle.
Et en second lieu, parce que l'agression a volé la vedette de sa visite au Caire, une visite depuis longtemps organisée et censée être historique» en ce sens qu’elle devrait révéler l'émergence d'un nouvel axe régional formé par la Turquie et l'Egypte, «pierre angulaire» dans les équilibres régionaux selon les propos d’Erdogan !
Or, dans son discours à l'Université du Caire, Erdogan a déçu régionalement, évoquant l’agression israélienne sur Gaza comme un incident banal, se contentant de dire : «Les auteurs des massacres dans la bande de Gaza doivent être tenus pour responsables un jour» !
Une position, pour le moins que l’on puisse qualifier de faible par rapport à celle exprimée durant l'agression israélienne contre Gaza en 2008.
Pis encore..
Les événements de Gaza qui se sont déclenchés, suite à l'assassinat du responsable militaire, le vice-commandant en chef de la branche armée de Hamas, Ahmad Jaabari n'a pas affecté le plan initial du discours d’Erdogan, qui a porté essentiellement sur deux points: la situation syrienne où Erdogan a estimé que le régime syrien est condamné à mort. Et, le deuxième point étant la création d’un «réseau de données» censé refléter la profondeur des relations turco-égyptiennes, en particulier dans sa dimension religieuse.
Ainsi, le Premier ministre turc a déclaré que «le Coran est né à la Mecque, il est récité au Caire par Abdul Basit et il est écrit à Istanbul par des calligraphes turcs, tels que Hamed et le Cheikh Hamdallah».
Et comme à son habitude, Erdogan n’a pas raté l’occasion pour s’exprimer en langue arabe, appelant « les Egyptiens à garder la tête haut ».
A la lumière de ce qui été dit, la position de la Turquie apparaît non-conforme au contexte régional. Cela a été flagrant durant les premières heures de l'agression contre Gaza.
De leur côté, les responsables turcs ont condamné l’agression et l’ont considérée comme un «crime contre l'humanité» . Mais, l’un des responsables du «Parti de la Justice et du Développement, le vice-Premier ministre Bulent Arinc a appelé « la Turquie à discuter avec les Israéliens pour mettre fin à la catastrophe», s’interrogeant, en même temps, si la Turquie est disposée à reprendre ses contacts avec « Israël », refroidis depuis l’agression israélienne de la flottille humanitaire turque "Marmara".
Cela dit, il apparaît que la Turquie, l'Egypte et les pays du «printemps arabe» aient été surpris par l'agression israélienne contre la bande de Gaza, et aussi par le lancement de missiles de longue portée de la résistance palestinienne. Ainsi, pour la première fois, des missiles « made in Iran », ont touché Tel-Aviv et alQods.
La presse turque se pose des questions notamment le journal Hurriyet, qui s’interroge si le Hamas en fait n’est pas en train d’exécuter un agenda iranien.
Le chroniqueur de Hurriyet, Gengis Chandar écrit que les événements de la région ces derniers jours «ont montré que la Turquie qui tente de se montrer comme étant le fondateur du jeu régional, n’est pas un acteur majeur dans la région», ajoutant que «le premier ministre s'illusionne s'il pense qu’à travers ses discours résonnants il peut résoudre les choses ».
Chandar estime que « le fait que les événements de Gaza aient couvert les événements de la Syrie représente une douloureuse vérité, et le fait que la Turquie ne dispose plus les règles du jeu au Moyen-Orient, mais est réduite à réagir en fonction des développements, représente tout autant une autre réalité douloureuse ».
Dans le journal turc Zaman, le réputé chercheur Momtazir Turkmeny, écrit que « l'agression israélienne contre la bande de Gaza ne vise pas seulement Gaza, mais l’instauration de nouveaux équilibres dans la région ».
Il a ajouté que « la question centrale à l'heure actuelle est de savoir si l'Egypte et la Turquie disposent d’une contre-stratégie pour faire face aux défis au Moyen-Orient ».
Traduit du journal AsSafir