Crainte légitime du scénario des camps palestiniens de se répéter..
Les milliers de réfugiés syriens au Liban vaudraient la création d'un camp pour les accueillir comme en Turquie ou
en Jordanie, mais le gouvernement et l'ONU rejettent cette idée.
Aujourd'hui, environ un tiers d'entre eux sont concentrés dans le nord du Liban où ils sont accueillis dans des familles et leur principal souci est de trouver un toit.
Mais le Liban a une histoire difficile avec les camps en raison de la présence des Palestiniens et de leur rôle dans le déclenchement d'une guerre civile qui allait durer 15 ans pour s'achever en 1990.
Les autorités craignent que si la guerre se poursuit longtemps en Syrie, la construction d'un camp encourage les réfugiés à s'installer de manière définitive.
Ceux qui ont fui la guerre disent que seul un camp ou des installations provisoires peuvent répondre à leurs besoins humanitaires.
Selon l'ONU, 125.000 Syriens se trouvent au Liban, dont 78% de femmes et d'enfants, alors que les militants jugent qu'ils sont bien plus nombreux.
Chaque mois, 20.000 fugitifs arrivent au Liban, selon le coordinateur de l'ONU pour les affaires humanitaires au Liban, Robert Watkins.
L'ONU et les autorités libanaises aident les municipalités qui accueillent les réfugiés.
"L'ONU, en coordination avec le gouvernement libanais, estiment que ce n'est pas recommandé pour le moment", répond-t-il quand les journalistes lui demandent si les camps ne soulageraient pas la détresse des refugiés.
"Cela crée plus de problème que cela n'en résout et leur entretien coûte extrêmement cher", ajoute-t-il.
Des habitants de Tripoli affichent aussi leur hostilité à ce projet. "Si on en ouvre un, les réfugiés syriens réitéreront ce qu'ont fait les Palestiniens. Ils se conduiront comme des empereurs sur notre terre", assure Cherif al-Naïmi, un vendeur de montres dans la capitale du Liban-nord, faisant allusion à leur présence armée dans les années 70 et 80.
Craignant que l'afflux des Syriens soit une répétition du scénario qui s'était joué il y a un demi-siècle avec l'arrivée massive des combattants palestiniens après leur défaite en Jordanie en 1970, le gouvernement, qui a adopté la neutralité dans le conflit chez son voisin, est catégoriquement opposé à l'idée d'ouvrir un camp.