Medvedev dénonce le soutien de la France à l’opposition. Ankara estime que le déploiement du Patriot à la frontière a une vocation "défensive".
Un attentat à la voiture piégée a été perpétré mardi près d'un barrage des forces de l'ordre syriennes dans une zone au sud de Damas où l'armée continuait de se déployer en masse pour tenter d'en chasser les rebelles
"Une voiture piégée a explosé à l'aube contre un barrage de la police militaire à Jdeidet Artouz, faisant deux morts", a-t-on précisé de sources syriennes.
Tentative d’encercler Alep
Entre-temps, les rebelles, qui tentent d'encercler Alep, avaient coupé lundi les routes venant de la province de Raqa, dans le nord-est de la Syrie, au moment où l'armée essaye d'empêcher par des bombardements massifs leur progression autour de Damas.
Après plusieurs jours de siège, les insurgés sont parvenus à s'emparer du barrage Techrine sur l'Euphrate, entre les provinces d'Alep et de Raqa, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), soutenu par l’Occident.
Par ailleurs, à une quinzaine de kilomètres à l'est de Damas, les rebelles syriens ont pris le contrôle d'une "grande partie" de l'aéroport militaire de Marj el-Soltane, selon l’OSDH.
Mais, ce contrôle ne requiert pas une grande importance, vu le déploiement massif de l’armée syrienne dans les environs de l’aéroport consacré à l’atterrissement des hélicoptères militaires.
Le conflit a atteint son niveau le plus compliqué
Dans ce contexte, le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi, a reconnu que "le conflit a atteint son niveau le plus compliqué, le plus difficile, le plus vaste géographiquement et le plus violent en raison de la qualité des armes utilisées", rapporte l'agence officielle Sana.
L’armée syrienne domine
Or, un haut diplomate occidental, cité par l’agence Reuters a affirmé que le président syrien contrôle toujours la situation sur le terrain.
« L’armée syrienne pourra laisser aux rebelles de s’emparer de cette position ou autres, mais elle est toujours capable de se mobiliser afin de repousser les rebelles en cas de danger », selon ce diplomate.
« Le manque de soutien international et du matériel nécessaire pour continuer à combattre entravent l’action des combattants de l’opposition notamment à Damas », a-t-il ajouté.
Bombardement des fiefs de la rébellion
Sur le terrain, les forces syriennes ont poursuivi la traque des dirigeants de la rébellion.
Selon l’OSDH et l’AFP, un chasseur-bombardier a bombardé à proximité d'une école abritant un centre de commandement rebelle à Atmé, à 2 km de la Turquie, et a également pilonné le quartier général du commandement des Faucons d’al-Cham (Soukour al-Cham), à Atmé, dans la province d’Idleb.
Selon la même source, les avions de chasse syriens ont mené des raids contre un rassemblement de rebelles dans la région de Harem, dans la province d’Idleb. Selon l’OSDH, un rebelle a été tué et plusieurs autres ont été blessés.
130 rebelles tués en trois semaines
De son côté, le Conseil national syrien (CNS), a dénoncé la mort de 130 personnes en trois semaines à Daraya, dans la banlieue sud de Damas.
Selon l'OSDH, il s'agit à 80% de rebelles alors que l'armée tente de chasser les insurgés de leurs bases arrière dans les vergers qui bordent Damas.
Pour sa part, le journal pro-gouvernemental Al-Watan a rapporté que l'armée avait progressé dans Daraya, affirmant avoir infligé de lourdes pertes aux "terroristes d'Al-Qaïda".
Du côté de l'opposition, les officiers de la soi-disant Armée syrienne libre, ont annoncé avoir formé une commission chargée de "poser les fondations saines" d'une future armée nationale.
Sana a également rapporté que les forces syriennes ont tué des terroristes du Front Al-Nosra qui agressaient les habitants de Houjeira, Ziyabiya, Machtal, Yelda, et de la province de Damas.
Medvedev dénonce le soutien de la France
Au niveau politique, e Premier ministre russe Dmitri Medvedev a vivement critiqué le soutien "tout à fait inacceptable au regard du droit international" apporté par la France à la Coalition de l'opposition syrienne, dans une interview à l'AFP et au Figaro.
La décision de Paris de reconnaître la Coalition "seule représentante du peuple syrien" et de demander la levée de l'embargo sur les livraisons d'armes à l'opposition est "très discutable", a estimé M. Medvedev.
"Je rappelle que, selon les principes du droit international approuvés par l'ONU en 1970, aucun Etat ne doit entreprendre d'action visant au renversement par la force du régime en place dans un pays tiers", a-t-il souligné.
Il a réitéré que Moscou est opposé à la division de la Syrie et création d’une nouvelle zone de tension au Moyen Orient.
Selon Medvedev, cette zone de tension serait exploitée par les extrémistes, ce qui n’est pas en faveur ni de la Syrie, ni de la France, ni de la Russie.
Aide française
En dépit des critiques russes, le ministre russe des Affaires Etrangères Laurent Fabius a déclaré que son pays a décidé d'allouer à l'opposition une aide humanitaire d'urgence de 1,2 million d'euros.
Patriot
Réagissant aux mises en garde contre l’explosion de la région, l’armée turque a estimé que les missiles Patriot dont elle souhaite le déploiement près de la frontière syrienne n'avaient qu'une vocation "défensive".
Ces missiles anti-aériens et anti-missiles ne seront pas utilisés "pour des opérations offensives" ou pour créer "une zone d'exclusion aérienne" au dessus de la Syrie, a souligné l'armée turque.
Un nouveau ambassadeur à Londres
Entre-temps, la Coalition de l'opposition syrienne, crée à la demande des Etats-Unis, a nommé le président de la Commission syrienne des droits de l'Homme, Walid Safour, "ambassadeur" à Londres et devient ainsi le second après celui de Paris.
Le 20 novembre, le Royaume-Uni avait reconnu la nouvelle Coalition de l'opposition syrienne, comme "seul représentant légitime du peuple syrien" et l'avait invitée à nommer un représentant à Londres.
L'annonce a été faite à la Chambre des communes par le chef de la diplomatie britannique, William Hague, emboîtant ainsi le pas notamment à la France, la Turquie et les monarchies du Golfe.