Saleh accusé d’encourager Al-Qaïda à étendre son influence dans le Sud pour faire croire à l’Occident que sans lui, le chaos prévaudra au Yémen.
De violents accrochages ont opposé dimanche l'armée yéménite à des membres présumés d'Al-Qaïda qui ont réussi à prendre le contrôle de Jaar, ville de la province d'Abyane (sud), a indiqué un responsable des services de sécurité.
"Il n'y a plus aucune présence des autorités locales à Jaar où les combattants d'Al-Qaïda se sont emparés de bâtiments publics, dont une radio régionale, et une caserne" située au flanc d'une montagne, à la sortie de la ville, a ajouté ce responsable.
Plus tôt dans la journée, des hommes armés avaient pris le contrôle d'un poste de police et établi cinq points de contrôle à l'entrée de Jaar, avaient indiqué des témoins et une source policière.
"Ce sont des membres d'Al-Qaïda", a indiqué à l'AFP une source au sein des services de sécurité.
Les hommes armés ont appelé "les militaires à déposer les armes pour les laisser partir en paix", dans un tract distribué à Jaar et signé "Vos frères les Moujahidine".
Ces développements sont survenus alors que le président Ali Abdallah Saleh est très contesté dans la rue par des manifestants qui réclament son départ.
Un chef de l'opposition sudiste, Ali Mohamed al-Saâdi, un général à la retraite, a accusé Saleh d\'encourager Al-Qaïda à étendre son influence dans le Sud pour faire croire à l'Occident que sans lui, le chaos prévaudra au Yémen.
"(Il) a donné des directives à certaines unités militaires dans la province d'Abyane pour qu'elles remettent leurs armes à des éléments d'Al-Qaïda qu'il contrôle", écrit M. Saâdi dans un communiqué de presse.
Il entend ainsi avertir la communauté internationale qu'"Al-Qaïda est une alternative à son régime", menacé par un large mouvement de contestation, qui secoue le pays depuis deux mois.
Le régime de Saleh est un allié des Etats-Unis dans la lutte contre Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), née d'une fusion des branches yéménite et saoudienne du réseau d'Oussama ben Laden, actif dans le sud et l'est du Yémen.
Saleh a perdu le soutien d'une partie de l'armée, de puissantes tribus et d'importants dignitaires religieux.De nombreuses informations circulent au Yémen sur la perte totale du contrôle du pouvoir central sur des régions entières comme le Nord, fief de houthistes, ou l'Est où s'active le réseau Al-Qaïda.
Des contacts pour organiser une sortie de Saleh ont échoué, selon des sources politiques. L'une des formules envisagées consistait en un transfert du pouvoir à un conseil présidentiel de cinq membres, dont un général de premier plan qui s'est rallié à la contestation, Ali Mohsen al-Ahmar.
Celui-ci est présenté par des câbles diplomatiques révélés par WikiLeaks comme un proche des wahhabites, et d'avoir fait fortune en s'adonnant à des trafics d'armes.