L’Iran a proposé de fournir du pétrole pour régler la crise économique jordanienne
L’observateur général des Frères musulmans en Jordanie Hammam Saïd a émis un décret religieux (fatwa) prohibant l’importation du pétrole iranien. « Le pétrole iranien est prohibé, tout comme la visite des chiites, iraniens ou arabes qu’ils soient, au mausolée de Jaafar ben Abi Taleb au sud du pays, sont prohibés par la religion », a-t-il lancé.
D’origine palestinienne, et d’obédience wahhabite et pro-Hamas à la fois, Saïd a coupé court aux polémiques qui divisent l’élite jordanienne suite à l’offre iranienne d’approvisionner Amman en pétrole en échange de produits jordaniens nécessaires au marché de la République Islamique.
Alors que les manifestations populaires contre la hausse du prix du pétrole se multiplient dans le pays, l’ambassadeur iranien à Amman a proposé une offre semblable à l’accord irako-jordanien à l’époque du président déchu Saddam Hussein. Les Jordaniens recevaient alors du pétrole à bas prix en échange de produits locaux, favorisant ainsi le bon fonctionnement de plusieurs secteurs économiques entre 1980 et 2003.
Toutefois, l’offre iranienne a été bien accueillie par des politiciens, écrivains et journalistes jordaniens qui ont appelé à renforcer les liens avec l’Iran.
La Jordanie passe actuellement par des moments délicats, non seulement sur le plan économique, mais aussi géostratégique. En effet, jusqu’à 2010 la Jordanie faisait partie de la coalition des pays arabes « modérés ».
L’Egypte et l’Arabie Saoudite lui fournissait alors tout genre de soutien politique et économique. Mais avec l’arrivée des Frères musulmans au pouvoir en Egypte, ce pays s’est allié avec l’axe qatari-turco-Frères musulmans qui exerce des pressions sur le royaume, menaçant d’arrêter toute coordination bilatérale et l’approvisionnement gazier.
Sachant aussi que le Qatar est en train de paver la voie vers l’imposition d’un gouvernement proche du Hamas et des Frères musulmans en prélude à l’établissement d’une confédération avec la Cisjordanie occupée. Ce projet constitue en effet pour le Qatar une proposition « islamique » pour une patrie alternative pour les Palestiniens.
Quant à l’Arabie Saoudite, déjà instable et incapable de s’adapter aux changements régionaux, elle a presque suspendu tout lien avec la Jordanie, dont l’arrêt de ses aides classiques, dans ce qui semble être une riposte à la position jordanienne neutre face à la crise en Syrie.
source:al-akhbar