84% des Israéliens soutiennent l’opération en cours, et seulement 30% approuveraient une incursion terrestre à Gaza
Israël doit décider à très brève échéance s'il déclenche une offensive terrestre contre les groupes armés de la bande de Gaza, au risque de s'aliéner le soutien américain et européen, ou s'il s'engage dans la voie d'une trêve.
L'armée a annoncé avoir touché plus de 1.350 cibles depuis le début de l'opération "Pilier de défense" à Gaza. Experts et commentateurs israéliens soulignent que l'armée de l'air est en voie d'atteindre la plupart de ses objectifs et que se pose désormais la question de la prochaine étape.
Cette question est d'autant plus pressante pour le gouvernement israélien que malgré le pilonnage de l'enclave palestinienne, les tirs de roquettes ont seulement diminué. Tel Aviv a encore été visée ce week-end.
Depuis plusieurs jours, Israël a mobilisé des dizaines de milliers de réservistes et déployé des transports de troupes blindés, des bulldozers et des chars à la frontière avec la bande de Gaza, dans la perspective d'une éventuelle opération terrestre.
Parallèlement, les efforts pour parvenir à une trêve, s'ils se sont multipliés, n'ont pour le moment pas donné de résultat concret.
Des discussions tous azimuts se poursuivaient lundi au Caire, tandis que l'envoyé spécial du Quartette pour le Proche-Orient, Tony Blair, et le ministre allemand des Affaires étrangères, Guido Westerwelle, étaient attendus en Israël.
"Les plans pour un accord avec le Hamas sont entrés dans une phase de 24 heures cruciale (...). Maintenant il y a une course contre la montre: entre la voie d'une escalade militaire et celle menant à un accord", pronostique lundi Alex Fishman, expert militaire du quotidien israélien Yediot Aharonot.
Autant que le signe d'une incursion terrestre imminente, la mobilisation massive à la frontière de Gaza constitue aussi pour Israël un moyen de pression sur le Hamas, estiment des experts.
Rhétorique dangereuse
A l'hiver 2008-2009, l'opération israélienne "Plomb durci", qui avait commencé par des raids avant une dévastatrice attaque terrestre à Gaza, s'était soldée par la mort de quelque 1.400 Palestiniens, en majorité des civils, sans pour autant mettre définitivement fin aux tirs de roquettes de Gaza.
Le rapport Goldstone, mandaté par l'ONU après l'opération, avait accusé l'armée israélienne d'avoir agi au mépris de la vie des civils et d'avoir fait un usage disproportionné de la force, isolant l'Etat hébreu sur la scène internationale.
Israël bénéficie pour le moment du soutien du président américain Barack Obama, de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton et du ministre britannique des Affaires étrangères William Hague, qui ont publiquement déclaré tenir le Hamas pour responsable de la crise actuelle.
Mais ces appuis pourraient disparaître en cas d'incursion. "Une invasion terrestre de Gaza coûterait à Israël une grande partie du soutien international qu'il a dans cette situation", a prévenu M. Hague dimanche.
Sur le front intérieur aussi, Israël a beaucoup à perdre au lancement d'une opération terrestre, à l'approche des élections législatives du 22 janvier.
Selon un sondage publié lundi dans le quotidien Haaretz, 84% des Israéliens soutiennent l'opération en cours, mais seulement 30% des personnes interrogées approuveraient une incursion terrestre à Gaza.
"Il y a des questions troublantes sur la logique d'une opération terrestre actuellement", remarque lundi Amos Harel, expert militaire du quotidien Haaretz.
"La menace d'agir, dans le but d'obliger le Hamas à un accord dans des conditions favorables pour Israël, est raisonnable et nécessaire", estime-t-il.
"Le danger consiste à se laisser embarquer dans la rhétorique exprimée par quelques politiciens et commentateurs, qui risque de se terminer en sérieux désastre stratégique".